jeudi 31 juillet 2014

Comment réussir sa rentrée en classe prépa ?

Cours nombreux, oraux hebdomadaires – les « khôlles » - devoirs sur table de quatre à six heures qui se tiennent presque chaque samedi matin... la classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) est une formation exigeante. Une réputation qui effraie parfois les bacheliers qui ont choisi cette voie d'excellence.


Mais, toute difficile qu'elle est, la CPGE constitue, aux dires de la plupart des anciens élèves, un cursus enrichissant et souvent source d'épanouissement en même temps qu'un tremplin vers des établissements prestigieux. A bientôt un mois de la rentrée, voici quelques conseils pratiques pour bien aborder la prépa et tirer un profit maximal des enseignements. 
Se familiariser avec le programme

Entre le mois de juin et le mois de juillet, chaque lycée envoie à ses futurs élèves le programme de l'année dans chaque matière ou, à défaut, une liste d'ouvrages qui permettront d'appréhender au mieux les problématiques abordées au cours de la formation. En plus d'une bibliographie fournie, le lycée Joffre, à Montpellier, propose par exemple à ses étudiants de prépa économique et commerciale voie scientifique quelques précieux conseils méthodologiques, en particulier en ce qui concerne la prise de notes lors des lectures. « La prise de notes doit être claire, faire saisir l'essentiel », lit-on ainsi sur la plaquette introductive consultable sur le site Internet de l'établissement.

En philosophie, en littérature, en histoire, en langues comme en culture générale,« avoir lu les œuvres au programme reste le B-A BA, rappelle Christophe Bigot, professeur en classe préparatoire scientifique au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Et quand je dis lire, cela suppose deux lectures, la première cursive, sans prise de notes, et la seconde crayon à la main. » Il s'agira pour l'étudiant de pouvoir effectuer« son propre résumé de l'œuvre » ainsi qu'« un relevé de citations en rapport avec le thème au programme ».
Assurer ses acquis et combler ses lacunes

Formation pluridisciplinaire par excellence, la CPGE exige de ses étudiants une capacité importante à mobiliser des savoirs. Pour être efficace et ne pas se sentir perdu dans une matière, les vacances sont l'occasion d'assurer ses acquis et de combler ses lacunes. Juliette Belliard, qui a fait son hypokhâgne au lycée Montaigne de Bordeaux entre 2008 et 2009, confie avoir « relu attentivement [s]es cours de philosophie de terminale avant la rentrée ».

Quelle que soit la matière, il est nécessaire de s'assurer que l'on maîtrise le vocabulaire. « Je n'ai commencé à tenir un lexique qu'en milieu de première année de prépa, cela m'aurait pourtant bien servi de le faire avant », regrette Juliette Belliard, qui, alors qu'elle envisage de passer l'agrégation d'anglais en 2015, met encore à jour son répertoire. Dans ce fichier Word, elle note non seulement la définition des termes inconnus, mais aussi celle des mots qu'elle n'est pas certaine de maîtriser complètement. Une méthode simple mais qui a fait ses preuves pour beaucoup d'étudiants.

Clémentine Berthelot, passée par une prépa au lycée Malherbe de Caen entre 2008 et 2010 préconise d'entrer en contact avec d'ex-étudiants de CPGE : « Rien ne remplace les conseils d'anciens élèves pour avoir une idée du contenu des enseignements et prendre conscience du travail à fournir. » C'est, d'après elle, la meilleure façon d'aborder la rentrée avec sérénité. « J'imagine mal quelqu'un débarquer à la rentrée sans savoir de quoi il s'agit », dit-elle avec humour.
Dès la rentrée, savoir se détendre

Tous les élèves qui ont réussi leur prépa le diront, il est essentiel de garder une activité extra-scolaire. « Il faut se ménager des places de détente, de repos et de sport dans la mesure du possible », conseille Christophe Bigot. A chacun sa méthode. Pour Juliette Belliard, « il fallait garder quelque chose qui n'avait rien à voir avec la prépa, et pour moi, c'était la musique, en particulier du violon alto. Cela m'a permis d'aborder les enseignements de manière beaucoup plus zen ». Clémentine Berthelot, elle, a trouvé dans la pratique du tennis de table un exutoire. « Après les khôlles du samedi matin, je participais à des tournois, ça me permettait de souffler et de me vider la tête», confie-t-elle.

« On ne doit pas pour autant tomber dans la démagogie, la prépa comporte nécessairement des sacrifices. Il faut donc apprendre à joindre l'utile à l'agréable et viser l'efficacité », nuance Christophe Bigot, qui conseille pendant les vacances d'écouter « des émissions en podcast comme Les Nouveaux Chemins de la connaissance sur France Culture pour la culture générale » et de « garder un œil sur le monde » en lisant la presse.

Lire aussi notre entretien avec la sociologue Muriel Darmon : Classes prépa, la fabrique des maîtres du temps :

Présentée comme quasi-monacale par ses détracteurs, la CPGE est de fait une formation sélective. « Cela peut tenir de l'évidence, mais il est bon de rappeler qu'il faut arriver à la rentrée en état de fonctionnement, pas épuisé », indique Christophe Bigot. Savourer ses vacances se révèle donc aussi précieux que les révisions.




Le Monde.fr, le 30.07.2014

mercredi 30 juillet 2014

Concurrence : 160,5 millions d'euros d'amendes en 2013

L'Autorité de la concurrence présentait ce matin son bilan annuel.Il n'y a pas eu d'amendes de plus de 100 millions d'euros mais le contrôle des concentrations reste soutenu.Les professions réglementées dans le viseur en 2014. 96% des décisions de contrôle de concentration ont donnée leur feu vert aux entreprises concernées. 


