vendredi 22 août 2014

Vente de fruits et légumes: «le marché règne en maître»

Raymond Girardi, le secrétaire général du Modef, revient sur la situation des maraîchers français. Ce jeudi matin, le syndicat agricole organise une vente de produits au «prix juste» pour sensibiliser les consommateurs.

 

Comme tous les ans (ici en 2011), une vente de fruits et légumes frais directement aux consommateurs est organisée place de la Bastille.


Faute de prix rémunérateurs, le nombre de producteurs de fruits et légumes a été divisé par deux en quinze ans. C’est le constat alarmant du Mouvement de défense des exploitants familiaux, le Modef. Pour alerter l’opinion publique, le syndicat agricole organise son opération annuelle de vente à prix coûtant. Jeudi matin, dès 8 heures, cinquante tonnes de tomates, melons, poires ou pommes de terre débouleront dans la capitale, place de la Bastille, et dans la couronne parisienne. Le but : dénoncer «la concurrence déloyale» dont sont victimes les maraîchers français, selon Raymond Girardi, le secrétaire général du Modef qui accuse la grande distribution.
Vous défendez les paysans qui peinent à vivre de leur travail. La faute aux exportations?

La situation n’est pas nouvelle. Les maraîchers sont régulièrement confrontés à des difficultés en raison de la concurrence des pays comme le Maroc, l’Espagne ou encore ceux d’Europe centrale. Mais cette année, la crise est encore plus dure. Depuis six mois, les sociétés d’importation et les centrales d’achat recourent beaucoup plus à l’importation et n’achètent plus nos marchandises. Les productions de la saison estivale – les pêches, nectarines, salades – en pâtissent. La pression sur les prix est accentuée et les volumes de vente sont en chute libre. En France, les quantités sont globalement stables. Nous avons un peu plus de pêches et de nectarines que l’an passé, mais d’autres productions, comme la pomme de terre, sont à la baisse. En Espagne par contre, la hausse est plus marquée sur les fruits et les Espagnols ont tendance à brader leurs stocks à cause de la crise que subit le pays. Aujourd’hui, la double tarification (l’application à l’export d’un prix de vente plus faible que celui du marché national, pour être compétitif, ndlr) est pointée du doigt, mais c’est une tare que l’on traîne depuis des années, au même titre que les marges utilisées par les distributeurs pour nous racketter.
En quoi les marges de la distribution sont-elles «abusives»?

Les grandes enseignes sont des copies conformes. A l’exception de Super U, dont le comportement d’achat est plus respectueux, les cinq grands groupes leaders ont la même logique: toujours aller au moins cher. Ce sont des financiers! Les tomates importées, par exemple, sont achetées 40 ou 50 centimes le kilo. Ce prix est ensuite imposé aux producteurs français par les centrales d’achat. Or, pour que ces derniers s’en sortent, il faudrait, selon les cours, qu’ils les payent entre 75 centimes et un euro minimum. Les maraîchers français sont donc rémunérés en dessous de leurs coûts de production. Rappelons que la Politique agricole commune ne prévoit rien pour eux, sauf quelques exceptions sur des produits spécifiques: le pruneau, les tomates de conservation, la banane, le tabac. Le marché règne en maître.
Qu’est-ce que le «juste prix»?

C’est le prix maximum qui devrait être pratiqué dans tous les magasins de distribution sur les produits frais et de premier choix. Prenons l’exemple de la tomate vendue en petit volume. Son prix de vente devrait avoisiner le 1,5 euro le kilo. Cela permettrait de dégager une marge normale pour le producteur (90 centimes), payer le conditionnement (12 centimes) et le transport (5 centimes), le reste revenant au distributeur. Or, aujourd’hui, le kilo de tomates coûte entre 2 et 3 euros dans les rayons, au détriment des consommateurs et des producteurs.
Peut-on pour autant se passer de la distribution?

La grande et moyenne distribution représente 80% du marché des fruits et légumes. Le reste passe par les marchés et les petites épiceries. La part des circuits courts est très faible, environ 1%. Bien sûr, nous sommes pour le développement de la vente en direct, mais nous ne rêvons pas, nous savons très bien que cela restera marginal. C’est compliqué de gérer à la fois la production et la distribution. Dans les zones rurales, certains réussirent à le faire, en famille. Mais nous sommes d’abord des paysans, pas des épiciers. Le message a surtout une portée symbolique, c’est une manière de sensibiliser les consommateurs.
Quelles sont vos solutions?

La France produit entre 63 et 65% de ces besoins en fruits et légumes, alors qu’il y a trente ans, le pays était exportateur net. Un exemple: l’Espagne produit 300 000 tonnes de fraises par an et n’en consomme que 100 000. La France en produit seulement 25 000 tonnes, alors qu’elle a aussi besoin de 100 000 tonnes. Notre pays est pourtant béni des dieux pour l’agriculture ! L’enjeu central reste la limitation des importations. Certes, l’Etat n’a pas le droit de faire du protectionnisme et de fermer les frontières, mais d’autres moyens d’action sont possibles. Nous appelons notamment les autorités à agir contre les importations illégales sur le plan sanitaire. Aujourd’hui, chaque pays est maître de sa propre réglementation en termes d’utilisation de produits phytosanitaires. Or, la France est très en avance sur ce volet. Des centaines de produits reconnus nocifs ont été interdits au cours des trente dernières années. C’est une bonne chose pour les Français. Malheureusement, ils continuent à consommer des produits traités avec ces produits considérés comme illicites par la France, à cause des importations. C’est le cas du Lindane, un insecticide interdit depuis vingt ans, que de nombreuses firmes continuent de produire, et qui est donc utilisé un peu partout. C’est non seulement dangereux, mais c’est aussi une concurrence déloyale car ces vieux produits sont très efficaces et ne sont pas chers. Nous demandons qu’un cahier des charges plus précis des produits importés soit demandé par les autorités pour un meilleur contrôle.
Quel enseignement tirez-vous de la crise de l’embargo russe?

Certains ont tendance à en faire l’explication centrale, c’est un peu l’argument qui arrive juste à point. Il est clair que l’embargo russe est un handicap, mais la crise était déjà là. Reste que 750 millions d’euros d’exportation en moins, ce n’est pas rien. L’effet sera direct, puisque des marchés sont perdus, mais aussi indirect, car les autres pays européens confrontés à la même situation, vont nous inonder de leurs produits. La pression sera encore plus forte. En réponse, les 125 millions promis par l’Union européenne restent symboliques par rapport au préjudice. On parle tout de même de 12 milliards d’euros d’exportations françaises agricoles et agroalimentaires en Russie en moins.

Libération, 21/08/2014

dimanche 10 août 2014

Manager autrement, c'est possible !

Le management hiérarchique classique n'est pas la seule manière de faire fonctionner une entreprise. On peut aussi se passer totalement de "petits chefs". Mais attention : un tel fonctionnement est aussi en réalité plus contraignant et plus exigeant pour les salariés concernés.

En Picardie, la fonderie Favi conçoit et produit des pièces en alliages cuivreux. Avec un effectif de 500 salariés, c'est le leader européen des fourchettes de boîtes de vitesses, et sa productivité exceptionnelle lui permet d'exporter même en Chine.

