Le large éventail des rémunérations permet à la fois d’être compétitif et d’attirer les talents.
COMPÉTITIVITÉ
COMPÉTITIVITÉ
L’Allemagne pratique une politique salariale parmi les plus inégales d’Europe. C’est précisément une des clés de sa compétitivité. « En Allemagne, beaucoup de salariés gagnent très peu. Ce qui permet aux entreprises de contenir leurs coûts. En même temps, les travailleurs très qualifiés sont très bien rémunérés, notamment dans l’industrie, qui se veut haut de gamme. Ce qui permet au pays d’attirer et de conserver les talents », explique au Figaro Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie (organisme dépendant de Matignon), à l’occasion de la publication d’une étude sur les salaires des deux côtés du Rhin.
Rôle égalisateur du smic
Depuis les années 1990, et encore plus depuis les années 2000, ces inégalités se sont creusées par le bas en Allemagne. À l’origine de ce phénomène : l’érosion du pouvoir syndical et les réformes entreprises par le chancelier Schröder, qui ont notamment assoupli la réglementation des « mini-jobs ». Pour autant, l’Allemagne compte à peine plus de « travailleurs pauvres » - dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du niveau de vie médian - que la France. Car outre-Rhin, les mécanismes de solidarité et le système de redistribution viennent compenser plutôt efficacement la faiblesse des salaires. « Avec l’arrivée du smic en Allemagne depuis le 1er janvier 2015, il y aura forcément un effet correctif sur ces inégalités », note Jean Pisani-Ferry.
En France, le schéma est tout autre. Le smic, revalorisé au fil des années, a joué son rôle égalisateur, surtout entre 1995 et 2005. Mais en matière de salaires de milieu de fourchette, les progressions sont médiocres, « ce qui traduit une faible reconnaissance salariale pour les qualifications moyennes », relève France Stratégie. Dans l’Hexagone, décrocher un premier job relève du parcours du combattant (le taux de chômage des jeunes atteint 25 %, contre 7,7 % en Allemagne !) et, une fois en poste, les perspectives d’évolution sont maigres.
« Il y a en France deux jeunesses : l’une surdiplômée, qui s’exporte, et l’autre sous-qualifiée, qui souffre », a déploré jeudi Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne, lors de l’université d’été du Medef, consacrée à la jeunesse. « Il faut briser le tabou du salaire minimum pour les jeunes, a-t-il plaidé, et miser sur l’apprentissage. » Comme en Suisse : « Chez nous, à 15 ans, les deux tiers des jeunes sont en contrat d’apprentissage, de quatre ans en général, avec un diplôme et une carrière à la clé », a répondu, tout sourire, Mauro Dell’Ambrogio, secrétaire d’État suisse à la formation.
La preuve par l’exemple.
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