Concurrence : moins d'amendes infligées en 2013

L'Autorité de la concurrence, qui présente ce matin son rapport annuel et dont « Les Echos » ont obtenu copie, avait ces dernières années prononcé des amendes record contre certains secteurs. On se souvient des 368 millions d'euros infligés au cartel des lessives en 2011, une décision confirmée par la cour d'appel de Paris. Ou encore des 385 millions d'euros dont a écopé le secteur bancaire en 2010. L'an dernier, aucune affaire aussi retentissante, du moins sur le montant des sanctions prononcées. L'amende la plus importante s'élève à 79 millions d'euros et concerne les distributeurs de produits chimiques (lire ci-dessous). Des entreprises aussi diverses que le groupe de presse Amaury, les éleveurs de porcs bretons ou encore les producteurs d'électricité photovoltaïque ont été sanctionnés en 2013. Au total, le montant des amendes (dont certaines restent pendantes à une décision de justice) s'est élevé l'an dernier à 160,5 millions d'euros (contre 540,5 en 2012). Signe d'une clémence particulière de l'autorité en temps de crise ? Pas vraiment. Si des sanctions ont pu être diminuées au regard des difficultés que peuvent rencontrer certains secteurs (le groupe Amaury a vu ainsi son amende réduite de 60 %), la moyenne glissante des amendes sur les dix dernières années tourne autour de 350 millions d'euros. Il s'agit donc plus d'un aléa de calendrier qui a fait de 2013 une année creuse que d'un retournement dans la stratégie de l'autorité.
Sous la loupe : les professions réglementées

L'activité de contrôle des concentrations d'entreprises, qui est l'autre pilier de l'Autorité de la concurrence, est restée très soutenue, puisque 201 décisions ont été prononcées en 2013. Et l'année 2014 s'annonce très chargée également car les fusions-acquisitions semblent bien reparties à la hausse si l'on en croit le nombre de dossiers qui arrivent ces derniers mois sur le bureau de son président, Bruno Lasserre. L'Autorité est d'ailleurs la plus active en Europe parmi toutes les autres instances nationales chargées du respect de la concurrence. Sur le volet du contrôle des concentrations, 96 % des décisions ont donné lieu à un feu vert inconditionné et 4 % à une autorisation sous condition, comme ce fut le cas pour la prise de contrôle de Monoprix par Casino. Aucune concentration n'a été totalement retoquée cette année par l'Autorité : cela n'a jamais été le cas depuis 2009.

Parmi les sujets qui ont mobilisé les membres du collège en 2013 et sur lesquels leur détermination ne devrait pas faiblir en 2014, figure le dossier de la réparation automobile. Les constructeurs automobiles ont en effet le monopole, de par la loi, de la distribution de la plupart des pièces détachées. Or ce sont des biens dont le poids a beaucoup augmenté dans le budget des ménages depuis dix ans, si l'on en croit l'Insee. Cette situation est jugée anticoncurrentielle par l'Autorité mais seule la loi peut la faire changer. L'Autorité de la concurrence a également publié un avis remarqué sur le développement du transport par autocar, qui reste très limité en France. Autre sujet de mobilisation à venir : les professions réglementées, en premier lieu les notaires, huissiers ou encore greffiers des tribunaux de commerce. L'Autorité a été saisie pour avis il y a moins d'un mois par Bercy et Arnaud Montebourg, le ministre de l'Economie, ne cache pas son intention de casser les rentes d'un certain nombre d'acteurs. Ce devrait d'ailleurs être un des axes du discours qu'il doit prononcer cet après-midi.
Les chiffres clefs
Le montant des amendes infligées en 2013.de concentration ont donné leur feu vert aux entreprises concernées.


En savoir plus sur http://business.lesechos.fr/directions-generales/0203630717794-concurrence-moins-d-amendes-infligees-en-2013-101554.php?bWwQj64wd4LwOtMb.99

Les Echos, 10/07/14

« Le management participatif, c’est bon pour tous les salariés et les dirigeants ! », par Mark Smith (GEM)

Pour les employeurs, le retour sur investissement d’un management participatif est significatif.

SERIE D’ETE « A dire d’expert » (1/4).

Quand ils sont associés aux pratiques de management participatif, les salariés les plus vulnérables bénéficient de meilleures conditions de travail. Et leur employeur s’y retrouve...


L’article* de Mark Smith, directeur de l’Ecole doctorale de Grenoble Ecole de Management et professeur associé au département Homme, Organisations et Société exploite les résultats d’une étude auprès de 29 000 salariés, dans 27 pays européens. Il considère comme « vulnérables » les personnes faiblement qualifiées et les femmes. Il montre en effet que ces deux catégories de salariés supportent des conditions de travail plus difficiles que les autres : environnement bruyant et/ou à risques, cadences élevées, changements d’horaires fréquents, faibles perspectives d’évolution...

Ces salariés vulnérables sont aussi moins consultés sur l’organisation du travail et l’amélioration des conditions de travail. Moins de 20 % d’entre eux (contre 31 % des salariés à haut niveau de qualification) ont accès à toutes les pratiques de management participatif : communication interne, groupes de travail, boîtes à idées, comités consultatifs, actionnariat d’entreprise etc.
Les salariés vulnérables sont eux aussi des bons « problem solvers »

Pourquoi cette situation ? Parce qu’il y a davantage de femmes et de salariés peu qualifiés dans les entreprises et les secteurs d’activité (hôtellerie, restauration, distribution) qui vivent sous la pression permanente du client et pratiquent peu le management participatif. Mais aussi parce que l’apport des salariés vulnérables à la résolution de problèmes et à l’amélioration de la performance est jugé moins riche, moins utile à l’entreprise.

Or, il n’en est rien. Dans les entreprises qui associent les salariés vulnérables au management participatif, ces derniers bénéficient de bien meilleures conditions de travail ; et ils en bénéficient tout autant que les autres salariés. « De meilleures conditions de travail, cela signifie moins de stress, moins d’accidents, moins d’absences maladie, moins de turnover,rappelle Mark Smith. Pour les employeurs, le retour sur investissement est significatif . »

Autres enseignements de l’article : quand le management participatif existe, les conditions de travail sont meilleures à tous points de vue, et pas seulement sur certains aspects. De même, les conditions de travail sont meilleures quand tous les outils de management participatif sont activés, et pas uniquement certains d’entre eux. Les entreprises ont donc intérêt à miser pleinement sur ce cercle vertueux 

En savoir plus sur http://business.lesechos.fr/directions-generales/0203601143430-le-management-participatif-c-est-bon-pour-tous-les-salaries-et-les-dirigeants-par-mark-smith-gem-101629.php?LDJesVvK2QqD5Ekp.99

LES ECHOS | 23/07 | 09:30

mardi 29 juillet 2014

Du crayon rouge au délibéré, itinéraire d'une note au bac

Nicolas Gerboulet a rangé son crayon rouge. Les notes posées sur 120 copies du baccalauréat par ce professeur de philosophie ont rejoint la grande base du ministère de l'éducation. A peine une journée après le rattrapage du dernier lycéen, les services statistiques ont évalué à 87,9 % le taux de réussite au bac 2014 – un record – et cartographié la France bachelière. En amont, les notes mises par le professeur de philosophie du lycée Pierre-de-la-Ramée à Saint-Quentin (Aisne) ont vécu une véritable saga : les notes font, avant la proclamation des résultats, l'objet d'une série de discussions et, éventuellement, de corrections.












