La baisse du prix du pétrole devrait réduire l'inflation de 0,5 point cette année. Autant de pris pour les ménages.
Le PIB de la France a peut-être fait du surplace au deuxième trimestre mais, depuis cet été, l'économie de l'Hexagone dispose d'une nouvelle bouffée d'oxygène. Libellé en euros, le prix du baril de pétrole a reculé de près de 35 % depuis début juin. Le premier effet de cette chute est d'améliorer les comptes extérieurs de la France. En tenant compte de la baisse intervenue depuis le début de l'année 2015, le pays économisera environ 15 milliards d'euros sur sa facture énergétique, selon les calculs effectués par Coe-Rexecode. Ainsi, le déficit de la balance commerciale pourrait approcher 40 milliards d'euros cette année, ce qui serait alors le chiffre le plus bas depuis dix ans.
Ces 15 milliards d'euros seront partagés entre les ménages, les entreprises et, de façon plus marginale, l'Etat. « Si l'on fait l'hypothèse que le prix du baril de pétrole restera au niveau de 43 dollars, alors l'inflation reculera de 0,5 point sur l'année 2015 par rapport à ce qu'elle aurait été si le prix du baril n'avait pas bougé », décrypte Denis Ferrand, directeur général de COE-Rexecode. « Cela représente un effet positif de 6 milliards d'euros sur le pouvoir d'achat des ménages en 2015. » Une somme appréciable dans un contexte où les salaires augmentent moins vite en France depuis quelques années, en raison de la hausse du chômage. Conséquence, le pouvoir d'achat devrait progresser rapidement et les économistes s'attendent à ce que la consommation grimpe de 1,7 % cette année. Celle-ci devrait tirer l'activité et devrait être le moteur de la croissance française, en tout cas plus que l'investissement public ou privé.
Les autres grands bénéficiaires de la baisse du prix du pétrole sont les entreprises, qui paieront moins cher le carburant, le chauffage et le pétrole quand cette matière première entre dans la fabrication de leurs produits. Comme elles vont aussi profiter de la montée en puissance du Crédit d'impôt pour l'emploi et la compétitivité (Cice) et des baisses de charges sociales liées au Pacte de responsabilité du gouvernement, leurs marges devraient grimper fortement en 2015. Toutefois, « il est difficile d'estimer l'effet favorable sur les entreprises car cela dépend des secteurs et de la politique de marges des différentes entreprises. Elles peuvent décider de baisser le prix de leurs produits ou alors de garder pour elles la baisse des coûts pour restaurer leurs marges pour réinvestir ou embaucher par la suite », explique Benoît Heitz, économiste à la Société Générale.
Quant à l'Etat, il profite, pour ses achats, de l'accès de faiblesse de l'or noir, puisque l'essence sera moins chère. Les taxes sur le carburant étant assises sur le volume et non pas la valeur, les recettes fiscales ne sont pas affectées, sauf via la TVA qui varie en fonction du prix d'un litre d'essence. Mais, d'un autre côté, c'est la baisse du prix du pétrole qui nourrit la reprise, ce qui entraîne de meilleures rentrées fiscales. Difficile donc d'en conclure que la chute du pétrole est défavorable à l'Etat.
Les Echos, 30/08/2015