Comme tous les soirs, Christine nettoie les locaux de l'usine. A 20 h 30, le téléphone sonne. Elle décroche. Au bout du fil, un homme lui explique qu'il vient d'atterrir à Roissy, qu'il a rendez-vous avec le directeur général (DG) de Favi le lendemain matin et que personne n'est venu le chercher. Christine lui fixe un lieu de rendez-vous, prend une voiture de service - dont les clefs sont en libre accès pour le personnel - et va le récupérer pour le conduire à son hôtel près de l'usine. Après cette balade de 300 km, elle termine son ménage et rentre chez elle. Le lendemain, c'est par hasard que le DG de Favi apprend comment son hôte - un ingénieur de Fiat - a pu se rendre à l'usine. Christine n'en a parlé à personne et personne ne lui en parle. Jean-François Zobrist, le directeur général de Favi, explique "si vous ne sanctionnez ni ne récompensez les actions des gens, ces actions deviennent normales, banales."

Des histoires du même genre, Isaac Getz, professeur à l'ESCP Europe, en a recueilli des centaines autour du monde (voir "En savoir plus"), dans des entreprises dont les modes de fonctionnement sont différents, mais qui reposent sur des principes identiques : une "égalité intrinsèque" de tous les collaborateurs et le respect de la capacité de chacun à trouver lui-même des solutions aux problèmes rencontrés quotidiennement dans l'entreprise.
Supprimer les petits chefs et les contraintes inutiles

Ces principes de responsabilité et de liberté ne sont cependant crédibles que s'ils sont respectés dans tous les domaines et à chaque minute. Quelques mois après avoir pris son poste chez Favi, Jean-François Zobrist a supprimé toutes les pointeuses. Cette marque de confiance a fait d'ailleurs gagner du temps à l'entreprise, puisqu'auparavant un petit groupe se formait en fin de journée près de la machine dix minutes avant l'heure, prêt à foncer vers la sortie. Le nouveau DG avait passé beaucoup de temps dans les ateliers pendant la période où il était en double avec son prédécesseur. Il en avait déduit que les ouvriers étaient parfaitement capables de régler eux-mêmes leur machine. Il a donc supprimé les postes de régleur. Chacun assurant le contrôle qualité de sa propre production, les techniciens occupés auparavant à cette tâche ont pu être affectés à des emplois plus productifs.

Ce mode de management qui considère les ouvriers de production comme des personnes responsables de leur organisation, de leur travail et de l'atteinte de leurs objectifs, éliminant tout flicage, était préconisé en particulier par Douglas McGregor, un sociologue de l'Ecole des relations humaines, qui dénonçait, au début des années 1960, la vision taylorienne de l'ouvrier paresseux, fuyant les responsabilités, résistant au changement et indifférent à son entreprise. Pour lui, les salariés conformes à cette description (qu'il nomme "Théorie X") réagissent simplement à la façon dont l'organisation les traite. Il propose une "Théorie Y" basée sur l'idée que "la motivation, la faculté de faire preuve d'ingéniosité et de créativité dans la solution des problèmes organisationnels sont largement partagées au sein de la population". Et il en déduit que "le travail essentiel des managers est de créer les meilleures conditions possibles pour que chacun réussisse à atteindre ses propres objectifs". Le match McGregor contre Taylor s'est cependant terminé par la victoire du second (même si ce taylorisme a été rénové dans les années 1980 avec les méthodes japonaises de production)… sauf dans des entreprises comme Favi ou comme Morning Star, en Californie.
"Virez tous les managers !"

La Morning Star Company détient 40 % du marché de première transformation de la tomate aux Etats-Unis. Ses activités vont de la cueillette des légumes à la livraison des jus, ketchups et sauces diverses. La principale particularité de cette entreprise est de fonctionner sans aucun manager. Chaque "associé" a une mission dont il est seul responsable. Il est libre d'acheter des outils ou des machines, et c'est à lui de s'assurer les coopérations qui lui sont nécessaires et de coordonner ses activités avec celles de ses collègues. Chaque année, ils se mettent d'accord entre eux sur leurs relations réciproques et consignent le résultat de ces négociations par écrit (la culture américaine du contrat explique cette pratique, qui serait sans doute considérée comme bureaucratique et inutile chez Favi).

S'il est placé devant un choix délicat, l'associé consulte ses collègues - pour un gros investissement, la discussion peut impliquer 20 ou 30 personnes -, mais il reste pleinement responsable de la décision finale. Si un désaccord survient entre deux "associés", ceux-ci font appel à un collègue en qui ils ont confiance et qui sert de médiateur. Et ce n'est que dans le cas où la médiation échoue qu'ils portent le différend devant le président, seule autorité institutionnelle de l'entreprise.

Chez Morning Star, on applique de façon logique et radicale les idées de Peter Drucker, le plus grand des auteurs du management du XXe siècle : "Les profits de l'entreprise viennent du client, donc de l'extérieur de l'entreprise. A l'intérieur, il n'y a que des coûts. Tout ce qui ne rend pas directement service au client est inutile." Et coûteux, peut-on ajouter. Un cadre revient trois fois plus cher qu'un ouvrier. Dans une société qui compte un manager pour dix salariés, 23 % de la masse salariale vont donc à l'encadrement. Avoir supprimé les managers permet ainsi à Morning Star de donner à tous ses "associés" des salaires supérieurs de 10 % à 15 % à ceux du marché. Chez Favi, les ouvriers, payés eux aussi à un niveau supérieur à celui du marché, touchent chaque année quinze à seize mois de salaire, selon les résultats de l'entreprise.

Les hiérarchies intermédiaires ne constituent pas seulement un surcoût, elles compliquent les processus de décision. Les collaborateurs passent une partie importante de leur temps à réunir, élaborer et présenter les éléments qui permettent aux "chefs" de comprendre avant de décider. Il faut ensuite rendre compte de ce qui a été fait ; encore du temps perdu, puisqu'il n'est pas consacré à la production et aux clients. Sans parler de la frustration des employés qui auraient le plus souvent pu décider, seuls, en quelques minutes.
Des organisations plus réactives

Les enjeux de ces modes de management en termes de réactivité, de coût et de qualité vont donc bien au-delà de la simple amélioration des conditions de travail. Les entreprises traditionnelles reconnaissent d'ailleurs l'avantage de ce type d'organisation horizontale : pour réaliser un projet important, elles constituent souvent des petits groupes ad hoc dont les membres travaillent sur un pied d'égalité. Ingénieur chez DuPont, Bill Gore avait constaté l'efficacité de ce mode de fonctionnement et déploré que chacun reprenne sa place dans la hiérarchie une fois l'opération terminée. Aussi, quand il a créé sa propre entreprise - Gore & Associates, surtout connue pour son produit phare le gore-tex -, il avait refusé d'afficher un organigramme ou de donner des titres : tout le monde est "associé" et chacun doit trouver sa place en utilisant au mieux ses compétences. La première mission d'un nouvel embauché est de gagner la confiance de ses collègues.