« En philosophie, les élèves ont composé le 16 juin. Le 17, j'ai récupéré mes 120 copies », se souvient M. Gerboulet. Pas question pour lui de se mettre d'emblée à l'ouvrage. Comme l'explique le recteur de l'académie d'Amiens, Bernard Beignier, « la correction du baccalauréat est un travail de cordée ; pas une randonnée en solitaire ». Le premier rendez-vous est la commission d'entente, le 19 juin. « En attendant, j'ai regardé les quatre copies tests numérisées par notre inspecteur, pensé une correction et une note », explique le professeur.

Ces copies tests sont la base de discussion des commissions d'entente. « Nous étions une trentaine dans mon groupe, tous correcteurs de la même série technologique. Chacun a mis ses notes au tableau pour les quatre devoirs. L'écart maximum était de deux points… »

COMMISSION D'HARMONISATION

Rassuré sur son degré de sévérité, chacun est reparti et Nicolas Gerboulet a étalé dissertations et commentaires de texte dans son appartement. Crayon rouge en main, il a annoté ses quinze copies quotidiennes. Pour la note, il a préféré le crayon à papier. « Une note prend son sens par rapport aux autres. Je peux revenir dessus après lecture d'autres copies. D'autant qu'une note au bac n'est pas une note d'année. Un 14 dans l'année – manière de dire à l'élève qu'il doit encore progresser – devient un 16 ou un 17 sur une copie de bac. On y note au vu des attentes de fin de lycée. »

Le 26 juin, pas question pour lui de rater l'autre grand-messe : la commission d'harmonisation. M. Gerboulet y est allé avec le relevé de notes de ses 90 premières copies corrigées. C'est là que l'inspecteur rappelle à l'ordre un correcteur égaré dans une notation trop stricte. Mais, dans la petite académie d'Amiens, deux paires d'yeux scrutent en amont les résultats. « Si un correcteur met des notes très en dessous ou très au-dessus des autres, nous alertons l'inspecteur chargé de la discipline. A lui de décider s'il y a ou non problème », rappelle Sophie Luquet, la responsable du service des concours et examens du rectorat.


Frédéric Kuncze, le responsable du bac, et elle ont à coeur que tous les élèves bénéficient d'un traitement équitable. Grands organisateurs de l'examen, ils sont sûrs de l'homogénéité des lots de copies car chaque paquet provient d'au moins 16 établissements. Ce qui devrait conduire aux mêmes moyennes pour chaque correcteur. Dans le cas contraire, et si un professeur refuse d'entendre les recommandations de son inspecteur, il a toute chance d'être « oublié » l'année suivante à l'heure des convocations au bac.

LA CHASSE AUX NOTES

Après cette commission, Mme Luquet commence vite sa « chasse aux notes ». « Pour s'assurer qu'on aura tout le lundi 30 juin, j'appelle ceux qui n'ont pas rempli leurs tableaux de résultats », ajoute-t-elle. C'est le moment où M. Gerboulet jette un oeil aux moyennes de ses confrères, pour voir si son 9,2/20 ne détonne pas.

Avant la journée de délibération du 3 juillet, moment crucial où les jurys décident du sort de chaque candidat, le recteur Bernard Beignier ne ménage pas son énergie. « J'ai réuni solennellement mes 300 présidents et vice-présidents de jury pour leur rappeler l'importance de leurs délibérations. Délibérer, ce n'est pas additionner des notes. Un jury prend des décisions qui auront des conséquences sur des destins. Je demande une attention particulière pour l'attribution des mentions, la décision de donner le bac ou non », ajoute-t-il.


Cette année, M. Gerboulet a effacé six notes sur ses copies durant les délibérations pour les monter d'un point. « Il est normal qu'un élève qui a 11,8 de moyenne et un bon livret scolaire puisse passer à 12 et décrocher une mention, et qu'un autre méritant mais à 7,9 de moyenne puisse avoir 8 pour tenter le rattrapage », rappelle l'enseignant. En la matière, le jury est souverain. Mais une fois le PV de délibération signé, rien ne bouge plus. Et les notes repartent pour la DEPP, la direction de l'évaluation de la prospective et de la performance, au ministère de l'éducation, à Paris.

« AVOIR UN PAYSAGE DU BAC »

Là, les bureaux 553 et 555 du bâtiment studieux de la rue Dutot sont sur la brèche. Sylvie Le Laidier surveille les colonnes qui se remplissent. L'académie d'Amiens, bonne élève, a donné tôt ses résultats. Les notes de M.Gerboulet sont prêtes à se mêler à celles venues de tout le pays, pour ressortir en taux de réussite, en nombre de mentions. Au fur et à mesure que le rattrapage avance, Mme Le Laidier flaire la tendance de l'année, repère aussi qui va être rappelé à l'ordre.

Mercredi 9 juillet, à 23h30, il lui manque les résultats du rattrapage en Martinique.« Sur les trente académies, il est bien rare qu'il n'y ait pas un problème. On a eu l'ouragan en Martinique une année, la foudre sur le rectorat de Nancy une autre », rappelle Catherine Moisan, la directrice.

A 13h30 – 7h30 en Martinique –, jeudi 10, un coup de fil permet de récupérer les derniers chiffres. « Après, ça va vite. On lance les programmes et on obtient notre taux de réussite, notre taux de bacheliers dans une génération et toutes les moyennes dont nous avons besoin pour avoir un paysage du bac », explique Mme Le Laidier.

C'est là que le « mammouth » – surnom donné à l'administration de l'éducation par l'ex-ministre Claude Allègre – devient gazelle. En deux heures, les quatre pages de la « Note d'information sur le bac » sont rédigées, le 10juillet, et la géographie du bac 2014 cartographiée. Dans le bureau de Mme Moisan, ils sont six à corriger le texte, choisir les graphiques et imaginer les cartes qui raconteront le mieux la session 2014. Ça va vite, même si un recomptage oblige à changer quelques pourcentages en catastrophe. Et même si l'ordinateur du maquettiste rend l'âme en plein bouclage, la note d'information sort à l'heure. En hommage aux 4 000 correcteurs qui ont sué sur les copies. Et aux 624 700 reçus de la session.

Maryline Baumard
Le Monde, 11 Juillet 2014

L'université Paris-Dauphine opte définitivement pour la sélection

Alors que le débat sur la sélection a resurgi à plusieurs reprises ces dernières semaines, Paris-Dauphine persiste et signe dans sa politique. L'université, qui a entamé sa mutation en 2004 en devenant un grand établissement — lui permettant justement de sélectionner ses étudiants —, est obligée de modifier la dénomination des diplômes de licence qu'elle délivre.


Mardi 15 juillet, un conseil d'administration a voté le passage des diplômes nationaux de licence délivrés en diplômes dérogatoires de grade licence pour ses formations en premier cycle. 


