jeudi 13 novembre 2014

Pékin et Washington concluent un accord «historique» sur le climat

Les deux pays se sont fixé des objectifs quant à leurs émissions de gaz à effet de serre, à un an de la conférence mondiale sur le climat prévue à Paris. 

Dans une rue de Pékin, le 25 novembre 2009. (Photo Frederic J. Brown. AFP) 

L’engagement de Washington et Pékin annoncé mercredi est une étape majeure en vue d’un accord mondial sur le climat fin 2015, mais des inconnues demeurent et il en faudra davantage pour limiter le réchauffement climatique, selon les experts. Barack Obama et Xi Jinping, qui dirigent les pays les plus pollueurs de la planète, ont fixé ensemble à Pékin des engagements, une annonce qualifiée d'«historique» par le président américain. 

La Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre (GES), a annoncé un pic de ses émissions «autour de 2030».Avec l’intention «d’essayer d’y arriver plus tôt» selon la Maison-Blanche. Pékin vise aussi 20% d’énergies renouvelables à horizon 2030. De leur côté, les États-Unis se sont engagés à réduire de 26-28% leurs émissions d’ici 2025 par rapport à 2005. Les déclarations ont été saluées dans le monde, le désaccord entre Pékin et Washington ayant largement contribué en 2009 à l’échec d’un accord international sur le climat à Copenhague. 

Pendant des années, les États-Unis ont refusé de signer tout pacte global dont le protocole de Kyoto, tandis que la Chine arguait de son besoin en énergies fossiles pour se développer, soulignant que les États développés avaient été jusqu’ici les principales sources de pollution. Désormais, cette entente nouvelle nourrit l’espoir que le monde puisse trouver un accord sous l’égide de l’ONU à Paris en décembre 2015. Ce pacte vise à limiter à 2° la hausse des températures, au-delà de laquelle la planète serait soumise à des dérèglements dramatiques, sécheresses, inondations, disparition accélérée d’espèces... 

EFFET D'ENTRAÎNEMENT 

C’est une «importante contribution au nouvel accord sur le climat qui doit être signé l’an prochain à Paris», a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui a appelé «tous les pays, notamment les grandes économies, à suivre la voie de la Chine et des États-Unis». 

Cet «accord extrêmement important vient s’ajouter à celui qu’avait passé l’Europe au mois d’octobre», quand l’Union européenne s’était engagée à réduire d’au moins 40% les émissions de GES d’ici à 2030 (par rapport aux niveaux de 1990), a rappelé le chef de la diplomatie française Laurent Fabius. «Cela permet d’être optimiste sur la conférence de Lima en décembre et la grande conférence de Paris en 2015», a-t-il ajouté. Les observateurs comptent sur un effet d’entraînement sur les autres États, chargés d’annoncer dans les mois qui viennent leurs propres engagements. 

«Cette clarté est très importante politiquement, car elle poussera d’autres pays à faire de même», a estimé Li Shuo, de Greenpeace East Asia, soulignant l’ampleur de l’engagement chinois puisqu’il signifie la mise en route de 800 à 1 000 gigawatts d’énergie propre d’ici 2030. Pour autant, cela ne sera pas suffisant, souligne Li Shuo : «Nous ne pensons pas que ce soit le mieux qu’ils puissent faire (...) Les annonces de ce jour devraient être la base et pas le maximum.» 

QUEL NIVEAU D'ÉMISSIONS POUR LA CHINE EN 2030 ? 

Reste de fait l’inconnue du niveau du pic d’émissions qui sera atteint par la Chine en 2030, des chiffres qui ne sont pas précisés. «On attend la définition des contributions nationales au 1er trimestre 2015», dit Pierre Cannet du WWF, pour qui l’annonce de mercredi «répond d’abord à un enjeu politique». 

«Désormais une dynamique politique est enclenchée, avec plus de la moitié des émissions de CO2 mondiales couvertes par des annonces (UE, Chine, USA). Maintenant le Canada, le Japon... vont devoir rendre des comptes. Ensuite, il y aura du travail pour que ces annonces soient à la hauteur de ce que la science demande», ajoute-t-il. 

Côté américain, se pose aussi la question de la réalisation d’un plan auquel les Républicains, désormais majoritaires au Congrès, ont déjà exprimé leur opposition. «Ce nouvel objectif repousse les limites de ce qui peut être fait dans le droit actuel. Nous pouvons y arriver si le Congrès ne se met pas en travers», souligne Bob Perciasepe, président du Center for Climate and Energy Solutions. 

Dans son étude annuelle publiée mercredi, l’Agence internationale de l’énergie confirme sa prévision d’une hausse à long terme de 3,6 degrés, soulignant qu’à ce stade les politiques sont insuffisantes pour limiter le réchauffement à 2 degrés. 

AFP 12 NOVEMBRE 2014