Une organisation dans laquelle chacun dispose d'une grande liberté et du pouvoir de prendre des décisions qui engagent le collectif tout entier est-elle accessible à tous ? Le processus de recrutement y est nécessairement plus sélectif qu'ailleurs : embaucher un nouveau collègue, c'est parier qu'il s'adaptera bien au fonctionnement de l'entreprise et participera positivement à son ambiance et à sa réputation. La pression sociale est ensuite très forte sur chaque individu : celui-ci ne travaille pas sous l'oeil distant d'un chef qui ne maîtrise pas forcément les savoir-faire qu'il met en oeuvre, mais sous celui de ses camarades, qui ne laissent rien passer. La "régulation par les pairs" ne supporte pas la médiocrité. Et lorsqu'il n'y a ni titre ni grade, chacun n'est respecté que pour la qualité de son travail, sa fiabilité et sa loyauté envers ses collègues et l'organisation dans son ensemble.
Part des salariés confrontés à des comportements facteurs de stress en 2003 et 2010, en %



Tout le monde ne peut pas s'adapter à ce type de fonctionnement. Chez Morning Star, chaque candidat est reçu en entretien par une dizaine d'associés. Malgré cette sélection sévère, la moitié des nouveaux arrivants restent moins de deux ans dans l'entreprise. La plupart de ceux qui abandonnent ne supportent pas de ne jamais pouvoir commander.

Marc Mousli
Alternatives Economiques n° 323 - avril 2013

En savoir plus

Liberté & Cie. Quand la liberté des salariés fait le succès des entreprises, par Isaac Getz et Brian Carney, Fayard, 2012.
"La fonderie Favi, un leader mondial qui croit en l'homme", par Jean-François Zobrist, patron "naïf et paresseux", compte rendu de la séance du 22 novembre 2012, Ecole de Paris dumanagement (www.ecole.org/fr/seances/SEM642).
"First, Let's Fire all the Managers", par Gary Hamel, Harvard Business Review, décembre 2011, pp. 48 à 60.

30 ans de chômage de masse



Depuis trois décennies, le taux de chômage en France n'est que rarement descendu en dessous de 8 %. Les créations d'emplois ont été insuffisantes pour absorber l'essor de la population active, dopée par l'entrée sur le marché du travail des femmes et des générations du baby-boom. A de rares exceptions près - la mise en place des 35 heures en 2000 -, les politiques des gouvernements qui se sont succédé durant cette période ne semblent avoir eu qu'un impact marginal sur la courbe du chômage.

Le chômage de 1975 à nos jours


Evolution du taux de chômage

Moyennes trimestrielles en %


Des territoires inégaux face au chômage

Taux de chômage localisés au 2e trimestre 2013, corrigés des variations saisonnières





Les créations d'emplois n'ont pas suivi l'augmentation de la population active

Evolution de la population active (par tranche d'âge) et du nombre d'emplois au 31 décembre en France, en millions


La crise a fait bondir le chômage…

Taux de chômage, en %


… et a allongé sa durée

Taux de chômage de longue durée (plus d'un an), en %



La proportion des actifs croît, celle des personnes en emploi stagne

Taux d'activité et taux d'emploi depuis 1975, en %


Alternatives Economiques Hors-série n° 099 - décembre 2013

jeudi 7 août 2014

Sanctions économiques : Poutine riposte et ferme ses frontières

Le chef de l'Etat russe a ordonné l'interdiction ou la limitation pour un an des importations de produits agroalimentaires en provenance des pays qui ont sanctionné la Russie.

Vladimir Poutine lors d'une réunion de son cabinet, le 30 juillet près de Moscou. (Photo Alexei Nikolsky. AFP)

Le président russe Vladimir Poutine a ordonné ce mercredi d'«interdire ou de limiter pour un an» les importations de produits agroalimentaires en provenance des pays ayant mis en place des sanctions économiques contre la Russie, a annoncé le Kremlin dans un communiqué.

«Afin de protéger les intérêts nationaux de la Fédération de Russie (...), j’ordonne d’interdire ou de limiter pour un an les importations sur le territoire russe de certains types de produits agricoles, de matières premières et de produits d’alimentation» en provenance de pays qui ont «décidé de mettre en place des sanctions économiques» contre la Russie, a déclaré Vladimir Poutine, cité dans le communiqué.

L’Union européenne a imposé ce mercredi un gel des avoirs et une interdiction de voyager concernant notamment deux associés de la Banque Rossia et proches du président Vladimir Poutine. L'UE a aussi décidé de l’interdiction de nouveaux investissements dans l’exploitation du pétrole, du gaz et des minerais en Crimée et à Sébastopol ainsi que dans les infrastructures des projets de transports et de télécommunications de la région.

Des sanctions supplémentaires touchant les marchés, les banques, la vente d’armes et le transfert de technologies liées à l’exploitation pétrolière devraient être publiées au Journal officiel de l’UE jeudi ou vendredi et entrer en application à la fin de la semaine.

TOMATES

La Russie est importatrice nette de produits agroalimentaires. Le montant de ses importations en ce domaine représentait 16,9 milliards de dollars en janvier-mai 2014, contre des exportations d’une valeur de 7,1 milliards USD, selon les dernières statistiques officielles. Ces chiffres concernent les échanges de la Russie avec le reste de la planète, au-delà des seuls pays qui ont imposé des sanctions récemment contre elle.

Les pommes, les bananes, les tomates, les pommes de terre, ainsi que la viande et le poisson représentent la plus grande part des importations agroalimentaires russes, selon la même source. 

Moscou est souvent accusé d’utiliser l’arme commerciale, notamment en invoquant des motifs sanitaires, comme moyen de pression diplomatique sur ses voisins.

Depuis le renforcement des sanctions occidentales à son encontre, la Russie avait déjà interdit quasi quotidiennement l’importation de nouveaux produits alimentaires sur son territoire sous couvert de «protection des consommateurs».

Ainsi, la Russie a décidé mercredi de limiter ses importations de viande de Roumanie et d’animaux d’Italie, de Bulgarie et de Grèce en raison de la découverte de maladies, après avoir déjà décrété un embargo sur les fruits et légumes en provenance de Pologne en raison de «violations répétées» de la validité des certificats.

Libération et AFP, 7/08/14

Allégement des cotisations salariales : les sages rectifient Valls

DÉCRYPTAGE
Le Conseil constitutionnel a retoqué mercredi soir une mesure phare du Pacte de responsabilité, qui devait redonner du pouvoir d'achat aux ménages modestes. Embarras à gauche.


Manuel Valls, lors d'un discours le 28 avril à Paris devant les acteurs territoriaux de l'Etat. Il y détaillait la nouvelle politique du gouvernement, évoquant notamment la future baisse des cotisations salariales. (AFP)

Une gifle. Le Conseil constitutionnel a rejeté mercredi soir une mesure sociale phare du gouvernement Valls, à savoir l’allégement des cotisations salariales pour les bas salaires. Qui précisément devait bénéficier de cette mesure, quelles conséquences, quelle marge de manœuvre pour le gouvernement? Réponse en quatre points.
En quoi consistait cet allégement de cotisations ?

Les mesures rejetées par le Conseil constitutionnel étaient incluses dans le pacte de responsabilité, grand chantier du quinquennat de François Hollande. Ce pacte prévoit des allégements de coût du travail pour les entreprises avec, en contrepartie, un effort (à négocier avec les syndicats) de la part du patronat, en matière d’embauches ou d’investissement. Mais Manuel Valls, juste après sa nomination à Matignon en avril, avait également annoncé des mesures en faveur des ménages. Parmi celles-ci était incluse une réduction de cotisations salariales (assurance vieillesse, assurance maladie), c’est-à-dire un allégement dégressif pour les salaires compris entre 1 et 1,3 Smic. En clair, le salaire brut restait inchangé, mais le salaire net augmentait du fait de cet allégement. Valls estimait alors à 500 euros, le gain de pouvoir d’achat par an pour les smicards. Le dispositif, d’un coût de 2,5 milliards d’euros, devait toucher 5,2 millions de salariés et 2,2 millions de fonctionnaires. Il devait entrer en vigueur le 1er janvier 2015.