Depuis 2004, Paris-Dauphine sélectionne ses étudiants en première année de licence. A l'issue des deux premières années, ces derniers entrent en L3 afin d'obtenir un diplôme national. Ces licences de troisième année sont appelées des licences suspendues.

DES DIPLÔMES DE MÊME QUALITÉ

Or, un avis du Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (Cneser) du 26 mai avait souligné l'incompatibilité entre la délivrance de diplômes nationaux de licence et la sélection à l'entrée des parcours de premier cycle. « Le ministère nous a dit que nous n'avions qu'à transformer nos licences nationales en licences d'établissement donnant le grade de licence », indique Laurent Batsch, président de Paris-Dauphine.

De fait, dans le contrat quinquennal signé avec le ministère de l'enseignement supérieur, une petite phrase permettra à l'université de se mettre en conformité avec sa politique : « L'université déposera à la Dgesip [direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle] un dossier de demande de reconnaissance de grade de licence pour ses diplômes d'établissement de premier cycle à compter de la rentrée 2015. »

Concrètement, qu'est-ce que cela change pour les étudiants ? « Rien, assure Laurent Batsch. Les étudiants pourront sans problème faire valoir leur diplôme de grade licence pour entrer en master. » L'article 613-1 du code de l'éducation dispose que « les diplômes nationaux délivrés par les établissements sont ceux qui confèrent l'un des grades ou titres universitaires dont la liste est établie par décret pris sur avis du Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche. » Et les diplômes « qui confèrent le grade » ont la même qualité que les « diplômes nationaux », mais pas la même contrainte de non-sélection.

POSSIBLE ENVOLÉE DES DROITS D'INSCRIPTION

« Toute cette affaire vient du fait que nous avons été mis en demeure de renoncer à la sélection par le Cneser. Cela nous a donc obligé à choisir entre la sélection ou modifier l'appellation de nos diplômes. Nous avons choisi », insiste Laurent Batsch.

L'UNEF-Dauphine s'inquiète d'une possible envolée des droits d'inscription. « Après l'introduction des frais progressifs liés aux revenus des familles pour de nombreux diplômes d'établissement de niveau master dès 2010 et leur augmentation significative en mars, la direction de l'établissement poursuit dans sa volonté de s'éloigner du modèle universitaire pour se rapprocher de celui d'école de commerce en imposant des diplômes aux coûts très élevés, dès le premier cycle d'études », écrit le syndicat étudiant dans un communiqué.


L'organisation promet de rester « vigilant » pour que ces modifications ne se « traduisent pas pour les étudiants par une augmentation du coûts de leur scolarité, ni par l'introduction des mêmes barèmes progressifs que ceux appliqués aux masters de Paris-Dauphine ».

En licence, les frais d'inscription s'élèvent pour l'instant à 520 euros contre 184 euros dans les autres universités. « Ce sont les départements concernés [gestion, mathématiques informatique] qui décideront d'augmenter ou pas », indique Laurent Batsch.

Nathalie Brafman
Le Monde, 18/07/2014

Magnum veut doubler ses ventes d'ici à 2020

La glace star d'Unilever vise les 2 milliards d'euros grâce à son expansion internationale et à ses nouveautés.
L'empereur de l'esquimau de luxe poursuit sa conquête du monde. Magnum vient de planter son bâton en Inde, où il est vendu depuis le printemps dernier à Bombay, Bangalore et Hyderabad. C'est le quarantième pays où est distribuée la marque phare des glaces1d'Unilever2, groupe également propriétaire de Cornetto, Carte d'Or et Ben & Jerry's.


La marque Magnum fête cette année ses 25 ans. Crédits photo : STR/AFP

Depuis 2008, Magnum s'est déployé dans quinze nouveaux pays: Brésil (2008), États-Unis (2011), puis différents pays d'Asie, dont la Chine, l'Indonésie et la Thaïlande (2012). Cette reprise de l'expansion géographique a permis à Magnum d'atteindre un rythme de croissance de 10 % annuel entre 2007 et 2013. La France reste toutefois le premier marché de Magnum (avec plus de 100 millions de chiffre d'affaires l'an passé, en croissance de 5 %), devant l'Allemagne, l'Angleterre, l'Italie et l'Australie. Partout dans le monde, les taux de croissance de Magnum (encore plus de 10 % au premier semestre 2014) sont supérieurs à ceux de la branche glaces d'Unilever.

C'est la preuve que, même en temps de crise, une marque alimentaire premium peut tirer son épingle du jeu. Magnum, qui fête cette année ses 25 ans (et s'offre pour l'occasion une série limitée de couleur argentée au marc de champagne), «est vendu à un prix 20 % plus élevé que Cornetto dans les pays matures (jusqu'à 3,50 euros l'unité à Paris) et 100 % plus élevé dans les émergents», précise Sophie Galvani, la patronne monde de Magnum.

En repartant à l'attaque de nouveaux marchés, la marque a mis fin à huit ans de glaciation, pendant lesquelles ses ventes mondiales avaient stagné. «Le chiffre d'affaires mondial a atteint 1 milliard d'euros en 2012, et nous visons la barre des 2 milliards d'ici cinq à six ans», confie Sophie Galvani. Si Unilever mise plus sur les produits de soin et d'entretien que sur l'alimentaire, le groupe tient à développer ses plus belles pépites, tels Knorr, Lipton et Magnum.
Boutiques éphémères

L'expansion internationale n'est pas le seul moteur de la reprise de la croissance de Magnum. La marque a fait évoluer ses campagnes de publicité. «Elles sont toujours axées sur le plaisir, mais plus du tout sur le côté sombre et coupable, comme en 2009, précise Sophie Galvani. Nous préférons jouer sur la part éclatante et joyeuse du plaisir.» En abandonnant la référence au sexe, Magnum s'est aussi donné le moyen de séduire le public américain…

La marque mise par ailleurs sur ses innovations, de plus en plus nombreuses: nouveaux parfums, minibatonnets, bouchées glacées, pots… De plus, Magnum ouvre chaque année plus d'une vingtaine de magasins éphémères. L'un s'est installé au cœur de Londres en début de mois. Mais il s'agit plus d'un outil promotionnel que d'un circuit de distribution supplémentaire, comme celui de Häagen-Dazs.

Pour soigner sa promotion, Magnum s'invite au Festival de Cannes depuis deux ans, où sa plage privée sur la Croisette attire des soirées de films en compétition. Pas uniquement parce que ses bâtonnets sont aussi consommés dans les salles obscures et que ses pubs mettent en scène des stars du septième art (Benicio del Toro, Eva Longoria, Kylie Minogue…). «C'est l'un des rares événements avec un retentissement aussi global, en Amérique, en Europe comme en Asie, résume Sophie Galvani. À l'ouverture du Festival, cette année, nous avons touché 55 millions de personnes sur les réseaux sociaux en 24 heures.»

