lundi 31 août 2015

Un sacré coup de pouce au pouvoir d'achat

La baisse du prix du pétrole devrait réduire l'inflation de 0,5 point cette année. Autant de pris pour les ménages.



Le PIB de la France a peut-être fait du surplace au deuxième trimestre mais, depuis cet été, l'économie de l'Hexagone dispose d'une nouvelle bouffée d'oxygène. Libellé en euros, le prix du baril de pétrole a reculé de près de 35 % depuis début juin. Le premier effet de cette chute est d'améliorer les comptes extérieurs de la France. En tenant compte de la baisse intervenue depuis le début de l'année 2015, le pays économisera environ 15 milliards d'euros sur sa facture énergétique, selon les calculs effectués par Coe-Rexecode. Ainsi, le déficit de la balance commerciale pourrait approcher 40 milliards d'euros cette année, ce qui serait alors le chiffre le plus bas depuis dix ans.

Ces 15 milliards d'euros seront partagés entre les ménages, les entreprises et, de façon plus marginale, l'Etat. « Si l'on fait l'hypothèse que le prix du baril de pétrole restera au niveau de 43 dollars, alors l'inflation reculera de 0,5 point sur l'année 2015 par rapport à ce qu'elle aurait été si le prix du baril n'avait pas bougé », décrypte Denis Ferrand, directeur général de COE-Rexecode. « Cela représente un effet positif de 6 milliards d'euros sur le pouvoir d'achat des ménages en 2015. » Une somme appréciable dans un contexte où les salaires augmentent moins vite en France depuis quelques années, en raison de la hausse du chômage. Conséquence, le pouvoir d'achat devrait progresser rapidement et les économistes s'attendent à ce que la consommation grimpe de 1,7 % cette année. Celle-ci devrait tirer l'activité et devrait être le moteur de la croissance française, en tout cas plus que l'investissement public ou privé.

Les autres grands bénéficiaires de la baisse du prix du pétrole sont les entreprises, qui paieront moins cher le carburant, le chauffage et le pétrole quand cette matière première entre dans la fabrication de leurs produits. Comme elles vont aussi profiter de la montée en puissance du Crédit d'impôt pour l'emploi et la compétitivité (Cice) et des baisses de charges sociales liées au Pacte de responsabilité du gouvernement, leurs marges devraient grimper fortement en 2015. Toutefois, « il est difficile d'estimer l'effet favorable sur les entreprises car cela dépend des secteurs et de la politique de marges des différentes entreprises. Elles peuvent décider de baisser le prix de leurs produits ou alors de garder pour elles la baisse des coûts pour restaurer leurs marges pour réinvestir ou embaucher par la suite », explique Benoît Heitz, économiste à la Société Générale.

Quant à l'Etat, il profite, pour ses achats, de l'accès de faiblesse de l'or noir, puisque l'essence sera moins chère. Les taxes sur le carburant étant assises sur le volume et non pas la valeur, les recettes fiscales ne sont pas affectées, sauf via la TVA qui varie en fonction du prix d'un litre d'essence. Mais, d'un autre côté, c'est la baisse du prix du pétrole qui nourrit la reprise, ce qui entraîne de meilleures rentrées fiscales. Difficile donc d'en conclure que la chute du pétrole est défavorable à l'Etat.

Les Echos, 30/08/2015

Après le trou d'air du printemps, une reprise modérée se dessine à nouveau

Le moral des chefs d'entreprise est au plus haut depuis quatre ans. De quoi rassurer Bercy après la croissance zéro du deuxième trimestre.



Les patrons retrouvent le moral.

Calculé par l'Insee, qui interroge chaque mois 10.000 chefs d'entreprise sur leur ressenti de la conjoncture économique, le climat des affaires se situe à 100 points en août, c'est-à-dire exactement à sa moyenne de long terme.
En clair, les patrons commencent à voir l'avenir un peu plus rose qu'avant. Certes, l'amélioration est faible - l'indice de l'Insee n'a progressé que de 1 point en un mois - et « la barre des 100 points n'est pas un chiffre magique, c'est un seuil statistique », souligne Benoît Heitz, économiste à la Société Générale. Mais la dynamique, elle, reste positive. Le climat des affaires a grimpé de 6 points depuis le début de l'année et atteint désormais son plus haut depuis l'été 2011.

Plus en détail, la confiance des industriels est désormais bien installée au-dessus de sa moyenne de long terme, à 103 points. La baisse du prix du pétrole et la reprise chez nos voisins européens expliquent cet optimisme. Les chefs d'entreprises industrielles voient que leurs carnets de commandes se remplissent et jugent que les perspectives de production sont désormais favorables. Dans le commerce de détail aussi, le moral est bon, tiré, là encore, par la progression du pouvoir d'achat des ménages. Même dans les services, les chefs d'entreprise ne dépriment plus. Seuls les patrons du bâtiment broient encore du noir.

« L'enquête de l'Insee conforte l'idée que la croissance nulle au deuxième trimestre n'était qu'un trou d'air », estime Jean-Baptiste Pethe, économiste chez Exane BNP Paribas. Selon une récente étude du Trésor, un niveau de 100 pour le climat des affaires correspond à une croissance du PIB de 0,35 % en moyenne par trimestre, soit un peu plus de 1 % en rythme annuel. D'ailleurs, le ministre des Finances, Michel Sapin, a vu dans ces enquêtes la preuve que « la reprise se diffuse dans l'économie ». Cet indicateur « conforte notre prévision de croissance de 1 % en 2015, avec des créations d'emplois qui redémarrent progressivement », estime-t-il.

Une amélioration fragile

Comment expliquer ce retour d'optimisme chez les chefs d'entreprise ? « La reprise s'affermit en zone euro, même si elle reste fragile », note Benoît Heitz. « Ensuite, la baisse du prix des matières premières en général, et du pétrole en particulier, est positive pour l'activité. Elle va redonner du pouvoir d'achat aux ménages et permettre aux entreprises de baisser leurs coûts. Enfin, la baisse des prélèvements sur les entreprises est aussi bénéfique. Les meilleures perspectives de demande et l'amélioration des conditions de l'offre permettent d'anticiper une reprise, qui restera toutefois modeste », poursuit-il.