En quoi cette mesure a-t-elle été jugée inconstitutionnelle ?

Selon les sages, cette proposition de baisse dégressive a été jugée «contraire à la Constitution», notamment parce qu’elle «méconnaît le principe d’égalité». Petit rappel du Conseil constitutionnel : les cotisations salariales d’assurance vieillesse et d’assurance maladie «sont des versements à caractère obligatoire, ouvrant des droits aux prestations et avantages […]». Or, ce projet de loi créait, selon les juges, une inégalité de traitement. Le même régime de Sécurité sociale aurait ainsi financé, pour l’ensemble de ses assurés, «les mêmes prestations malgré l’absence de versement, par près d’un tiers de ceux-ci, de la totalité des cotisations salariales». Autrement dit, tous auraient reçu la même chose alors qu’ils n’auraient pas tous contribué au même niveau. Impossible juridiquement, pour des régimes dits «contributifs», à la différence des dispositifs dits de «solidarité», où ce que l’on reçoit n’est pas forcément lié à l’effort financier fourni.
En quoi est-ce un désaveu pour Manuel Valls ?

C’était l’une des rares mesures en faveur des ménages annoncée par Manuel Valls lors de son discours de politique générale du 8 avril, après sa nomination à Matignon. Pour faire taire les critiques à sa gauche et prouver qu’il y avait de la «justicesociale» dans le pacte de responsabilité, le Premier ministre avait ainsi fait de cette baisse de cotisations sa mesure phare de la loi rectificative de la Sécurité sociale. «Le pacte est aussi un pacte de solidarité, il doit améliorer le pouvoir d’achat des salariés les plus modestes […] c’est presque la moitié d’un 13e mois pour un salarié payé au Smic», avait-il détaillé devant les députés dans l’hémicycle le 8 avril, soit une semaine et un jour après son arrivée à Matignon. Cette mesure, Valls l’avait par la suite martelée à la radio, à la télévision, dans la presse… C’était un argument fort lancé en réponse aux députés «frondeurs» de sa majorité, critiques quant à l’efficacité de la politique économique du gouvernement. Un signe de décisions «équilibrées». Comme François Hollande avec sa taxe à 75%, le Premier ministre aura désormais beau jeu de faire remarquer que ce n’est pas la faute de son gouvernement, mais du Conseil constitutionnel si les salariés modestes ne bénéficieront pas de ce «coup de pouce». Reste qu’il lui faudra expliquer pourquoi ses services n’ont pas anticipé l’inconstitutionnalité d’une mesure si centrale… Et pourquoi ce gouvernement échoue une fois de plus à mettre en œuvre une mesure qui se voulait de gauche.

QUE VA-T-IL SE PASSER MAINTENANT ?

Dans la foulée de la décision des sages, les ministères des Finances et des Affaires sociales ont très vite envoyé un communiqué. Ils proposeront à la rentrée des «mesures alternatives de même ampleur» que les allégements de cotisations salariales censurés. Ces mesures de soutien au pouvoir d’achat viendront «amplifier» le «dispositif de baisses d’impôt déjà annoncé» par l’exécutif dans le cadre du pacte de responsabilité, est-il précisé. C’est-à-dire la baisse d’impôt sur le revenu, prévue à la rentrée pour les contribuables modestes, mais qui ne se chiffre qu’à un milliard d’euros.

Le ministre des Finances Michel Sapin, la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine et le secrétaire d’Etat au Budget Christian Eckert, qui signent ensemble le communiqué, assurent que le gouvernement «reste déterminé à augmenter le pouvoir d’achat des salariés, et plus largement des ménages, à revenus modestes et moyens».

«On a été surpris par la censure, dans la mesure où le Conseil constitutionnel a fait évolué sa jurisprudence sur le sujet», glisse-t-on dans l’entourage du ministre des Finances publiques, Michel Sapin. «En 2007, ils n’avaient rien dit contre les baisses de cotisations, accordées dans le cadre de la loi Tepa, pour les salariés effectuant des heures supplémentaires». Quant à l’outil qui devrait remplacer cet allègement de cotisations censuré par les sages, «il sera connu le 24 septembre, lors du dépôt du projet de loi de finances 2015». Un dispositif qui accordera un gain de pouvoir d’achat de même ampleur, et qui pourrait passer par une baisse de la fiscalité ou un effort sur le RSA activité.

Libération, le 7/08/14

Montebourg braque les métiers protégés

En s’attaquant aux monopoles ou aux tarifs de certaines professions réglementées, le ministre assure pouvoir favoriser les consommateurs et créer des emplois.

Arnaud Montebourg, le 28 mai à l'Elysée.

Les professions protégées ont du plomb dans l’aile. Pour «restituer» pas moins de 6 milliards d’euros de pouvoir d’achat aux ménages, le ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, a élaboré un plan précis : s’attaquer aux métiers dits «réglementés» en les ouvrant à la concurrence. Le 10 juillet, le patron de Bercy a annoncé un projet de loi pour la rentrée, visant à «redresser l’économie française». Et compte, pour ce faire, s’inspirer d’un rapport confidentiel de l’Inspection générale des finances (IGF), le corps d’élite des hauts fonctionnaires, remis en mars 2013 à son prédécesseur, Pierre Moscovici.

Le document, qui a fuité dans différents médias depuis le début de l’été, pointe du doigt une quarantaine de professions qui, sans justification économique, bénéficient d’une «rentabilité» plus de deux fois supérieure aux autres. L’ouverture à la concurrence doit permettre, théoriquement, de faire baisser les prix, de redonner du pouvoir d’achat aux consommateurs, et donc, in fine, de pousser la croissance. Mais aussi, selon les calculs de l’IGF, de créer quelque 120 000 emplois supplémentaires en cinq ans. Sauf que les corporations visées n’ont pas dit leur dernier mot (lire pages 4 et 5). Explications sur une offensive gouvernementale contre des professions très organisées.

Qu’est-ce qu’une profession réglementée ?

Notaires, huissiers, pharmaciens, architectes, mais aussi plombiers ou serruriers : ces professions n’ont a priori rien en commun. Et pourtant, elles sont toutes protégées. Restrictions d’accès, tarifs administrés, privilège de certains actes : leur exercice est subordonné «directement ou indirectement, en vertu de dispositions législatives, réglementaires ou administratives, à la possession de qualifications professionnelles déterminées», selon la législation européenne. En France, il en existe plus d’une centaine, d’après le Centre international d’études pédagogiques, employant plus d’un million de salariés rien que pour les 37 métiers listés par l’IGF. Héritières de l’Ancien Régime, les professions réglementées constituent la forme moderne des corporations, ces corps de métiers apparus au Moyen-Age sous le nom d’«art», de «guilde» ou de «hanse». Abolies pendant la Révolution par la loi Le Chapelier du 14 juin 1791, elles sont remises au goût du jour sous le Second Empire, puis au lendemain de la Libération. Depuis, la plupart de ces professions n’ont pas bougé. Le statut actuel des huissiers et des notaires est ainsi établi par une ordonnance du 2 novembre 1945, qui fixe les limites de leur monopole. Leurs tarifs ont en revanche été modifiés par décrets successifs.

