vendredi 21 août 2015

Comment choisir sa mutuelle étudiante

Chaque rentrée, c’est la même rengaine. Sur leur feuille d’inscription universitaire, les étudiants doivent choisir leur affiliation à un organisme de sécurité sociale. En général, deux possibilités s’offrent à eux : cocher la case de La Mutuelle des étudiants (LMDE), présente au niveau national, ou celle d’un de ses concurrents régionaux, regroupés pour dix d’entre eux dans le réseau emeVia (MEP dans le sud-est, Smeba en Bretagne ou Smerag dans les départements d’outre-mer par exemple). Sur les campus, c’est la foire d’empoigne. Les représentants de ces mutuelles, jamais à court d’arguments, font tout pour recruter les nouveaux arrivants. Dès lors, comment distinguer les qualités et les désavantages de ces différents organismes ?

Stand de La Mutuelle des étudiants, en septembre 2006.

Des résultats décevants

Dire que les mutuelles étudiantes sont mal aimées est une litote. Dans une enquête menée au premier semestre 2014, l’UFC Que-choisir pointe de « graves dysfonctionnements » dans la gestion de ces organismes de santé. Des conclusions semblables à leur précédente étude de 2012 et au rapport de la Cour des comptes de 2013. Sur les 273 témoignages d’étudiants recueillis, 65 % signalent des difficultés et retards de remboursements de leurs frais de santé, si importants qu’ils ont même convaincu 17,4 % d’entre eux de « renoncer à se soigner ». Une situation à laquelle s’ajoute la confusion, puisque six étudiants sur dix (61,2 %) avouent ne pas comprendre le rôle des mutuelles et la compétition qu’elles se livrent pour une même mission de service public.

La même cotisation pour tous

Tout d’abord, il est important de rappeler que tous les étudiants inscrits dans un établissement du supérieur (1,7 million) doivent être affiliés au régime obligatoire de la sécurité sociale. L’affiliation se fait par l’intermédiaire du dossier d’inscription, et le coût de la cotisation annuelle, fixé par l’Etat, est le même pour toutes les mutuelles, soit 215 euros en 2015. Cependant, certains régimes spéciaux existent. Les étudiants en dessous de 20 ans, boursiers ou dont les parents ont une situation professionnelle particulière (indépendants, diplomates etc.) peuvent être exemptés de cotisation. Les étudiants-salariés qui travaillent plus de soixante heures par mois ou cent vingt heures par trimestre sont aussi concernés. Un principe qui s’applique de la même manière pour les taux de remboursement des soins. Ils restent les mêmes, peu importe la mutuelle à laquelle l’étudiant est affilié.

Les bouquets d’offres complémentaires

C’est donc sur la qualité de service et les offres complémentaires que les mutuelles se distinguent. La LMDE possède cinq gammes de complémentaires santé. Elles vont de Coups durs LMDE, la moins chère, qui à 78 euros par année, couvre les soins urgents ; jusqu’à Optimum forfaits LMDE, la plus chère, à 645 euros par année, qui vous autorise une chambre particulière en hôpital et la prise en charge de vos lunettes et lentilles de contact. A titre d’exemple, en région parisienne, la Smerep propose trois mutuelles « phares » : l’Indispensable à 89 euros par an, la Médiane à 324 euros par an et la Totale à 588 euros par an.

Une qualité de service insatisfaisante

Concernant la qualité de service, la Cour des comptes comme l’UFC Que-choisir estiment les prestations de service médiocres, autant pour la LMDE que pour le réseau emeVia ; même si une légère préférence semble se dégager pour le second. Dans l’étude de l’association de consommateurs, 59 % des plaintes enregistrées concernent la LMDE et 12 % les mutuelles régionales. Les critiques principales que formulent les étudiants sont des retards dans la distribution des cartes vitales, dans le remboursement des frais, des attentes de plusieurs heures en agence et de grandes difficultés pour entrer en contact téléphonique. « La LMDE a un taux de réponse beaucoup plus faible que les autres organismes, explique Mathieu Escot, responsable des études à l’UFC Que-choisir. Sa situation est particulièrement dégradée du fait de ses difficultés financières énormes. »

Du changement dans l’air

Placée sous sauvegarde judiciaire le 9 février, la LMDE accuse depuis plusieurs années de lourds problèmes de gestion. Mais l’horizon de ses 920 000 affiliés devrait s’éclaircir dès la rentrée prochaine. En vertu d’un accord signé avec la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) le 28 mai, celle-ci prendra en charge dès septembre son régime obligatoire de sécurité sociale. Romain Boix, représentant des délégués de la LMDE, assure qu’avec ce changement de taille « la LMDE va gagner en efficacité et se dégager de la plupart de ses difficultés ». Les salariés de la LMDE pourront ainsi « se concentrer sur ses qualités : prévention, accompagnement des étudiants et complémentaires santé, poursuit-il, alors que le back-office sera géré par le personnel de la CNAM ».


Implantation nationale contre régionale

Dernière différence de taille à relever avant de faire son choix : la LMDE est une structure nationale, ce qui signifie que l’on trouve ses agences sur tout le territoire français. Un argument en faveur des étudiants particulièrement mobiles. « C’est une facilité que ne peut pas offrir le réseau emeVia et les autres mutuelles régionales », soutient Romain Boix. Un avis que ne partage pas Annie Coutarel, directrice générale de la Smerep qui assure que « les transferts de dossiers d’une mutuelle régionale à une autre sont très simples. Ils sont faits électroniquement en moins d’une semaine dès l’inscription de l’étudiant dans son nouvel établissement.»

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Le Monde.fr,  06.08.2015

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