L'ampleur de la reprise fait encore débat. Interrogés par l'Insee, les industriels ont indiqué avoir revu à la baisse leurs investissements. Ceux-ci devraient progresser de seulement 2 %, contre 7 % de hausse attendus en avril dernier. Or, l'investissement doit prendre le relais de la consommation pour tirer l'activité lors des prochains trimestres. C'est la preuve que l'amélioration de la conjoncture reste fragile.

Les Echos, 28/08/15

Chars et offrandes à la spectaculaire fête hindoue de Ganesh à Paris

Des fidèles hindous s'apprêtent à tirer un char lors de la fête du dieu Ganesh, le 30 août 2015 dans le quartier de La Chapelle à Paris


Sur le bitume lavé à l'eau de rose safranée, une foule impressionnante se place sous la protection du dieu Ganesh: les Tamouls ont fêté dimanche à Paris la 20e édition d'une procession haute en couleur, l'un des signes les plus visibles de la présence hindoue en France.

Tout un quartier du nord de Paris, celui de la Chapelle, se transforme chaque année en petite ville indienne à l'occasion de la fête de Ganesh, le fils de Shiva, symbole de sagesse, d'intelligence, d'éducation et de prudence, avec sa tête d'éléphant sur un corps d'enfant et son unique défense.

La procession associe une foule compacte et hétéroclite de près de 50.000 personnes, selon les organisateurs. Elle mêle hindous originaires du sud de l'Inde, du Sri Lanka et de l'océan Indien, Européens arrivés au "néo-hindouisme" par le yoga, amoureux de l'Asie du Sud, touristes, riverains ou badauds immortalisant au smartphone un festival de couleurs, de danses et de chants.

Le défilé est rythmé par le passage des chars parés de fruits dont le premier, avec sa statut de Ganesh, le dieu le plus vénéré, est porté par des hommes au torse nu en signe de respect. De petits autels chargés d'offrandes (bananes, bâtons d'encens...) sont disposés sur les trottoirs. Des fidèles cassent des noix de coco en les jetant au sol pour chasser le mauvais oeil et l'ego. En hommage aux dieux, des femmes brandissent des pots contenant du camphre enflammé.

Le fête parisienne de Ganesh en est cette année à sa 20e édition. Son gigantisme tranche avec la relative modestie du temple Sri Manicka Vinayakar qui l'organise, logé rue Pajol. Un temple fondé il y a trente ans par des Tamouls ayant fui la guerre civile au Sri Lanka, et arrivés à Paris par la gare du Nord. D'où leur implantation à proximité immédiate.

"Little Jaffna"

"La France a redécouvert la présence hindoue sur son sol à partir des années 1980, grâce aux Tamouls justement et à leur quête de visibilité", analyse le géographe Anthony Goreau-Ponceaud, spécialiste de la mondialisation de l'hindouisme. Combien sont-ils dans l'Hexagone ? Difficile à dire faute de statistiques ethniques ou religieuses, mais le chercheur donne une fourchette large de 75.000 à 150.000 hindous, dont une majorité de Tamouls.

Une vingtaine de temples shivaïtes ou néo-hindous sont actifs rien qu'en Ile-de-France. Quant au quartier de la Chapelle, avec ses près de 200 commerces ethniques, il est surnommé "Little Jaffna", allusion à la capitale des Tamouls sri-lankais.

"La fête de Ganesh donne lieu aussi à un tourisme "diasporique": beaucoup de Tamouls d'Allemagne ou de Suisse, par exemple, viennent à Paris à ce moment-là", note l'universitaire.

"Ganesh sort du temple pour apporter la protection à la population", souligne Vellagenane Mannadin, l'un des responsables du lieu de culte. Indienne du Sud installée en France depuis 35 ans, fille de prêtre brahmane, Savithri Venkataraman "ne manque cette fête pour rien au monde, sauf quand (elle est) en Inde".

"C'est un lieu où il y a une telle force dans la prière ! Je me dis : maintenant tu es consolée, tu as vu Ganesh", explique-t-elle après avoir traduit du tamoul une parole jaillissant du cortège: "Louange à Ganesh, victoire à Ganesh !"

Présente dans la foule, Isabelle Legros, quadragénaire parisienne maquillée d'un bindi (point) jaune au front, n'est pas hindoue, mais a cette religion "dans (son) coeur", dit-elle. "Je vais souvent au temple le dimanche, mais le défilé, c'est une première. C'est assez folklorique par rapport à d'habitude, mais c'est sympa".

"Avec ces tissus, ces odeurs, c'est une expérience très sensorielle. Ces processions ont un aspect performatif, qui en font des spectacles qu'on peut presque vider de leur dimension religieuse, un peu comme le nouvel an chinois", estime l'anthropologue Christine Moliner, spécialiste de l'Asie du Sud. Autant culturelle que cultuelle, la fête parisienne de Ganesh n'a pas fini de séduire.

La Croix, 30/8/15

Les inégalités de salaires, une clé du succès allemand

Le large éventail des rémunérations permet à la fois d’être compétitif et d’attirer les talents.

COMPÉTITIVITÉ

L’Allemagne pratique une politique salariale parmi les plus inégales d’Europe. C’est précisément une des clés de sa compétitivité. « En Allemagne, beaucoup de salariés gagnent très peu. Ce qui permet aux entreprises de contenir leurs coûts. En même temps, les travailleurs très qualifiés sont très bien rémunérés, notamment dans l’industrie, qui se veut haut de gamme. Ce qui permet au pays d’attirer et de conserver les talents », explique au Figaro Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie (organisme dépendant de Matignon), à l’occasion de la publication d’une étude sur les salaires des deux côtés du Rhin.

Rôle égalisateur du smic 

Depuis les années 1990, et encore plus depuis les années 2000, ces inégalités se sont creusées par le bas en Allemagne. À l’origine de ce phénomène : l’érosion du pouvoir syndical et les réformes entreprises par le chancelier Schröder, qui ont notamment assoupli la réglementation des « mini-jobs ». Pour autant, l’Allemagne compte à peine plus de « travailleurs pauvres » - dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du niveau de vie médian - que la France. Car outre-Rhin, les mécanismes de solidarité et le système de redistribution viennent compenser plutôt efficacement la faiblesse des salaires. « Avec l’arrivée du smic en Allemagne depuis le 1er janvier 2015, il y aura forcément un effet correctif sur ces inégalités », note Jean Pisani-Ferry.