Pourquoi sont-elles dans le viseur de Bercy ?

Arnaud Montebourg veut s’attaquer à tous ceux qui «captent, par leur position, des revenus pour des services payés trop chers», afin de redonner du pouvoir d’achat aux Français. En tête des 37 professions à réformer, les métiers juridiques, comme les notaires, les huissiers, les greffiers des tribunaux de commerce, ainsi que les professionnels de santé, tels que les pharmaciens, opticiens ou encore dentistes. Des professions aux revenus très confortables, qui seraient 2,4 fois plus rentables que les autres métiers, selon le rapport de l’IGF dévoilé partiellement par le quotidien les Echos. Sur 100 euros versés par le consommateur, le bénéfice des huissiers atteindrait environ 43 euros et celui des notaires 37 euros, contre seulement 8 euros en moyenne pour les autres secteurs de l’économie. Des chiffres que contestent la plupart des corporations concernées. Au total, le chiffre d’affaires de ces professions atteint 235 milliards d’euros, pour un bénéfice de 42 milliards, et pèse 6,4% du PIB.

Qu’est-ce que l’IGF propose ?

L’une des réformes phares du rapport est l’instauration d’un principe de liberté d’installation pour toutes les professions. L’IGF préconise également la suppression des monopoles sur certains actes, notamment dans le domaine juridique. Début juillet, Arnaud Montebourg l’avait évoquée pour les huissiers de justice, sur la signification des actes de procédure et des jugements. Celle-ci pourrait se faire par lettre recommandée, beaucoup plus économique. Le monopole de la diffusion des documents comptables, aujourd’hui attribué aux greffiers des tribunaux de commerce, pourrait aussi être remis en cause, tout comme celui des notaires sur la rédaction des actes soumis à publicité foncière.

Dans le domaine de la santé, le rapport de l’IGF recommande d’ouvrir à la concurrence - comprendre aux supermarchés - la vente de médicaments sans ordonnance, et de supprimer le numerus clausus pour les étudiants kinésithérapeutes, infirmiers ou dentistes.

Pourquoi les professions résistent-elles ?

Pour les métiers juridiques, comme les notaires ou les huissiers, pas question de renoncer à certains actes, souvent très lucratifs. Idem pour les pharmaciens, qui redoutent un manque à gagner de 9% de leur chiffre d’affaires si la vente de médicaments sans ordonnance est ouverte aux grandes surfaces. Déjà en 2008, l’économiste Jacques Attali préconisait, dans son rapport remis à Nicolas Sarkozy, de réformer la profession en l’ouvrant à la concurrence. Avant de se heurter à la mobilisation - victorieuse - des pharmaciens. Et il ne fut pas le premier à avoir rencontré autant de résistances : en 1960, le rapport du comité Rueff-Armand, qui épinglait, entre autres, les pharmaciens et les chauffeurs de taxis, avait déjà provoqué l’ire de ce qu’on appelait à l’époque en France les «groupes d’intérêt», bien décidés à s’accrocher à leurs monopoles.

Sur la forme, le rapport de l’IGF exacerbe aussi les tensions : à défaut d’une publication officielle, c’est dans la presse que les premières bribes du rapport ont filtré. «Nous n’avons eu aucune proposition émanant du ministre de l’Economie ou de ses collaborateurs. Nous ne sommes pas destinataires, et nous n’avons pas eu connaissance du rapport», a ainsi dénoncé Jean Tarrade, président du Conseil supérieur du notariat, le 15 juillet, sur BFM TV. Les chiffres chocs évoqués, dont certains ont d’ailleurs été contestés par le ministère de l’Economie lui-même, sont jugés abusifs, notamment en ce qui concerne les niveaux de rémunération. La bataille ne fait que commencer.

Libération, le 7/08/14

mercredi 6 août 2014

Narendra Modi ambitionne de faire renouer l’Inde avec une croissance de 7 %

Près de deux mois après son arrivée au pouvoir, le gouvernement indien dirigé par le nationaliste hindou Narendra Modi a présenté son premier budget, jeudi 10 juillet. Objectif affiché : relancer la croissance et attirer les investissements dans l'industrie et les infrastructures.


Pour autant, M. Modi a maintenu l'objectif de réduction du déficit budgétaire à 4,1 % du produit intérieur brut (PIB) pour l'année fiscale 2014-2015, qui s'achève fin mars.

Les investisseurs avaient été refroidis par la paralysie politique du précédent gouvernement et la multiplication des scandales de corruption. Le flux de capitaux étrangers vers l'Inde a chuté de moitié en un an, passant de 92 milliards de dollars (68 milliards d'euros) en 2012-2013 à 47,9 milliards de dollars en 2013-2014. Ces sommes sont pourtant indispensables à une économie dont la croissance a plongé sous le seuil des 5 % pendant deux années consécutives. Du jamais-vu depuis vingt-huit ans.

New Delhi a déjà autorisé l'entrée des étrangers au capital d'entreprises indiennes à hauteur de 49 %, contre 26 % actuellement, dans les secteurs de la défense et des assurances, et a promis d'uniformiser le régime fiscal sur tout le territoire d'ici à la fin de l'année.

L'Inde a besoin d'investir dans ses infrastructures, dont les insuffisances créent de l'inflation. Le manque d'entrepôts ou l'absence de chaîne du froid font en effet flamber les prix des denrées alimentaires. Dans ce contexte, la banque centrale du pays ne peut pas baisser ses taux, ce qui permettrait de relancer l'activité.

Le ministre des finances, Arun Jaitley, a dévoilé un arsenal de mesures pour éliminer les goulots d'étranglement de l'économie indienne, comme des exonérations fiscales pour les investissements dans les infrastructures, un assouplissement des règles dans les partenariats public-privé et une nouvelle plate-forme unique – la « ebiz » –, pour délivrer toutes les autorisations requises.

La faiblesse en équipements freine le développement de l'industrie, seule à pouvoir absorber le million de jeunes Indiens qui arrivent chaque mois sur le marché du travail. Pour relancer la croissance du secteur manufacturier qui n'a pas dépassé 0,2 % ces deux dernières années, M. Jaitley a annoncé des incitations fiscales et promis de renforcer les zones franches, notamment dans l'industrie électronique ou le solaire.

MARCHÉS DÉCONCERTÉS

« C'est un budget conçu pour déclencher les applaudissements de tous les côtés », écrit le quotidien The Business Standard. L'orthodoxie doit rassurer les marchés, sans que l'exécutif renonce aux programmes sociaux hérités du Parti du Congrès. Il a même prévu d'augmenter les fonds alloués à la distribution de denrées alimentaires à prix subventionné.

Mais ce nouveau budget, prudent et consensuel, n'a pas offert le « big bang » de réformes libérales attendu par certains. Les nombreuses restrictions qui protègent le secteur de la grande distribution sont conservées sauf dans le commerce électronique où les étrangers peuvent désormais détenir la totalité du capital d'une entreprise indienne (contre 51 % dans le secteur). Le groupe français Carrefour a d'ailleurs annoncé, le 7 juillet, qu'il allait fermer ses cinq magasins de gros dans le pays.

C'est au niveau de la méthode employée que le gouvernement indien marque sa différence.

M. Jaitley a prévenu que chaque dépense devait être accompagnée de résultats et a annoncé que le programme de garantie de cent jours d'emploi dans les zones rurales devait être orienté vers des « tâches plus productives et avec des créations d'actifs ».