Dans son combat contre les autres glaces premium, Magnum pourrait tenter de déloger Häagen-Dazs3 de Roland-Garros. Le partenariat avec la FFT, qui assure une forte visibilité à la marque de l'américain General Mills4, arrive en effet à expiration cette année.

Le Figaro, 27/07/2014

vendredi 25 juillet 2014

Le chocolat, un produit bientôt rare ?

Le prix du cacao ne cesse de grimper. La hausse est estimée à 9% depuis le début de l'année et à près de 40% sur un an. Les producteurs du monde entier ne parviennent plus à suivre face à une demande de plus en plus importante.


Le Figaro.tv




Le prix du cacao flambe, et fait grimper celui de la barre Mars

Pour la première fois depuis trois ans, le groupe américain Mars va augmenter ses prix.



Les accros au chocolat ont intérêt à faire des réserves pour préserver leur pouvoir d'achat.

Le cacao est au plus haut, et les amateurs de plaisirs gourmands vont en payer le prix. Pour la première fois depuis trois ans, le groupe américain Mars (1) va bientôt augmenter les prix de ses confiseries chocolatées (Mars, Twix, Snickers, M & M's...) de 7 % en moyenne. Pour l'instant, seuls les produits vendus en Amérique du Nord sont concernés. Un geste motivé par l'envolée du cours du cacao. Ce dernier a en effet atteint mercredi un pic de trois ans, atteignant 3204 dollars la tonne.

Hershey, rival américain de Mars et numéro un de la confiserie aux États-Unis, a lui déjà relevé les prix de ses produits chocolatés de 8 %. Il y a trois mois, le directeur financier de Nestlé (2) (KitKat, Crunch, Smarties...), Wan Ling Martello, avait également averti que le groupe «agirait sur les prix» dans son activité confiserie, sans toutefois préciser ni le timing, ni le chiffrage de la hausse.

La flambée du cours du cacao (3) s'explique par la demande grandissante, poussée par les nouveaux modes de consommation des classes moyennes en Chine, en Inde ou au Brésil, alors que l'offre de fèves stagne. La consommation dans les pays émergents, 50 grammes par an et par tête, encore très loin des 10 kg en moyenne en Europe. Mais d'ici à 2020, la demande devrait augmenter de 25 % voire 30 %, soit au minimum un million de tonnes supplémentaires, selon divers acteurs et experts du chocolat. La production de fèves, en revanche, provenant essentiellement de petites plantations situées principalement en Afrique, ne devrait augmenter que lentement.

Barry Callebaut (4), premier producteur mondial de cacao, compte aider les agriculteurs à qui il achète des fèves à améliorer le rendement de leurs plantations. Ce fournisseur de Mars, Nestlé, Ferrero, Cadbury et Mondelez a investi 8 millions d'euros l'an passé chez 4000 producteurs. Pour ne rien arranger, la situation tendue sur les prix de cette matière première incite les spéculateurs à parier sur une poursuite de la hausse du cours. Les accros au chocolat ont intérêt à faire des réserves pour préserver leur pouvoir d'achat.

Le Figaro, 25/07/2014
Par Annelot Huijgen


Liens:
1 http://plus.lefigaro.fr/tag/mars
2 http://plus.lefigaro.fr/tag/nestle
3 http://bourse.lefigaro.fr/devises-matieres-premieres/actu-conseils/le-cafe-et-le-cacao-au-plus-haut-depuis-deux-ans-1046791
4 http://plus.lefigaro.fr/tag/barry-callebaut
5 http://video.lefigaro.fr/figaro/video/le-chocolat-un-produit-bientot-rare/3230065638001/
6 http://www.lefigaro.fr/conso/2014/02/17/05007-20140217ARTFIG00054-une-penurie-de-chocolat-dans-le-monde-se-profile.php
7 http://bourse.lefigaro.fr/devises-matieres-premieres/actu-conseils/l-asie-accentue-les-risques-de-penurie-de-cacao-524050

mercredi 23 juillet 2014

30 ans de discrimination positive dans l'éducation en Inde

C'est la saison des concours d'entrée dans les universités en Inde. Ces sélections sont souvent très difficiles et connaissent une particularité: une place sur deux dans les facultés publiques sont réservées aux populations de basses castes ou tribales. L'Inde est de fait le pays qui connaît l'un des plus anciens et des plus étendus systèmes de discrimination positive au monde. Il est appliqué depuis plus de 60 ans lors des élections parlementaires et depuis plus de 30 ans dans l'éducation afin de corriger la profonde inégalité entre castes, ancrée dans la tradition hindoue. Mais ces mesures sont encore controversées. Le reportage à New Delhi du correspondant de RTSinfo Sébastien Farcis.

Candidats à l'admission au Campus Nord de New Dehli, juillet 2014.


Radio Television Suisse, 21/07/2014

La sécurité alimentaire au cœur du développement indien

Un nouveau programme doit permettre à une part plus importante de la population indienne d’accéder à des produits céréaliers.


Deuxième pays le plus peuplé du monde derrière la Chine avec 1,237 milliard d’habitants, l’Inde est celui où l’insécurité alimentaire est la plus développée, affirment l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans leurs Perspectives agricoles pour la période 2014-2023. Si le nombre de personnes sous-alimentées a chuté de 18,7 % entre 1993-1995 et 2010-2012, 213 millions d’Indiens restent néanmoins confrontés à ce problème.

Les céréales sont à l’origine de plus de la moitié des apports en calories et en protéines pour la population. La baisse de la consommation de céréales depuis le milieu des années 1990, y compris au sein des populations pauvres, réduit l’espoir de parvenir à réduire de moitié la proportion de personnes sous-alimentées à l’horizon 2015. Il s’agit d’un des Objectifs du millénaire pour le développement fixés en 2000 par l’Organisation des Nations unies. Une urbanisation accrue ainsi qu’une réallocation de certaines dépenses vers des besoins non-alimentaires expliquent cette situation. La Commission indienne de planification s’en est déjà alarmée dans le cadre de son plan pour la période 2012-2017.

Mieux distribuer les ressources agricoles

Pour l’OCDE et la FAO, la poursuite du développement de la production agricole doit s’accompagner d’une meilleure distribution des ressources et d’une meilleure efficacité des politiques d’aide afin de répondre à cette situation. La croissance du secteur agricole indien s’est fortement appréciée au cours des cinquante dernières années. La production de céréales alimentaires a notamment été multipliée par cinq entre 1950-1951 et 2013-2014, à 263 millions de tonnes (Mt). Le pays est aujourd’hui le second producteur mondial de riz et de blé.