En France, le schéma est tout autre. Le smic, revalorisé au fil des années, a joué son rôle égalisateur, surtout entre 1995 et 2005. Mais en matière de salaires de milieu de fourchette, les progressions sont médiocres, « ce qui traduit une faible reconnaissance salariale pour les qualifications moyennes », relève France Stratégie. Dans l’Hexagone, décrocher un premier job relève du parcours du combattant (le taux de chômage des jeunes atteint 25 %, contre 7,7 % en Allemagne !) et, une fois en poste, les perspectives d’évolution sont maigres.

« Il y a en France deux jeunesses : l’une surdiplômée, qui s’exporte, et l’autre sous-qualifiée, qui souffre », a déploré jeudi Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne, lors de l’université d’été du Medef, consacrée à la jeunesse. « Il faut briser le tabou du salaire minimum pour les jeunes, a-t-il plaidé, et miser sur l’apprentissage. » Comme en Suisse : « Chez nous, à 15 ans, les deux tiers des jeunes sont en contrat d’apprentissage, de quatre ans en général, avec un diplôme et une carrière à la clé », a répondu, tout sourire, Mauro Dell’Ambrogio, secrétaire d’État suisse à la formation.

La preuve par l’exemple.

dimanche 30 août 2015

L'Inde, le pays où le chômage n'existe pas...

Bienheureux le pays où l'on ne compte pas les chômeurs. Sauf que ne pas disposer de thermomètre n'empêche pas d'avoir la fièvre.


On imagine sans peine à quel point le gouvernement français (et bien d'autres) en rêverait : échapper au traumatisme mensuel des chiffres du chômage parce qu'ils ne sont pas calculés... C'est la situation qui prévaut en Inde où l'on ne connaît pas le taux de chômage et où la question est à peu près absente du discours politique ou médiatique.

En cherchant bien, à dire vrai, on trouve un taux de chômage officiel, calculé... tous les cinq ans sur la base d'une collecte de chiffres à l'échelle du pays, le National Sample Survey. Les derniers chiffres remontent aux douze mois allant de juillet 2009 à juin 2010, et font état d'un taux de chômage pour l'Inde de 3 %. Un chiffre tellement faible que les économistes lui accordent une crédibilité nulle...

L'absence de données sur une composante aussi essentielle s'explique par plusieurs facteurs. « Historiquement, il n'y a eu aucun effort pour collecter ces informations parce que l'on pensait que l'agriculture absorberait toute la main-d'oeuvre », raconte Rajat Kathuria, directeur général du think-tank économique Icrier. Ensuite, dans les économies émergentes les notions d'emploi et de chômage peuvent être brouillées. « Quand il y a une vaste économie informelle, le chômage n'est pas un critère très pertinent, expliquait le vice-président du Plan, Montek Singh Ahluwalia, dans une conférence, on peut très bien continuer à s'occuper de sa ferme ou de sa boutique alors que son revenu s'est effondré. » Une idée exprimée un peu différemment par l'économiste Rajiv Kumar, ancien secrétaire général de l'organisation patronale Ficci : « Il y a une vieille plaisanterie : en Inde, personne n'a suffisamment de moyens pour se permettre d'être au chômage ! » En l'absence de toute indemnisation, quand il faut nourrir sa famille, on trouve toujours un job occasionnel, aussi misérable soit-il, si bien que l'oisiveté totale est rare. Troisième raison, enfin : la complexité de la collecte des données dans un immense pays de 1,2 milliard d'habitants. Il n'en demeure pas moins que l'indisponibilité de mesure fiable « est une honte pour les économistes, je plaide coupable ! », lance Rajiv Kumar, pour qui cette absence est d'autant plus dramatique que l'emploi « est le plus gros problème auquel nous sommes confrontés ! ».

La réalité du terrain est en effet très éloignée du plein-emploi. Le vrai problème, affirme Denis Medvedev, économiste de la Banque mondiale à Delhi, « c'est le sous-emploi qui est très élevé : les gens travaillent-ils assez d'heures ? Gagnent-ils un revenu suffisant ? » Les anecdotes abondent sur le chômage réel : tel économiste évoque les innombrables hommes assis à ne rien faire dans les rues des petites villes et des villages; tel autre raconte comment des instituts de formation en province engagent des diplômés de l'université comme enseignants pour 4.000 roupies par mois (56 euros), parce que ces jeunes ne trouvent rien d'autre. Le mois dernier, le recrutement de 1.500 employés par SBI, plus grosse banque du pays, a suscité 1,7 million de candidatures... Au total, il y aurait donc bien un très gros problème de sous-emploi dans le pays, que l'on peut aussi appréhender via l'énorme proportion de travailleurs « indépendants », évaluée à 51 % du total par la Banque mondiale.

A défaut de chiffres sur le chômage, ceux sur les créations d'emplois ne laissent pas d'être inquiétants. Une étude du think-tank Institute of Applied Manpower Research affirme qu'après avoir créé 60 millions d'emplois entre 2000 et 2005, l'économie indienne n'en a plus créé que 2,8 millions entre 2005 et 2010. Soulignant que la chute des effectifs dans l'agriculture (normale au stade de développement de l'Inde) a été entièrement absorbée par la construction (emplois précaires et sans qualification), l'institut estime que, a contrario, l'industrie a détruit 5 millions d'emplois entre 2005 et 2010 après en avoir créé 12 millions les cinq années précédentes. Ce qui amène l'IAMR à affirmer que « la croissance phénoménale enregistrée par l'Inde durant les cinq dernières années (2005-2010) a été une croissance sans emploi ».

Le caractère très spectaculaire de ces chiffres conduit certains économistes à douter de leur fiabilité, mais pas de la réalité des tendances. Le « Rapport sur l'économie » établi par le ministère des Finances déplore que « trop de grandes entreprises profitables préfèrent utiliser du personnel temporaire ou des machines plutôt que des salariés formés pour des emplois à long terme ». De fait, les grandes entreprises ne cessent d'augmenter la proportion de leur personnel intérimaire ne bénéficiant d'aucune prestation sociale, par opposition aux salariés de plein exercice. Résultat : 93 % des Indiens qui travaillent le font dans un cadre « informel », c'est-à-dire sans assurance santé, retraite ou autre. Ce qui s'expliquerait notamment par des lois sociales extraordinairement protectrices pour ceux qui ont la chance de bénéficier d'un statut : par exemple, aucune entreprise de plus de 100 salariés ne peut effectuer un licenciement sans l'autorisation de l'administration, ce qui relève de la mission impossible.