Les subventions devront aussi être mieux ciblées pour bénéficier à ceux qui en ont besoin. Représentant 2,3 % du PIB, elles servent surtout à diminuer les prix de l'essence ou des engrais. Plutôt que de garantir un prix minimum agricole ou de subventionner les engrais, New Delhi explore d'autres voies, comme celle d'un revenu minimum pour les agriculteurs.

Ce budget « marque le début du chemin à parcourir pour atteindre une croissance de 7 % à 8 % d'ici trois à quatre ans », a prudemment annoncé le ministre.

Les marchés ont été déconcertés. Après avoir enregistré une baisse, l'indice de la Bourse de Bombay a finalement légèrement augmenté. « Un retour sur la bonne voie, mais il reste des kilomètres à parcourir », titrait, vendredi, le quotidien Hindustan Times.

Le Monde, 7/07/14

En Inde, la guerre du commerce en ligne est déclarée

En Inde, l'essor du commerce en ligne aiguise les appétits. Le premier site marchand du pays, Flipkart a annoncé mardi 29 juillet, avoir levé 1 milliard de dollars (746 millions d'euros) auprès de fonds d'investissement – Tiger Global Management et Naspers, le fonds souverain singapourien (GIC), Accel Partners et Morgan Stanley Investment Management. Dès le lendemain, l'américain Amazon a fait savoir qu'il investissait 2 milliards de dollars dans le pays.

« Nous voyons un énorme potentiel dans la croissance du e-commerce en Inde », a déclaré mercredi 30 juillet, Jeff Bezos, le patron d'Amazon.

Le tour de table effectué par Flipkart, le plus important jamais obtenu par une entreprise de e-commerce dans le sous-continent, la valorise à 7 milliards de dollars selon la presse indienne.

Le commerce électronique ne représente que 0,4 % du chiffre d'affaires de la distribution en Inde mais pourrait profiter des difficultés rencontrées par les enseignes physiques pour se développer. Les villes souffrent d'une pénurie d'espaces commerciaux et les montants des loyers représentent en moyenne 15 % du chiffre d'affaires des magasins, soit le double de la moyenne observée ailleurs dans le monde, selon le cabinet de conseil Technopak, basé à New Delhi.

Sur Internet, la place ne manque pas et le taux de pénétration augmente rapidement. Environ 40 % des Indiens devraient être connectés en 2020, contre 19 % cette année. « Dans les petites et moyennes villes, de nombreux produits ne sont disponibles que sur Internet. La zone de chalandise des sites marchands dépassera celle des enseignes physiques », prédit Pragya Singh, vice-présidente du cabinet Technopak.

Les sites marchands ont un autre avantage de taille sur les grandes enseignes physiques de distribution : ils peuvent contourner l'interdiction qui leur est faite d'ouvrir leurs capitaux aux investissements étrangers en devenant de simples « plates-formes », à savoir des intermédiaires qui mettent en relation clients et vendeurs, moyennant une commission sur les ventes.

Hormis quelques poids lourds comme Amazon, la plupart n'investissent pas dans les stocks, ce qui leur permet de réaliser des économies, mais ils sont incapables de maîtriser l'approvisionnement d'un bout à l'autre de la chaîne logistique. Leur crédibilité dépend donc, en partie, de la capacité des milliers de vendeurs, souvent de petite taille, à gérer leur stock.

ENORME POTENTIEL

En Inde, le commerce électronique n'a pris son envol qu'en 2007, avec la création de Flipkart, et les enseignes tâtonnent encore pour trouver la formule du succès. Le commerce n'y est pas si virtuel puisque 60 % des paiements se font en espèces, à la réception du produit, et il se développe surtout par l'intermédiaire du smartphone, l'achat d'ordinateurs étant hors d'atteinte pour les moins fortunés.

« Soixante-dix pour cent de la consommation sur Internet se font par le mobile en Inde, contre 50 % en Chine et 30 % aux Etats-Unis », notent les deux fondateurs de Flipkart, Sachin Bansal et Binny Bansal (aucun lien de parenté), dans le quotidien Times of India.

Le défi des sites marchands consiste donc à offrir un confort de navigation optimal sur un petit écran pour déclencher l'acte d'achat, et à concevoir des solutions de paiement adaptées. Flipkart, qui a déjà beaucoup investi dans l'acquisition de sites marchands ces derniers mois, a annoncé qu'elle concentrerait ses efforts sur l'innovation technologique et le recrutement d'ingénieurs, avec l'ambition de devenir « l'entreprise de e-commerce mobile du futur ».

Elle compte ainsi réduire son retard technologique sur Amazon qui n'est présent en Inde que depuis un an mais multiplie les campagnes de publicité et les référencements de produits pour augmenter ses parts de marché. « Nous voyons un énorme potentiel dans la croissance du e-commerce en Inde », a déclaré mercredi, Jeff Bezos, le patron d'Amazon.

La croissance rapide de ces deux géants du commerce électronique en Inde se fait au détriment de leur rentabilité. Mais les pertes ne semblent pas inquiéter outre mesure leurs dirigeants. « Nous avons aujourd'hui 22 millions de clients et nous penserons aux profits quand nous en aurons 100 millions », a déclaré Binny Bansal.

Le Monde, 02/08/14

L’ancien PDG de Caddie peaufine un projet de reprise

Stéphane Dedieu est prêt à reprendre le fabricant de chariots de supermarché.Il s’appuie des distributeurs européens de la marque Caddie et de l’allemand Shopbox.


Caddies à l’usine Caddie de Drusenheim en mars 2012 AFP PHOTO

L’ouverture aux candidats repreneurs du « data room » fin juillet de cette filiale du groupe Altia, également enredressement judiciaire depuis le 1er août, l’ancien PDG de Caddie l’attendait avec impatience : « Le temps presse, il y a des annulations de commandes », s’inquiète Stéphane Dedieu, aujourd’hui PDG de Hebeco, une société de plasturgie fournisseur de Caddie. Pour autant, il est déterminé à déposer une offre. Son projet, il en connait déjà les contours. « Pour recréer un concurrent de qualité face à l’Allemand Wanzl, dit-il, il faudra redimensionner Caddie, réduire la masse salariale et viser un chiffre d’affaires proche de 20 millions d’euros, ce qui représente une production de quelque 200.000 chariots par an ».
L’addition sociale risque d’être lourde

Socialement, l’addition serait lourde, avec probablement pas loin de 200 suppressions d’emplois sur les 400 du site de Drusenheim. Mais Stéphane Dedieu se refuse, pour l’heure, à donner le moindre chiffre. Quant à l’usine de galvanisation d’Oberhausbergen qui emploie une cinquantaine de personnes, il n’est pas sûr qu’il fasse une offre, « on peut faire sans », lâche-t-il sans plus de précision. D’ailleurs, le nouveau directeur général d’Altia Industry et de Caddie, Michel Rességuier, reconnaît qu’une mise aux normes de cette unité se chiffrerait à près de 10 millions d’euros et que l’hypothèse de sous-traiter le zingage reste une option. A cet égard, certains n’excluent pas une éventuelle coopération avec le concurrent Wanzl, installé à Sélestat. Mais dans l’immédiat, l’ancien directeur export de Caddie, devenu PDG en 2009 avant de démissionner après la reprise par Altia en 2012, peaufine son business plan. « Autour de moi, dit-il, il y aura des gens du métier, des distributeurs de la marque, notamment en Italie et dans les pays de l’Est, ainsi que Shopbox, une entreprise familiale allemande dont je dirige la filiale française ». Cette société basée à Heilbronn est spécialisée dans le nettoyage et la réparation de flottes de chariots de supermarché.

