lundi 21 juillet 2014

Modi tente de relancer l’économie indienne sans faire déraper le déficit

Pour son budget, le nouveau gouvernement cherche une voie entre soutien de l’économie et maîtrise du déficit public. Les privatisations vont s’accélérer.


Le gouvernement indien a présenté son premier budget devant le parlement

Pour son budget, le nouveau gouvernement cherche une voie entre soutien de l’économie et maîtrise du déficit public. Les privatisations vont s’accélérer.

Remettre l’économie indienne sur les rails tout en tenant compte d’une situation budgétaire dégradée  : c’est l’exercice périlleux auquel s’est livré le gouvernement de Narendra Modi, hier, à l’occasion de la présentation de son premier budget depuis son arrivée au pouvoir en mai dernier.

Soulignant que c’est « l’exaspération » du peuple vis-à-vis de l’immobilisme économique qui est à l’origine de la victoire du parti hindouiste nationaliste BJP au printemps, Arun Jaitley, ministre des Finances, a présenté un budget rectificatif pour le reste de l’exercice 2014-2015 (du 1er avril au 31 mars) qui ambitionne de remettre le pays sur la voie de la croissance. Après deux années de suite en dessous de 5 % de croissance annuelle, le nouveau gouvernement veut revenir dans la zone des 7 % à 8 % d’ici trois à quatre ans. Une ambition jugée plausible par les économistes mais qui demeure très en retrait des plus de 9 % enregistrés à plusieurs reprises dans les années 2000.

La difficulté pour le gouvernement, c’est la situation des finances publiques. Alors que tout le monde s’attendait à ce qu’il lâche un peu de lest, Arun Jaitley a annoncé qu’il conservait l’objectif défini précédemment d’un retour du déficit public à 4,1 % du PIB (contre 4,6 % en 2013-2014), avant d’arriver à 3 % en 2016-2017. Un objectif qu’il a qualifié « d’extrêmement difficile » : de fait, près de la moitié du déficit annuel prévisionnel a déjà été atteint sur les deux premiers mois de l’exercice en cours…
Restaurer la confiance des investisseurs

En outre, pour stimuler l’activité, le budget prévoit des mesures pour les investissements dans les infrastructures, l’énergie, l’immobilier, l’agriculture, etc. Afin de restaurer la confiance des investisseurs, le ministre des Finances s’est engagé à ne pas recourir en temps normal à des taxations rétroactives. Le conflit qui oppose depuis des années l’opérateur télécoms britannique Vodafone au gouvernement indien, qui n’avait pas hésité à changer la loi fiscale avec effet rétroactif sur des dizaines d’années après avoir perdu tous ses recours devant la Cour suprême, a fortement dégradé l’image de l’Inde dans l’esprit des investisseurs. Arun Jaitley n’a cependant pas décidé d’annuler la loi rétroactive qui avait été passée par le gouvernement précédent.

Côté recettes, le gouvernement va relancer le projet de système national d’impôt indirect, sorte de TVA unifiée à l’échelle de l’Inde. En discussion depuis des années, cette GST (Goods and Services Tax) est susceptible de stimuler fortement l’activité en créant un véritable marché unique intérieur, mais se heurte à l’hostilité des Etats, qui craignent pour leur autonomie fiscale. Arun Jaitley a assuré qu’une solution serait trouvée d’ici à la fin de l’année.

Pour boucler son budget, le gouvernement mise sur une multiplication par quatre des privatisations par rapport à l’exercice précédent. Les trois agences de notation Fitch, S & P et Moody’s se sont malgré tout interrogées, hier, sur la façon dont le gouvernement réussira à effectivement réduire son déficit.

Globalement séduits par le discours pro-investissement du ministre, mais regrettant l’imprécision de certaines annonces, les marchés ont oscillé pendant la journée entre hausses et baisses avant de conclure « en très léger repli ».

Les Echos, 10/07/2014

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