Nombre d'experts estiment que d'ores et déjà le taux réel de chômage est peut-être de l'ordre de 20 %. Or la population indienne continue à augmenter et ce sont 10 à 12 millions de nouveaux emplois qu'il faudra créer chaque année, un million par mois... Et si l'Inde n'y parvient pas ? « On dit souvent que les Indiens se satisfont de peu mais c'est une vision romantique, affirme Rajat Kathuria. Les attentes sont aussi fortes ici qu'ailleurs. J'ai peur de ce qui peut se passer. » Pas une si bonne idée que ça, l'absence de thermomètre...


Les points à retenir
En Inde, les derniers chiffres officiels disponibles remontent à 2009-2010, et font état d'un taux de chômage de 3 %, tellement faible que les économistes ne lui accordent aucune crédibilité.
Une étude récente affirme qu'après avoir créé 60 millions d'emplois entre 2000 et 2005, l'économie indienne n'en a plus créé que 2,8 millions les cinq années suivantes.
Nombre d'experts estiment que d'ores et déjà, le taux réel de chômage est de l'ordre de 20 %.

CORRESPONDANT À NEW DELHI PATRICK DE JACQUELOT 

LES ECHOS | LE 23/04/2013

Couleurs de l’Inde, l’épicerie «made in India» unique à Lille


Ils regorgent d’épices, de fruits tropicaux ou de légumes colorés. Leurs vendeurs partagent volontiers recettes et astuces pour vous faire voyager. Nous profitons de l’été pour vous faire découvrir quelques-uns de ces magasins exotiques de la métropole lilloise. Aujourd’hui, une épicerie indienne à Lille...


Le lieu est modeste, mais bien achalandé. Les dieux Shiva et Ganesh veillent sur les différentes sortes de thé, les boîtes d’encens et les dizaines d’épices rangées sur les étagères. « On a de tout, de quoi cuisiner, faire des cadeaux, se maquiller… », assure le gérant de la boutique, également propriétaire du restaurant Saveurs de l’Inde situé rue Solférino. Komalsingh, qui se définit comme « Mauricien d’origine indienne, de Jaipur, mais de nationalité française », a ouvert la boutique il y a huit mois : « Les clients me demandaient souvent où ils pouvaient trouver des épices, du thé, etc. Ça m’a fait tilt. Je me suis dit, pourquoi pas ouvrir une épicerie ? »

Lille3000, la raison du succès

Le Lillois retourne souvent en Inde pour réapprovisionner son magasin en vêtements, bijoux ou cosmétiques. Avec la volonté de proposer des produits « made in India » : « Déjà dans mon restaurant, tout est fait maison. C’est pareil pour la boutique. » Sa clientèle, à 80 % française, vient aussi pour les conseils avisés de ses vendeurs : « C’est incroyable, je ne m’attendais pas à avoir autant de clients amateurs de cuisine indienne. De temps en temps, quelqu’un vient en me disant j’ai envie de faire une grillade tandoori, comment faut faire ? On est là aussi pour expliquer. J’ai également pas mal d’étudiants indiens qui achètent surtout les produits prêts à manger parce qu’ils n’ont souvent pas le temps de cuisiner. »

À quand l’institut de beauté ?

Le succès, Komalsingh le doit, selon lui, à la saison culturelle Bombaysers de Lille3000, en 2006-2007 : « Je me souviens, il y avait des éléphants devant la gare et pendant plusieurs mois, il y a eu des manifestations qui ont donné envie aux Lillois de découvrir l’Inde. » Alors il s’est donné pour mission de proposer « quelque chose de bien ». Pour info, son épouse fait aussi des tatouages au henné et des épilations au fil, sur rendez-vous. À quand l’institut de beauté ?

234, rue Gambetta. Tél. : 03 62 14 15 07.
Ouvert de 11 h à 19 h du lundi au samedi et de 10 h 30 à 14 h 30 le dimanche.

L.V.D.N. le 29/08/2015

vendredi 21 août 2015

Comment choisir sa mutuelle étudiante

Chaque rentrée, c’est la même rengaine. Sur leur feuille d’inscription universitaire, les étudiants doivent choisir leur affiliation à un organisme de sécurité sociale. En général, deux possibilités s’offrent à eux : cocher la case de La Mutuelle des étudiants (LMDE), présente au niveau national, ou celle d’un de ses concurrents régionaux, regroupés pour dix d’entre eux dans le réseau emeVia (MEP dans le sud-est, Smeba en Bretagne ou Smerag dans les départements d’outre-mer par exemple). Sur les campus, c’est la foire d’empoigne. Les représentants de ces mutuelles, jamais à court d’arguments, font tout pour recruter les nouveaux arrivants. Dès lors, comment distinguer les qualités et les désavantages de ces différents organismes ?

Stand de La Mutuelle des étudiants, en septembre 2006.

Des résultats décevants

Dire que les mutuelles étudiantes sont mal aimées est une litote. Dans une enquête menée au premier semestre 2014, l’UFC Que-choisir pointe de « graves dysfonctionnements » dans la gestion de ces organismes de santé. Des conclusions semblables à leur précédente étude de 2012 et au rapport de la Cour des comptes de 2013. Sur les 273 témoignages d’étudiants recueillis, 65 % signalent des difficultés et retards de remboursements de leurs frais de santé, si importants qu’ils ont même convaincu 17,4 % d’entre eux de « renoncer à se soigner ». Une situation à laquelle s’ajoute la confusion, puisque six étudiants sur dix (61,2 %) avouent ne pas comprendre le rôle des mutuelles et la compétition qu’elles se livrent pour une même mission de service public.