Trois autres offres

S’il bénéficie de la confiance d’une bonne part du personnel, mais aussi des banquiers alsaciens et des élus locaux, Stéphane Dedieu sait qu’il aura sans doute face à lui trois autres candidats repreneurs, notamment des fonds d’investissement. Des concurrents qui restent pour l’instant dans l’ombre, du moins le temps d’analyser les comptes de Caddie, en redressement judiciaire depuis le 27 juin. A cet égard, Michel Rességuier ne cache pas qu’à son arrivée les outils de gestion étaient inexistants et qu’il lui a fallu constituer une base de données fiables pour alimenter le « data room ». En principe, le délai de remise des offres est prévu autour du 12 septembre, avec l’objectif pour le tribunal de commerce de Paris de statuer fin septembre, fin de la période d’observation.


Les Echos, 4/08/14

Bleuforêt ou l’art du tricot pas à pas

Tricotage des Vosges, à Vagney dans les Vosges, produit 5 millions de paires de chaussettes par an et emploie 245 salariés.


Depuis 2011, l’entreprise Tricotage des Vosges ouvre ses ateliers aux visiteurs. - DR

C’est au pied du quai de réception des matières premières que Thierry, mécanicien-régleur et guide du jour, accueille le petit groupe de visiteurs. Objectif : une plongée dans l’univers insolite du tricotage des chaussettes, produites par la société Tricotage des Vosges et vendues sous la marque Bleuforêt®. Depuis 2011, l’entreprise, située à Vagney (Vosges) ouvre ses ateliers aux visiteurs qui découvrent le fonctionnement des 245 métiers à tricoter circulaires et entièrement automatisées. Il faut cinq minutes pour tricoter une chaussette et trois fois plus de temps pour réaliser un collant. Certains métiers de nouvelles générations assurent également la couture des pointes des chaussettes. Une machine automatique effectue aussi un contrôle aléatoire de conformité dimensionnelle. Un processus que le visiteur est invité à suivre presque pas à pas.
Un positionnement haut de gamme

Chaque année, 5 millions de paires de chaussettes et collants sortent ainsi de l’usine vosgienne, à destination des grands magasins, de boutiques spécialisées indépendantes et des enseignes de la grande distribution. Un savoir-faire ancestral : l’ancienne filature a été créée au début du siècle dernier. Elle ne porte toutefois le nom de Tricotage des Vosges que depuis 1994. Date à laquelle, le groupe Dim pour lequel l’usine produisait sous licence, a quitté les lieux. Jacques Marie, dirigeant de Dim France, a alors décidé de conserver le site, et d’y créer une nouvelle entreprise, Tricotage des Vosges, qu’il repositionne sur le segment haut de gamme, avec un outil de production modernisé. Les 180 salariés du site sont conservés.Ce pari, à contre-courant de la vogue des délocalisations, s’avère aujourd’hui payant. Le chiffre d’affaires de l’entreprise est de 25 millions d’euros et le nombre de salariés a grimpé à 245. Mais si les articles sont fabriqués intégralement sur place, faute de producteurs français, les fils de coton, laine mérinos, cachemire, soie sont importés, essentiellement d’Italie.

Au terme d’un périple d’une heure et demie, le visiteur arrive enfin aux dernières étapes de fabrication, couture, pliage, appairage avant de passer sur la ligne de conditionnement. « Nous disposons d’un outil informatique permettant de gérer les besoins de réassort de nos clients de la grande distribution en temps réel. Nous atteignons un taux de satisfaction supérieur à 96 % », certifie le guide. La visite s’achève dans le hall d’expédition d’où chaque après-midi partent plusieurs milliers de paires de chaussettes. « Ces visites assurent la notoriété de la marque » assure François Curé, directeur général de Tricotage des Vosges. Elles sont aussi, pour le groupe, une affaire rentable. La boutique attenante à l’usine accueille plusieurs milliers de visiteurs et réalise un chiffre d’affaires de 150.000 euros.

Pauvreté et inégalités augmentent depuis la crise

En 2011, 14,3 % des Français vivaient sous le seuil de pauvreté. La pauvreté progresse tout particulièrement chez les actifs.


Pauvreté et inégalités augmentent depuis la crise

Les inégalités sont, depuis la crise économique de 2008, au cœur du débat économique. Et, même si, en France, le problème n’est pas aussi criant qu’aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, une étude de l’Insee est venue rappeler hier que l’Hexagone ne peut s’exonérer de toute interrogation sur le phénomène. Car, indéniablement, la France connaît, comme la plupart de ses voisins, une hausse des inégalités de niveau de vie. Si le niveau de vie médian n’a pas bougé entre 2010 et 2011 (la dernière année disponible pour les statistiques), l’écart entre le niveau de vie des 10 % des ménages les plus riches et celui des 10 % des plus pauvres n’a cessé de s’accroître depuis 2008. En 2011, les 10 % les plus aisés ont vu leur niveau de vie grimper de 2,1 % tandis que les 10 % les plus pauvres ont vu le leur baisser de 0,8 %.

Le niveau de vie est un concept qui permet de comparer les revenus disponibles – salaires, retraites, prestations sociales et revenus du patrimoine moins impôts directs – des ménages de composition différente en estimant que des économies d’échelle peuvent être réalisées quand le ménage compte plusieurs personnes.

La hausse des inégalités est encore plus criante quand on s’intéresse au centile des plus riches de la population, la quasi-totalité de ces ménages touchant des revenus de leur patrimoine. « La masse des très hauts revenus progresse de 4,5 % en moyenne en 2011, après + 4,6 % en 2010. Près des deux tiers de cette hausse s’expliquent par celle des revenus du patrimoine », note l’Insee.
De plus en plus difficile de s’extraire de la pauvreté

Parallèlement, « l’augmentation de la pauvreté est continue depuis 2008 », malgré le système français de redistribution, pointe l’institut statistique. «  En 2011, 14,3 % de la population française étaient pauvres, ce qui correspond à 8,7 millions de personnes », souligne Jérôme Accardo, de l’Insee. Un ménage est considéré comme pauvre quand son revenu disponible (toujours modulé selon le nombre de personnes) représente moins de 60 % du niveau de vie médian (1.630 euros par mois pour un célibataire), soit 978 euros par mois pour un célibataire en 2011.

« La hausse de la pauvreté a été particulièrement marquée chez les personnes actives, chômeurs et personnes en emploi. Cette progression des pauvres chez les gens exerçant un emploi n’est pas une spécificité française, mais la hausse, comparativement aux autres pays européens, est marquée en France », affirme Jérôme Accardo. En 2011, 8 % des Français occupant un emploi étaient considérés comme pauvres, soit une hausse de 0,5 point en un an alors que la pauvreté a reculé chez les retraités.

