mardi 29 juillet 2014

L'université Paris-Dauphine opte définitivement pour la sélection

Alors que le débat sur la sélection a resurgi à plusieurs reprises ces dernières semaines, Paris-Dauphine persiste et signe dans sa politique. L'université, qui a entamé sa mutation en 2004 en devenant un grand établissement — lui permettant justement de sélectionner ses étudiants —, est obligée de modifier la dénomination des diplômes de licence qu'elle délivre.


Mardi 15 juillet, un conseil d'administration a voté le passage des diplômes nationaux de licence délivrés en diplômes dérogatoires de grade licence pour ses formations en premier cycle. 


Depuis 2004, Paris-Dauphine sélectionne ses étudiants en première année de licence. A l'issue des deux premières années, ces derniers entrent en L3 afin d'obtenir un diplôme national. Ces licences de troisième année sont appelées des licences suspendues.

DES DIPLÔMES DE MÊME QUALITÉ

Or, un avis du Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (Cneser) du 26 mai avait souligné l'incompatibilité entre la délivrance de diplômes nationaux de licence et la sélection à l'entrée des parcours de premier cycle. « Le ministère nous a dit que nous n'avions qu'à transformer nos licences nationales en licences d'établissement donnant le grade de licence », indique Laurent Batsch, président de Paris-Dauphine.

De fait, dans le contrat quinquennal signé avec le ministère de l'enseignement supérieur, une petite phrase permettra à l'université de se mettre en conformité avec sa politique : « L'université déposera à la Dgesip [direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle] un dossier de demande de reconnaissance de grade de licence pour ses diplômes d'établissement de premier cycle à compter de la rentrée 2015. »

Concrètement, qu'est-ce que cela change pour les étudiants ? « Rien, assure Laurent Batsch. Les étudiants pourront sans problème faire valoir leur diplôme de grade licence pour entrer en master. » L'article 613-1 du code de l'éducation dispose que « les diplômes nationaux délivrés par les établissements sont ceux qui confèrent l'un des grades ou titres universitaires dont la liste est établie par décret pris sur avis du Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche. » Et les diplômes « qui confèrent le grade » ont la même qualité que les « diplômes nationaux », mais pas la même contrainte de non-sélection.

POSSIBLE ENVOLÉE DES DROITS D'INSCRIPTION

« Toute cette affaire vient du fait que nous avons été mis en demeure de renoncer à la sélection par le Cneser. Cela nous a donc obligé à choisir entre la sélection ou modifier l'appellation de nos diplômes. Nous avons choisi », insiste Laurent Batsch.

L'UNEF-Dauphine s'inquiète d'une possible envolée des droits d'inscription. « Après l'introduction des frais progressifs liés aux revenus des familles pour de nombreux diplômes d'établissement de niveau master dès 2010 et leur augmentation significative en mars, la direction de l'établissement poursuit dans sa volonté de s'éloigner du modèle universitaire pour se rapprocher de celui d'école de commerce en imposant des diplômes aux coûts très élevés, dès le premier cycle d'études », écrit le syndicat étudiant dans un communiqué.


L'organisation promet de rester « vigilant » pour que ces modifications ne se « traduisent pas pour les étudiants par une augmentation du coûts de leur scolarité, ni par l'introduction des mêmes barèmes progressifs que ceux appliqués aux masters de Paris-Dauphine ».

En licence, les frais d'inscription s'élèvent pour l'instant à 520 euros contre 184 euros dans les autres universités. « Ce sont les départements concernés [gestion, mathématiques informatique] qui décideront d'augmenter ou pas », indique Laurent Batsch.

Nathalie Brafman
Le Monde, 18/07/2014

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