La même cotisation pour tous

Tout d’abord, il est important de rappeler que tous les étudiants inscrits dans un établissement du supérieur (1,7 million) doivent être affiliés au régime obligatoire de la sécurité sociale. L’affiliation se fait par l’intermédiaire du dossier d’inscription, et le coût de la cotisation annuelle, fixé par l’Etat, est le même pour toutes les mutuelles, soit 215 euros en 2015. Cependant, certains régimes spéciaux existent. Les étudiants en dessous de 20 ans, boursiers ou dont les parents ont une situation professionnelle particulière (indépendants, diplomates etc.) peuvent être exemptés de cotisation. Les étudiants-salariés qui travaillent plus de soixante heures par mois ou cent vingt heures par trimestre sont aussi concernés. Un principe qui s’applique de la même manière pour les taux de remboursement des soins. Ils restent les mêmes, peu importe la mutuelle à laquelle l’étudiant est affilié.

Les bouquets d’offres complémentaires

C’est donc sur la qualité de service et les offres complémentaires que les mutuelles se distinguent. La LMDE possède cinq gammes de complémentaires santé. Elles vont de Coups durs LMDE, la moins chère, qui à 78 euros par année, couvre les soins urgents ; jusqu’à Optimum forfaits LMDE, la plus chère, à 645 euros par année, qui vous autorise une chambre particulière en hôpital et la prise en charge de vos lunettes et lentilles de contact. A titre d’exemple, en région parisienne, la Smerep propose trois mutuelles « phares » : l’Indispensable à 89 euros par an, la Médiane à 324 euros par an et la Totale à 588 euros par an.

Une qualité de service insatisfaisante

Concernant la qualité de service, la Cour des comptes comme l’UFC Que-choisir estiment les prestations de service médiocres, autant pour la LMDE que pour le réseau emeVia ; même si une légère préférence semble se dégager pour le second. Dans l’étude de l’association de consommateurs, 59 % des plaintes enregistrées concernent la LMDE et 12 % les mutuelles régionales. Les critiques principales que formulent les étudiants sont des retards dans la distribution des cartes vitales, dans le remboursement des frais, des attentes de plusieurs heures en agence et de grandes difficultés pour entrer en contact téléphonique. « La LMDE a un taux de réponse beaucoup plus faible que les autres organismes, explique Mathieu Escot, responsable des études à l’UFC Que-choisir. Sa situation est particulièrement dégradée du fait de ses difficultés financières énormes. »

Du changement dans l’air

Placée sous sauvegarde judiciaire le 9 février, la LMDE accuse depuis plusieurs années de lourds problèmes de gestion. Mais l’horizon de ses 920 000 affiliés devrait s’éclaircir dès la rentrée prochaine. En vertu d’un accord signé avec la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) le 28 mai, celle-ci prendra en charge dès septembre son régime obligatoire de sécurité sociale. Romain Boix, représentant des délégués de la LMDE, assure qu’avec ce changement de taille « la LMDE va gagner en efficacité et se dégager de la plupart de ses difficultés ». Les salariés de la LMDE pourront ainsi « se concentrer sur ses qualités : prévention, accompagnement des étudiants et complémentaires santé, poursuit-il, alors que le back-office sera géré par le personnel de la CNAM ».


Implantation nationale contre régionale

Dernière différence de taille à relever avant de faire son choix : la LMDE est une structure nationale, ce qui signifie que l’on trouve ses agences sur tout le territoire français. Un argument en faveur des étudiants particulièrement mobiles. « C’est une facilité que ne peut pas offrir le réseau emeVia et les autres mutuelles régionales », soutient Romain Boix. Un avis que ne partage pas Annie Coutarel, directrice générale de la Smerep qui assure que « les transferts de dossiers d’une mutuelle régionale à une autre sont très simples. Ils sont faits électroniquement en moins d’une semaine dès l’inscription de l’étudiant dans son nouvel établissement.»

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Le Monde.fr,  06.08.2015

Etudier à Paris coûterait presque deux fois plus cher qu’à Brest

Côté budget, mieux vaut étudier à Brest qu’à Paris ou encore Lyon, à en croire l’Union nationale des étudiants de France (UNEF). Le syndicat, proche du Parti socialiste, a complété son bilan du coût de la prochaine rentrée universitaire en dévoilant, lundi 17 août, le classement des villes les plus onéreuses du pays.




L’organisation étudiante offre une estimation chiffrée des frais mensuels, considérant les transports, le logement, mais aussi un socle de dépenses courantes – identiques cette fois pour toutes les localités – de 330 euros.

Sans surprise, la capitale arrive en tête de la liste. En moyenne, un étudiant parisien doit débourser chaque mois près de 1 125 euros, avance l’UNEF. A Lyon, il faut compter quelque 840 euros, contre 680 euros à Brest, située en queue du classement. Le prix du loyer est la principale variable expliquant ces écarts. Ce poste de dépense passe de simple à plus du double entre la pointe du Finistère (320 euros) et la Ville Lumière (800 euros). A noter que Paris est l’une des seules villes, avec Tours, à offrir des chèques-logement – 900 euros par an pour les boursiers.


Inquiétudes sur l’évolution de la situation

La somme dépensée pour les transports varie quant à elle du simple au triple entre Toulouse (moins de 8,50 euros par mois) et Brest (près de 28 euros). En Ile de France, l’abonnement mensuel revient aussi à quelque 28 euros. « De plus en plus de villes universitaires disent qu’il faudra augmenter les tarifs », déplore le président de l’UNEF, inquiet des conséquences de la réforme territoriale.

Car une des ambitions de ce classement est de mettre en lumière « l’impact des aides des villes et des collectivités sur la vie étudiante ». Aujourd’hui, elles atteignent 28,50 euros par mois à Paris, mais sont nulles à Marseille, Strasbourg, Rennes, Dijon et Brest. Les jeunes suivant un cursus universitaire à Lyon, Grenoble, Toulouse, Bordeaux et Paris peuvent en outre bénéficier de chèques-loisirs pour un montant minimal de 100 euros par an.

Enfin, douze villes sur vingt prévoient des chèques-santé pour les boursiers – jusqu’à près de 375 euros à Clermont. Un coup de pouce non négligeable, car l’UNEF estime que 20 % des étudiants n’ont pas de complémentaire santé.