Mais la pauvreté n’est pas un état stagnant. Heureusement, certaines personnes en sortent. Malheureusement, d’autres y entrent. Ainsi, « 18 % des Français ont connu la pauvreté en 2010 et 2011 », indique Simon Beck, de l’Insee. Mais, poursuit-il, « de moins en moins de personnes réussissent à sortir de la pauvreté ». Près d’un tiers des personnes qui tombent dans cette trappe à pauvreté y restent au moins trois ans et la difficulté de s’en extraire augmente avec le nombre d’années passées dans la pauvreté. « Passé trois années, les différences sociales s’estompent », affirme Simon Beck. En clair, si les cadres et les professions intermédiaires sortent en moyenne plus vite de la pauvreté que les ouvriers et les inactifs, après trois ans, la probabilité de s’en extraire est faible et est peu ou prou la même pour tout le monde. Dans la grande pauvreté, tout le monde est égal…


Les Echos, 2/07/14

France : pas de franc rebond de croissance à l’horizon

La Banque de France a confirmé mardi sa prévision de croissance du PIB de 0,2 % pour la période avril-juin. L’Insee est plus optimiste et anticipe un chiffre de 0,3 %.



La Banque de France confirme une modeste prévision de croissance pour le PIB français - Shutterstcok

Alors que la croissance a été nulle au premier trimestre , le rebond s’annonce bien modéré, même si la baisse des défaillances d’entreprises est un signal positif. La Banque de France a donc confirmé mardi tabler sur une croissance de 0,2% de l’économie française au deuxième trimestre 2014, dans sa troisième et dernière estimation fondée sur son enquête mensuelle de conjoncture de juin.

L’Insee, un peu plus optimiste, anticipe pour sa part une croissance de 0,3% pour la période avril-juin.

L’enquête de la Banque de France fait apparaître une stabilité de l’indicateur du climat des affaires dans l’industrie, à 97, de même que celui des services, à 93.

Selon elle, la production industrielle a légèrement progressé le mois dernier, les secteurs les plus dynamiques étant la fabrication d’équipements, la construction navale, aéronautique et ferroviaire ainsi que l’agroalimentaire.

Mais la demande est restée dans l’ensemble étale dans l’industrie, les carnets de commandes comme les stocks n’évoluant pratiquement pas. Les effectifs sont inchangés.

Le taux d’utilisation des capacités de production a de même peu évolué à 76,1% contre 76,0% (75,9% en première estimation) en mai. Les chefs d’entreprise prévoient une hausse de la production en juillet.

Dans les services, l’activité est de même restée stable, le repli des services informatiques et de l’hébergement-restauration étant compensé par la hausse des transports, du conseil de gestion et du travail temporaire.

Les prix se sont maintenus et les effectifs ont légèrement progressé. Comme dans l’industrie, les chefs d’entreprise interrogés estiment que l’activité devrait progresser en juillet


Les Echos, 8/07/14

Le déficit commercial s’est creusé en mai

Les importations ont nettement rebondi (+2,2 %).



Les importations ont nettement rebondi en mai dernier. - Shutterstock

Le déficit commercial de la France s’est creusé à 4,87 milliards d’euros en mai sous l’effet d’un rebond des importations alors que les exportations restaient quasi stables par rapport à avril, selon les statistiques publiées ce mardi par les Douanes. Il se compare à un déficit de 4,1 milliards le mois précédent. Sur l’ensemble des cinq premiers mois de l’année, le déficit commercial cumulé se réduit toutefois, s’élevant à 23,1 milliards d’euros contre 25,4 milliards un an plus tôt.

Une « très importante collection » d’oeuvres d’art de retour en France

Pour le seul mois de mai, les Douanes font état d’ « une poussée des importations (...) particulièrement marquée pour les produits pétroliers raffinés et pour les oeuvres d’art ». Dans ce dernier cas, il s’agit du retour en France d’une « très importante collection » qui était partie en Suisse en 2012.

Côté exportations, les Douanes notent une évolution « très positive pour l’industrie aéronautique et spatiale, du fait de livraisons exceptionnelles de satellites », avec plus de 400 millions d’euros de grands contrats. Pas de grandes livraisons d’Airbus en revanche mais les envois en Allemagne d’Airbus en cours de fabrication restent soutenus.

France : l’inflation à son plus bas depuis 2009

Les prix à la consommation sont restés stables en juin, mais leur progression sur un an s’inscrit à 0,5%, soit le plus bas niveau depuis novembre 2009.


Les prix à la consommation sont restés stables en juin en France 

La production industrielle a chuté de 1,7% sur un mois, en mai, après un petit rebond de 0,3% en avril, constituant une très mauvaise nouvelle pour les perspectives de croissance au 2e trimestre, a annoncé l’Insee jeudi. La production dans le seul secteur manufacturier a elle chuté de 2,3% après un mois d’avril stable (chiffre révisé), a précisé l’Institut national de la statistique et des études économiques dans un communiqué.

L’Institut a enregistré un net fléchissement dans le textile, le cuir, l’habillement et la chaussure (-9,2%), et dans une moindre mesure dans la métallurgie et produits métalliques (-2,6%). Toujours sur un mois, la baisse s’accentue aussi en mai par rapport à avril dans les équipements électriques (-4,9%). La production diminue également très fortement dans les autres matériels de transport (-6,1%) ainsi que dans la cokéfaction et le raffinage (-8,4%).

Du côté de l’inflation, les prix à la consommation sont restés stables en juin en France. Leur progression, sur un an, s’inscrivant à 0,5%, soit le plus bas niveau depuis novembre 2009, contre 0,7% un mois plus tôt. Ce chiffre tombe à 0,3% hors tabac.

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/0203633340020-la-production-industrielle-recule-de-17-en-mai-1023624.php?Sr3VxXI3rM2cKo9W.99

Les Echos, 10/07/14

mardi 5 août 2014

Comap donne un coup de jeune aux radiateurs

Le fabricant modernise sa vanne thermostatique pour radiateurs.


La vanne thermostatique prend des couleurs - Comap

Bleu, rouge, verte, orange, violet… Vincent Grangier, le Pdgde la Comap, ne tarit pas d’éloges sur son nouveau produit « Senso » fabriqué dans l’usine d’Abbeville (Somme). En réalité, la tête thermostatique, une vanne qui régule la température d’un radiateur, a été lancée dans les années 1980. Trente ans plus tard, le groupe, spécialiste de la plomberie et du génie climatique, a entrepris de repenser ce classique de son catalogue. Résultat : une tête design, beaucoup plus économe en énergie, et déclinable en une douzaine de coloris pour s’adapter aux tendances déco du moment. « Classée A sur le label énergétique de référence (TELL), la tête thermostatique peut permettre de réaliser jusqu’à 29% d’économie d’énergie sur un appareil, tout en améliorant le confort intérieur. Son installation ouvre droit à un crédit d’impôt», se félicite le dirigeant.

Succès de marché avec quelque 7 millions d’unités produites chaque année, la tête Senso a également permis de confirmer le rôle de site « pilote » de l’usine abbevilloise dans le dispositif industriel de Comap. Reconstruite pour 7 millions d’euros après les graves inondations de la Somme en 2003, cette unité dédiée à la fabrication d’éléments de raccordement et de régulation (robinets, groupes de sécurité, vannes, têtes thermostatiques…) emploie 150 salariés et fabrique 20 millions de pièces. Quelque 2 millions d’euros y sont investis en moyenne chaque année.
Renforcer les synergies

Les Echos, 4/08/14

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/pme-innovation/actualite-pme/0203683571078-comap-donne-un-coup-de-jeune-aux-radiateurs-1030213.php?GTwGcXv9jLyelxdD.99