La Loi sur la sécurité alimentaire, promulguée en septembre dernier, prévoit que chaque ménage prioritaire puisse acheter 5 kg de blé, de riz et de céréales secondaires à un prix subventionné. Les tarifs des produits sont fixés par les autorités pour une durée de trois ans. 67 % de la population, soit 834 millions de personnes, sont potentiellement éligibles à ce programme, contre 30 % pour la précédente politique d’aide, qui est progressivement remplacée par le nouveau dispositif dans les différents Etats. 75 % de la population rurale et 30 % de la population urbaine sont concernés. Des mesures spécifiques aux femmes enceintes (qui bénéficieront d’allocations afin d’acheter des produits alimentaires supplémentaires) et aux enfants sont incluses dans cette loi, qui prévoit une refonte du système de distribution basée sur la biométrie et une publicité des listes de familles éligibles.

La mise en œuvre de la loi suppose un accroissement des achats publics de céréales, qui engendreront notamment des besoins supplémentaires en stockage et en transport. 70 Mt de céréales devraient être distribuées chaque année, 54,9 Mt étant distribuées annuellement aux Etats, d’autres programmes de protection sociale et les stocks de régulation assurant le solde. 

Pour l’OCDE et la FAO, l’accès d’une plus importante partie de la population à des céréales bénéficiant de prix subventionnés pose la question de l’impact de la mesure : les deux organismes estiment qu’une augmentation à la marge des achats céréaliers par les ménages n’est pas à l’ordre du jour, les ménages concernés préférant bénéficier des revenus supplémentaires induits par les économies réalisées. Le nouveau dispositif représenterait par ailleurs une dépense de 1100 milliards de roupies (163 milliards d’euros) en 2014. Cette somme devrait grimper de 18 % d’ici à 2023.

L'Usine Nouvelle, 22/07/2014

lundi 21 juillet 2014

L'Inde veut sortir son secteur autoroutier du marasme

La relance de la construction d'autoroutes fait partie des priorités du nouveau gouvernement de New Delhi.
Les entreprises privées, notamment françaises, sont à l'affût d'opportunités sur ce marché potentiellement immense.


Construction d'une autoroute aérienne à New Delhi. 

Mettre en place un plan d'action « rapide et étroitement contrôlé » pour la mise en oeuvre du programme national d'autoroutes : telle est l'une des priorités du nouveau gouvernement indien. Et pour cause, les colossales ambitions de l'Inde en matière de construction d'autoroutes ont fait long feu.

Au début de la décennie, il s'agissait de construire 20 kilomètres d'autoroutes par jour. Ce programme, unique au monde par son ampleur, reposait sur un appel massif aux capitaux privés. Mais, très vite, l'enthousiasme est retombé jusqu'à ramener le programme au point mort. Durant l'année fiscale 2013-2014 (close fin mars), pas un seul projet de partenariat public-privé (PPP) n'a été attribué… faute de candidats !

Plusieurs raisons expliquent cette débâcle. Croyant y voir un eldorado, de nombreuses entreprises de BTP se sont ruées sur le marché, pensant qu'elles « allaient gagner beaucoup d'argent dans la construction d'autoroute, sans rien connaître à la gestion de concession », constate un industriel du secteur. Résultat, elles ont souvent bâti leurs offres sur des prévisions de croissance totalement irréalistes. Dans l'euphorie ambiante, les banques nationalisées ont accordé des lignes de crédit considérables à des projets non viables. Face à l'explosion des mauvais risques, elles ont fermé les robinets du crédit.
Des retards considérables

En outre, du fait des tracasseries administratives, les projets d'autoroutes ont accumulé des retards considérables, évalués par l'agence de notation Crisil à 10,5 mois en moyenne, avec une nette aggravation depuis deux ans. Dans ce paysage sinistré, des dizaines de promoteurs, financièrement étranglés, cherchent à vendre leurs projets.

En fait, tout le secteur espère les initiatives promises par le gouvernement du nouveau Premier ministre, Narendra Modi, connu pour son attachement aux infrastructures, notamment en matière de simplification des autorisations et des achats de terrains, de mode de fonctionnement des contrats PPP, etc.

En attendant, le marché autoroutier suscite quand même l'intérêt de plusieurs acteurs français. La société d'ingénierie Egis fournit, par exemple, une vaste gamme de prestations aux différents acteurs (lire l'interview ci-dessous). Le groupe de BTP Vinci, qui a tenté en vain voici quelques années d'obtenir des concessions avec le groupe indien HCC, étudie lui, selon nos informations, une entrée sur marché via le rachat de concessions existantes.

Les Echos, 24/06/2014

Modi tente de relancer l’économie indienne sans faire déraper le déficit

Pour son budget, le nouveau gouvernement cherche une voie entre soutien de l’économie et maîtrise du déficit public. Les privatisations vont s’accélérer.


Le gouvernement indien a présenté son premier budget devant le parlement

Pour son budget, le nouveau gouvernement cherche une voie entre soutien de l’économie et maîtrise du déficit public. Les privatisations vont s’accélérer.

Remettre l’économie indienne sur les rails tout en tenant compte d’une situation budgétaire dégradée  : c’est l’exercice périlleux auquel s’est livré le gouvernement de Narendra Modi, hier, à l’occasion de la présentation de son premier budget depuis son arrivée au pouvoir en mai dernier.

Soulignant que c’est « l’exaspération » du peuple vis-à-vis de l’immobilisme économique qui est à l’origine de la victoire du parti hindouiste nationaliste BJP au printemps, Arun Jaitley, ministre des Finances, a présenté un budget rectificatif pour le reste de l’exercice 2014-2015 (du 1er avril au 31 mars) qui ambitionne de remettre le pays sur la voie de la croissance. Après deux années de suite en dessous de 5 % de croissance annuelle, le nouveau gouvernement veut revenir dans la zone des 7 % à 8 % d’ici trois à quatre ans. Une ambition jugée plausible par les économistes mais qui demeure très en retrait des plus de 9 % enregistrés à plusieurs reprises dans les années 2000.