Le syndicat a fait part de ses « inquiétudes » sur l’évolution de cette situation dans les années à venir avec la baisse des subventions aux collectivités locales : « [S]es répercussions commencent déjà à se faire sentir. » Selon l’enquête de l’UNEF publiée vendredi, le coût de la vie étudiante aurait fait un bond de 8,4 % depuis 2012.


Le Monde.fr, 17.08.2015

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jeudi 20 août 2015

Comment obtenir une aide au logement quand on est étudiant ?

Chaque année, le logement représente la première dépense dans le budget des étudiants. Selon les données du syndicat étudiant UNEF, en 2014, celui-ci accaparait plus de la moitié de la totalité de leurs dépenses. Un coût qui se révèle particulièrement élevé pour ceux qui souhaitent suivre leurs études à Paris ou en Ile-de-France (jusqu’à 65 % pour un étudiant de Saint-Denis). Afin de pallier ce gouffre financier différentes aides au logement existent.













Les aides au logement de la CAF

Si vos revenus répondent aux critères requis, vous pouvez bénéficier du soutien financier de la Caisse des allocations familiales (CAF), qui se décline en trois aides non cumulables. Par ordre de priorité, l’aide personnalisée au logement (APL), l’allocation de logement familiale (ALF) et l’allocation de logement sociale (ALS).

En 2014, 856 191 étudiants ont bénéficié de l’une de ces trois allocations. L’ALS, dont le but est de réduire le montant du loyer en en finançant une partie, est de loin l’aide qui concerne le plus grand nombre de personnes, avec 726 091 étudiants bénéficiaires, suivie de l’APL, qui en concerne 120 411. Cette dernière est destinée aux locataires d’un logement conventionné par l’Etat, tel que les résidences universitaires et les habitations à loyer modéré (HLM). A l’inverse de l’ALS, L’APL est directement versée au propriétaire, qui déduit son montant du loyer. Quant à l’ALF, elle ne concerne que peu d’étudiants, puisqu’elle s’adresse aux locataires mariés ou qui ont la charge d’une personne (enfant ou autre).

Avant de pouvoir bénéficier des aides de la CAF, il faut s’assurer de son éligibilité.

Les critères sont les suivants :
être ressortissant français ou posséder un droit au séjour en cours de validité ;
être titulaire de son bail. Autrement dit, que celui-ci soit à votre nom ;
le logement doit être situé sur le territoire français ;
il doit respecter des normes de sécurité et de santé : disposer d’une arrivée d’eau chaude, de l’électricité, d’un moyen de chauffage, d’un évier et de toilettes. La surface est aussi réglementée : 9 m2 au minimum si vous vivez seul, 16 m2 à deux ;
le propriétaire ne doit pas avoir de lien de parenté avec vous ou votre conjoint ;
avoir des ressources (salaire, pension alimentaire, bourse et autres revenus imposables) inférieures à un certain montant. Celui-ci varie en fonction de critères comme vos ressources, le prix du loyer, le lieu de votre logement. Le site Internet de la CAF propose un simulateur permettant d’évaluer le montant auquel vous pouvez prétendre.

Ces conditions remplies, votre demande peut être effectuée directement en ligne à cette adresse.

Les avances Loca-pass pour les étudiants boursiers ou salariés

L’avance Loca-pass s’adresse aux étudiants boursiers et aux jeunes de moins de 30 ans en formation professionnelle, en CDD ou en stage de trois mois au minimum. Ces derniers peuvent bénéficier d’un prêt à taux zéro (2 300 euros maximum) pour financer le dépôt de garantie qu’exigent les propriétaires lors de la signature d’un bail.

Pour recevoir cette aide, il suffit d’en faire la demande auprès de l’organisme Action logement, autrefois baptisée « 1 % logement », dont la principale mission consiste à aider les salariés du privé dans leur parcours résidentiel. Celui-ci peut vous prêter jusqu’à 500 euros, que vous devrez ensuite rembourser à hauteur de 20 euros par mois minimum.

Les jeunes de moins de 30 ans qui comptent s’installer dans une résidence universitaire ou une HLM peuvent également demander une garantie Loca-pass, toujours auprès du même organisme. Action logement s’engage à prendre en charge, pendant neuf mois maximum, le paiement de votre loyer (2 000 euros par mois maximum) si vous rencontrez des difficultés financières passagères. Bien évidemment, vous serez tenu de rembourser vos dettes en cas d’impayés.

La caution locative étudiante pour les étudiants sans garant

Les étudiants français ou étrangers qui n’ont pas de parents ni de connaissances pouvant se porter garants ont la possibilité depuis 2013 de se tourner vers la caution locative étudiante (CLE). Ce dispositif, géré par les Crous, remplace la caution familiale ou bancaire exigée lors de la signature d’un bail par une caution de l’Etat. Le montant de l’aide peut atteindre 700 euros par mois. En contrepartie, l’étudiant doit verser à la CLE, un montant équivalent à 1,5 % de son loyer. Le dispositif ne s’adresse pas à tout le monde. Pour en bénéficier, il faut avoir moins de 28 ans et s’assurer que le montant de son loyer ne dépasse pas 500 euros en province et 600 euros en Ile-de-France, afin de « privilégier une offre abordable ».


L’aide parisienne au logement

Depuis 2012, la Ville de Paris offre un chèque de 900 euros aux étudiants boursiers qui viennent de s’installer dans un logement de la capitale, autre que ceux proposés par les résidences universitaires. Ce montant doit leur permettre de s’équiper en mobilier et en électroménager. Pour bénéficier de la prestation, il suffit de remplir le dossier de l’AILE (aide à l’installation dans un logement pour les étudiants) et de l’accompagner d’une copie du bail à son nom, d’un justificatif de domicile et d’un relevé d’identité bancaire.
Le Monde.fr, 19.08.2015 

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jeudi 13 août 2015

La majorité des emplois vacants sont dans les TPE

Sur les 138.900 emplois vacants recensés fin 2013, 75.700 se situaient dans des très petites entreprises. Qu’ils soient en CDI, en CDD ou saisonniers, les postes fraîchement créés, inoccupés ou bientôt libres se trouvaient, à la fin de l’année 2013, en majorité dans les très petites entreprises (TPE), selon une étude du ministère du Travail (Dares).

Fin 2013, 138.900 emplois vacants France, petites, moyennes grandes entreprises secteur concurrentiel, étude ministère Travail.

Ces dernières, qui emploient moins de dix personnes, ne représentent pourtant que 20 % de l’emploi salarié. Sur les 138.900 emplois vacants dans le secteur concurrentiel au quatrième trimestre 2013, les entreprises de 1 à 9 salariés en concentraient 75.700, soit 54,5 % du total. Au total, le taux d’emplois vacants était de 2,4 % dans les TPE, « presque cinq fois plus que les entreprises de 10 salariés ou plus (0,5 %) ».

La raison serait démographique : environ un million de TPE existent en France, contre quelques 200.000 entreprises de plus de dix salariés, selon la Dares. Dans les moyennes et grandes entreprises, pour lesquelles des données pour le quatrième trimestre 2014 sont disponibles, le taux d’emplois vacants varie entre 0,3 et 1 % selon la taille. Au total, dans les entreprises de plus de 10 salariés le taux d’emplois vacants était de 0,6 % à la fin de l’année 2014, soit 72.800 postes à pourvoir, en légère augmentation par rapport à l’année précédente (+0,1 point).

Cette petite hausse succède à trois années consécutives de baisse. Ces « postes à pourvoir », ne doivent pas être confondus avec les « postes non pourvus », qui illustrent les difficultés de recrutement des employeurs et font régulièrement l’objet de polémiques en cette période de chômage de masse.

Les emplois vacants, recensés par le ministère du Travail dans cette enquête, sont« une photographie à un instant T des emplois prêts à être pourvus », explique Hadrien Clouet, doctorant au Centre de sociologie des organisations. Fin 2013, 138.900 emplois étaient vacants en France, dans les petites, moyennes et grandes entreprises du secteur concurrentiel, selon une étude du ministère du Travail. - Shutterstock 8/13/2015

Comme le souligne la Dares, ce stock de postes à pourvoir à un moment donné « peut résulter du fonctionnement normal du marché du travail » et il « ne correspond pas à la baisse du chômage que l’on pourrait obtenir en pourvoyant tous les emplois non pourvus ». Les difficultés de recrutement des entreprises sont quant à elles assez difficiles à évaluer. 

En 2013, le Conseil d’orientation pour l’emploi les avait estimées à près d’un million : 570.000 offres mettraient plus de trois mois à être pourvues et 400.000 seraient retirées au bout d’un an, faute de candidat idéal. ­ 

Les Echos, 12/08/15

vendredi 7 août 2015

Décathlon va implanter des magasins grand public en Inde

Décathlon est déjà présent en Inde à travers le commerce de gros. Grâce à l'assouplissement de la réglementation, la marque vient d'obtenir le feu vert de l'administration indienne pour ouvrir des magasins de détail.



Déjà présent en Chine, où il compte une cinquantaine de points de vente, Décathlon, le géant européen de la distribution d'articles de sport, s'apprête à intensifier sa présence en Asie, cette fois en Inde. Le Foreign Investment Promotion Board, organisme chargé de donner son feu vert aux investissements étrangers dans ce pays, s'est réuni la semaine dernière avec, à l'ordre du jour, quatre dossiers de distributeurs étrangers monomarques, dont trois français.

Tous ont été acceptés, marquant une nette accélération de l'arrivée des distributeurs internationaux depuis l'assouplissement récent de la réglementation. Le gouvernement indien les autorise désormais à détenir 100 % de leur filiale en Inde, au lieu des 51 % maximaux qui prévalaient jusqu'à l'année dernière.


A lire également :


100 millions d'investissement

Le dossier le plus significatif à avoir reçu un feu vert est donc celui de Décathlon. Le FIPB a accepté son projet d'ouverture de magasins pour le grand public, pour un montant d'investissement substantiel, de l'ordre de 100 millions d'euros. Le groupe, filiale de l'Association familiale Mulliez (AFM), n'est pas un nouvel arrivant en Inde. Décathlon mène en effet depuis quelques années une implantation progressive. Ne voulant pas ouvrir son activité à un partenaire indien, il a, pour se faire, choisi la seule voie alors ouverte aux étrangers pour détenir 100 % de leur société en Inde : le commerce de gros, dit « cash & carry ».
Dans ce cadre, Décathlon a ouvert trois magasins, deux à Bangalore et, plus récemment, un à Bombay, accessibles aux commerçants détaillants, aux collectivités, ou encore aux entreprises. Le feu vert de l'administration indienne lui permettra de détenir également 100 % de ses futurs magasins monomarques. Le projet de Décathlon est de loin le plus important depuis le feu vert donné fin janvier au distributeur de meubles suédois Ikea, qui prévoit, lui, 1,5 milliard d'euros d'investissements dans les années à venir.

A savoir :

Promod ouvrira une qinzaine de boutiques en Inde

Du fait de la nouvelle réglementation, « tout le monde dans la distribution monomarque se sent pousser des ailes », constate Sumit Khosla, spécialiste de la distribution au sein de la société de conseil Accuracy. Une situation qui contraste avec le secteur de la grande distribution multimarque, où aucun projet n'a été déposé depuis que l'entrée des opérateurs étrangers dans des entreprises détenues à 51 % y a été autorisée, en septembre dernier. Dans la foulée de sa décision sur Décathlon, le FIPB a autorisé l'entrée en Inde de la marque de vêtements Promod. Celle-ci veut investir 4,5 millions d'euros pour ouvrir une quinzaine de boutiques dans un premier temps. L'enseigne a préféré conserver le modèle traditionnel de la coentreprise et détiendra 51 % des opérations aux côtés de la société indienne Modex Trading. Enfin, le troisième projet français approuvé est celui du fabricant de matériel de cuisine haut de gamme Le Creuset, qui contrôlera totalement son activité en Inde.

Les Echos, 07/2013

dimanche 2 août 2015

RH : comment les entreprises devraient gérer le choc des générations X,Y et Z




Le cabinet de recrutement Hudson publie une étude sur la confrontation des générations X,Y, Z dans le monde du travail. Et délivre quelques conseils aux entreprises qui devraient, selon lui, se préparer à un nouveau style de dirigeants.
Demain, les entreprises seront confrontées à quatre générations ensemble.