La difficulté pour le gouvernement, c’est la situation des finances publiques. Alors que tout le monde s’attendait à ce qu’il lâche un peu de lest, Arun Jaitley a annoncé qu’il conservait l’objectif défini précédemment d’un retour du déficit public à 4,1 % du PIB (contre 4,6 % en 2013-2014), avant d’arriver à 3 % en 2016-2017. Un objectif qu’il a qualifié « d’extrêmement difficile » : de fait, près de la moitié du déficit annuel prévisionnel a déjà été atteint sur les deux premiers mois de l’exercice en cours…
Restaurer la confiance des investisseurs

En outre, pour stimuler l’activité, le budget prévoit des mesures pour les investissements dans les infrastructures, l’énergie, l’immobilier, l’agriculture, etc. Afin de restaurer la confiance des investisseurs, le ministre des Finances s’est engagé à ne pas recourir en temps normal à des taxations rétroactives. Le conflit qui oppose depuis des années l’opérateur télécoms britannique Vodafone au gouvernement indien, qui n’avait pas hésité à changer la loi fiscale avec effet rétroactif sur des dizaines d’années après avoir perdu tous ses recours devant la Cour suprême, a fortement dégradé l’image de l’Inde dans l’esprit des investisseurs. Arun Jaitley n’a cependant pas décidé d’annuler la loi rétroactive qui avait été passée par le gouvernement précédent.

Côté recettes, le gouvernement va relancer le projet de système national d’impôt indirect, sorte de TVA unifiée à l’échelle de l’Inde. En discussion depuis des années, cette GST (Goods and Services Tax) est susceptible de stimuler fortement l’activité en créant un véritable marché unique intérieur, mais se heurte à l’hostilité des Etats, qui craignent pour leur autonomie fiscale. Arun Jaitley a assuré qu’une solution serait trouvée d’ici à la fin de l’année.

Pour boucler son budget, le gouvernement mise sur une multiplication par quatre des privatisations par rapport à l’exercice précédent. Les trois agences de notation Fitch, S & P et Moody’s se sont malgré tout interrogées, hier, sur la façon dont le gouvernement réussira à effectivement réduire son déficit.

Globalement séduits par le discours pro-investissement du ministre, mais regrettant l’imprécision de certaines annonces, les marchés ont oscillé pendant la journée entre hausses et baisses avant de conclure « en très léger repli ».

Les Echos, 10/07/2014

France : l’inflation à son plus bas depuis 2009

Les prix à la consommation sont restés stables en juin, mais leur progression sur un an s’inscrit à 0,5%, soit le plus bas niveau depuis novembre 2009.


Les prix à la consommation sont restés stables en juin en France

La production industrielle a chuté de 1,7% sur un mois, en mai, après un petit rebond de 0,3% en avril, constituant une très mauvaise nouvelle pour les perspectives de croissance au 2e trimestre, a annoncé l’Insee jeudi. La production dans le seul secteur manufacturier a elle chuté de 2,3% après un mois d’avril stable (chiffre révisé), a précisé l’Institut national de la statistique et des études économiques dans un communiqué.

L’Institut a enregistré un net fléchissement dans le textile, le cuir, l’habillement et la chaussure (-9,2%), et dans une moindre mesure dans la métallurgie et produits métalliques (-2,6%). Toujours sur un mois, la baisse s’accentue aussi en mai par rapport à avril dans les équipements électriques (-4,9%). La production diminue également très fortement dans les autres matériels de transport (-6,1%) ainsi que dans la cokéfaction et le raffinage (-8,4%).

Du côté de l’inflation, les prix à la consommation sont restés stables en juin en France. Leur progression, sur un an, s’inscrivant à 0,5%, soit le plus bas niveau depuis novembre 2009, contre 0,7% un mois plus tôt. Ce chiffre tombe à 0,3% hors tabac.

Les Echos, 10/07/2014

Les litiges liés aux ruptures de contrat s’envolent

Quelque 44% des directeurs juridiques et avocats interrogés estiment que le nombre de litiges a augmenté depuis 2012.



Dans un contexte de plus en plus dur, les entreprises privilégient des modes de résolution de conflit alternatifs, permettant d’aboutir plus rapidement à une solution.

Les entreprises sont aujourd’hui confrontées, en moyenne, à33 contentieux économiques par an. Un chiffre stable par rapport à 2012, mais qui ne traduit pas nécessairement la réalité de relations commerciales en plein durcissement, selon une étude récente du cabinet de conseil Eight Advisory (1) sur l’expertise financière dans les litiges économiques. Ainsi, « les secteurs du "business to consumer" sont vecteurs de litiges notamment en raison des dispositifs de protection des consommateurs et de leur renforcement. Dans le "Business to Business", du fait du durcissement des relations commerciales et de la situation économique dégradée, nous assistons à un accroissement des litiges liés aux ruptures de contrat, à des faits de concurrence déloyale et aux entreprises en difficulté », note Eight Advisory.

De fait, quelque 44% des directeurs juridiques et avocats interrogés estiment que le nombre de litiges a augmenté depuis 2012. Et les professionnels s’attendent à encore davantage de conflits dans des domaines comme les « class actions » (actions de groupe) ou les ruptures de contrats ou de pourparlers, la concurrence déloyale, ou encore la propriété intellectuelle. En outre, l’ambiance a changé. « Sur le fond, les contentieux sont aujourd’hui beaucoup plus durs car guidés, dans un certain nombre de cas, par une part de mauvaise foi, suscitée par des difficultés financières ou par des choix stratégiques concurrentiels », indique Céline Leroy, associée en charge de l’activité Litigation & Forensic chez Eight Advisory, et qui a porté l’étude.
L’essor du règlement à l’amiable

Si les procédures judiciaires sont encore très nombreuses, les entreprises souhaitent de plus en plus privilégier les modes alternatifs de résolution des conflits, ou « MARCs », négociation amiable, médiation ou arbitrage, avant tout pourleur rapidité. « Les procédures judiciaires sont longues, coûteuses et le résultat reste aléatoire. L’arbitrage, de par son coût, est souvent disproportionné par rapport au montant du litige. Au contraire, les modes de résolution amiable comme la médiation et la négociation amiable (notamment le droit collaboratif) permettent aux parties en conflit de devenir acteur de la solution de leur litige. La solution négociée permet de surcroît de ne pas rompre définitivement les liens commerciaux, ce qui peut s’avérer particulièrement utile pour certains partenaires ou associés. », explique ainsi un avocat cité en verbatim dans l’étude.

Une tendance qui devrait faire réfléchir les directions juridiques, selon Denis Musson, Président du Cercle Montesquieu, qui souligne que les entreprises sont confrontées à « la nécessité de négocier vite plutôt que batailler des années durant ».
L’importance de l’expertise financière

Quel que soit le mode de résolution de conflit choisi, la place de l’expertise financière apparaît aujourd’hui de plus en plus centrale dans les litiges économiques. Ainsi, une majorité (69%) des répondants considère que l’expertise financière occupe désormais une place centrale dans la décision rendue lors de contentieux économiques. « L’expertise financière permet de sortir de l’émotionnel et de poser les bases d’une discussion en présentant des données chiffrées et documentées. Sans être systématique, l’intervention d’un expert financier est aujourd’hui primordiale », estime Eight Advisory.

Dans la pratique, le choix de l’expert financier se fait sur trois principaux critères : la pertinence du chiffrage, évidemment, citée à 97%, mais aussi sa capacité à contribuer audéveloppement d’un argumentaire pertinent et fiable et, enfin, sa capacité à organiser et vulgariser une démonstration pour la rendre audible par le décisionnaire final (le juge, l’arbitre, l’autre partie…), externe à l’entreprise et, dans bon nombre de cas, au sujet. D’autant que les sujets à traiter sont de plus en plus pointus.

(1) - Menée sous la direction de Céline Leroy, associée en charge de l’activité Litigation & Forensic chez Eight Advisory, et en partenariat avec le Cercle Montesquieu, l’étude s’appuie sur un questionnaire d’une quarantaine d’items, administré par internet, selon la méthodologie CAWI du 12 mars au 4 avril 2014. 135 personnes (48 directeurs juridiques, 74 avocats et 13 juges) ont répondu.

Les Echos, 9/07/2014

Comment le PMU veut conquérir de nouveaux parieurs

L'entreprise historique de paris hippiques teste trois nouveaux concepts de points de vente.


Les parieurs aguerris retrouveront les bornes de pari habituelles dans une ambiance populaire, mais plus moderne.

Dans un contexte économique difficile sur le marché des paris hippiques, le PMU n'entend pas forcément changer de cheval. A l'heure du numérique, l'opérateur historique ne renonce pas à ses points de vente. Dans le cadre de sa stratégie 2020, il a déjà investi 130 millions d'euros pour faire évoluer son réseau physique, à l'origine de 83 % de son chiffre d'affaires. L'ambition du PMU est au final de proposer un service moderne à fort contenu technologique afin d'attirer les nouveaux parieurs.

Le PMU part à « la conquête d'une nouvelle clientèle par la diversification de l'offre », explique Xavier Hürstel, son directeur général délégué. Trois nouvelles approches du pari hippique sont testées dans pas moins de trente-quatre villes, en vue d'un déploiement sur l'ensemble du réseau dès 2015. Le premier concept, « PMU », vise à rassurer les turfistes aguerris. Aux guichets, ils retrouvent les services habituels : bornes de pari, la chaîne Equidia en direct, plus une offre numérique via des écrans tactiles. « Nous avons souhaité créer un PMU populaire de proximité, mais moderne »,commente Xavier Hürstel.
Ambiance casino

La deuxième offre « happy PMU » s'adresse aux parieurs néophytes. Il s'agit, dans une ambiance plus conviviale et des enseignes teintées de rose d'attirer une nouvelle clientèle, féminine notamment. Les codes et couleurs de la marque ont été simplifiés afin de séduire une population jeune n'ayant jamais parié avec PMU. L'ambiance et l'animation ludique se rapprochent d'un univers « casino », plus accessible au grand public. Comme en témoigne la « Racing machine » destinée à guider les parieurs inexpérimentés et à les familiariser aux courses hippiques en s'amusant.

Enfin, « PMU express » doit permettre aux turfistes de parier en toute simplicité et rapidement dans un relais-tabac ou dans une gare. On y retrouve les interfaces « PMU classique » et « happy PMU ». Ce concept s'inscrit « dans une logique de praticité qui répond aux deux clientèles », explique Xavier Hürstel. Par ailleurs, l'opérateur a lancé fin 2013 son application pour smartphones « MyPMU » et restructuré son site Internet où figurent désormais des informations pratiques concernant les points de vente, les cotes hippiques en temps réel ainsi que l'accès aux paris. « L'appli permet d'accompagner le client au point de vente », conclut Xavier Hürstel avec l'espoir de réunir le meilleur des deux mondes.

Les Echos, 11/07/2014

Hermès confiant malgré l’impact des devises

La croissance du groupe a ralenti au deuxième trimestre. La marge opérationnelle sera en léger retrait du fait des taux de change.


Axel Dumas, le président exécutif d’Hermès, reste confiant sur les perspectives de croissance du groupe de luxe, malgré l’impact négatif des taux de change

Après trois années euphoriques, Hermès a laissé poindre vendredi quelques signes de ralentissement, même si son Président exécutif, Axel Dumas, reste très confiant pour la suite. Sur le premier semestre, les revenus du célèbre fabricant des carrés de soie et des sacs Birkin ont atteint 1,9 milliard d’euros, en croissance de 7,9 % (12 % à taux de change constant). La performance est plutôt soutenue, mais elle est surtout due au trois premiers mois de l’année.

D’avril à juin, Hermès a connu une forte décélération aux Etats-Unis et au Japon. Deux marchés très importants pour lesquels Axel Dumas a tenu à rassurer immédiatement. Il a mis en avant un « effet de répartition des stocks » en Amérique et d’anticipation au Japon dû à un relèvement de laTVA début avril dans le premier marché du groupe à l’étranger.

Sur la période, le tassement concerne tous les métiers, hormis les arts de la table ou la bijouterie. La maroquinerie-sellerie, activité phare d’Hermès, a progressé de 5,7 %, contre 10 % sur le premier trimestre. Même tendance pour le prêt à porter et les accessoires de mode (8,8 % contre 14,3 %), ou encore les produits de soie (5 % contre 9 %). En retrait de 15 %, les ventes de montres ont accusé le coup en Chine notamment. « Nous devons travailler avec attention sur le pôle horloger, Hermès doit mieux faire », a reconnu Axel Dumas, cité par l’AFP.
Taux de change : la seule incertitude

« La seule vraie incertitude, c’est l’impact des devises », a-t-il estimé. Sur le premier semestre, l’évolution des taux de change a coûté 73 millions d’euros de chiffre d’affaires, lequel devrait dépasser les 4 milliards pour la première fois cette année. Pour l’ensemble de l’exercice, les effets négatifs du yen et du dollar sur l’euro atteindront 100 millions. Du coup, le sellier prévoit une marge opérationnelle en léger retrait sur les six premiers mois de l’année, même si elle devrait rester proche du record historique de 2013 (32,4 %).

Dans la foulée de ces annonces, Hermès était à la peine vendredi à la Bourse de Paris, cédant jusqu’à 3 % en début de séance pour se reprendre ensuite (-1,08 % à la clôture). L’action a pâti d’une croissance inférieure aux attentes sur le deuxième trimestre. Le secteur du luxe a également souffert de la menace d’un renforcement des sanctions économiques à l’encontre de Moscou du fait de la crise en Ukraine.

Les Echos, le 20/07/2014