A chacune sa liste de clichés. Les babyboomers, nés entre 1946 et 1964, seraient "persuasifs, extravertis et décideurs" tandis que la génération Y, née entre 1980 et 1994, serait peu travailleuse et égoïste. Quant à la pauvre génération X (1965-1979), elle est sacrifiée, tout autant que les Z (nés après 1994) qui arrivent tout juste parfois sur le marché du travail. Après avoir sondé 28.000 professionnels dans le monde, le cabinet Hudson en tire quelques conseils à l'égard des entreprises souvent confrontées aux quatre générations.

Un nouveau style de management

Pour Hudson, les styles de management de ces générations sont très différents. Les baby-boomers sont imbattables pour diriger et donner la bonne direction aux équipes. A l'opposé, les Y ont une perception différente de l'entreprise et sont plus enclins à persuader qu'à diriger. Dans unenvironnement volatil et incertain, ils sont moins tournés vers la stratégie que leurs aînés. Pour eux, il y a moins de frontières entre le privé et le professionnel. Les X apparaissent, eux, comme ambitieux et prenant en compte progressivement les enjeux humains et sociaux. Dans ce paysage, Hudson encourage les DRH à faire travailler les générations ensemble et à avoir en tête les qualités de chaque génération lors des recrutements.

LSA, le 29/01/15

Le hipster est mort, vive le yuccie !

Adieu le hispter, déjà dépassé, c’est le yuccie qui entre sur le devant de la scène. Issue de la génération Y, ce jeune urbain créatif hante les grandes métropoles : créatif, il n’en oublie pas pour autant sa carrière.

Le yuccie est le nouveau né de la génération Y, créatif il veut faire carrière dans ce qui l'intéresse.


Dernier né de la génération Y : le yuccie. Entre le hipster et le yuppie des années 80, cet être hybride qui vit dans les quartiers gentrifiés des grandes métropoles, compte gagner sa vie en poursuivant ses rêves. C’est David Infante, un auteur du site Mashable, qui en a dépeint le portrait dans un article du 9 juin 2015. "26 ans, auteur vivant à Brooklyn, hétéro blanc, avec un vélo à pignon fixe, il a étudié l’art à l’université et surtout il a des idées." Le portrait-robot du yuccie est dressé, et les grandes villes en regorgent de milliers.

Après une enfance confortable et de bonnes études, le yuccie, qui appartient nécessairement à la génération Y (né entre les années 80 et 2000), a commencé à travailler dans la finance ou le droit. Mais voilà, d’après David Infante, "transcendé par le pouvoir de l’éducation, et infecté par la conviction qu’il ne doit pas seulement poursuivre ses rêves, mais aussi en tirer un profit", le yuccie rêve de devenir riche mais en conservant son autonomie créative. Le yuccie, c’est cet ex-trader qui a créé un festival de musique, ou cet avocat qui tient une brasserie artisanale. D’après une étude de l’université de Bentley réalisée en 2014, 66% des "millennals", c’est-à-dire les personnes nées entre 1980 et 2000, ont pour objectif de monter leur propre business.

La publicité déjà en retard ?

A mi-chemin entre le hipster et le yuppie, d’après le sociologue Richard Barbrook, le yuccie est "une fusion bizarre de l’esprit bohémien de San Francisco et des industries high tech de la Silicon Valley". L’arrivée de ce nouveau venu ringardise le hipster. Son épaisse barbe et ses tatouages ont déjà été trop vus. Récupéré par la publicité, presque démodé, parce que plus assez rare, il est devenu mainstream !

CHARLÈNE LERMITE,
L.S.A., le 09/07/2015

samedi 1 août 2015

Avant 2022, les Indiens seront 1,4 milliard, plus nombreux que les Chinois

Dans moins de sept ans, la population de l’Inde devrait dépasser celle de la Chine. Beaucoup plus tôt que prévu. Selon le nouveau rapport des Nations unies, « Perspectives de la population mondiale : révision 2015 », publié mercredi 29 juillet, la Chine et l’Inde aujourd’hui au coude-à-coude avec respectivement 1,38 milliard et 1,31 milliard d’habitants (soit 19 % et 18 % de la population mondiale) devraient l’une et l’autre compter avant 2022 1,4 milliard d’individus.



Mais, passé ce cap, la population chinoise devrait se stabiliser jusqu’en 2030 avant de se mettre doucement à décliner, pour retomber à 1 milliard à la fin du siècle, tandis que la population indienne continuera de croître, passant à 1,5 milliard en 2030 à 1,7 milliard en 2050 et à 1,65 milliard en 2100.

A la fin du siècle, la population planétaire franchira les 11 milliards. Elle devrait atteindre 11,2 milliards d’individus, soit 300 millions de plus que le projetaient en 2012 les démographes de l’ONU, qui ont une nouvelle fois été contraints de revoir à la hausse leurs prévisions.


Cette réévaluation s’explique notamment par les progrès « significatifs »enregistrés sur l’espérance de vie au cours des dernières années, et ce, insistent les démographes, dans toutes les régions du monde. Les gains les plus importants ont été enregistrés en Afrique, où l’espérance de vie s’est accrue de six ans au cours de la dernière décennie.

« Les progrès réalisés dans la lutte contre le sida et en matière de réduction de la mortalité infantile expliquent cette progression », relève François Pelletier, responsable de la division population du département affaires économiques et sociales de l’ONU, qui a réalisé le rapport. « C’est un progrès en termes de mortalité. Face à cette évolution, un des défis va être d’ajuster les systèmes de santé, car les maladies non infectieuses [cancer, maladies cardio-vasculaires, diabète…] ne demandent pas les mêmes soins que les maladies infectieuses », souligne-t-il.

Une croissance ralentie au niveau mondial

Si la croissance de la population mondiale se poursuit, son rythme se ralentit, constatent néanmoins les démographes de l’ONU. De 1,84 % il y a dix ans, sa progression annuelle n’est plus « que » de 1,18 %, soit de 83 millions de personnes par an. De 7,3 milliards en 2015, elle devrait cependant encore gagner au cours des quinze prochaines années plus d’un milliard d’individus, pour atteindre 8,5 milliards en 2030, puis s’élever à 9,7 milliards en 2050 et à 11,2 milliards en 2100.

Le rythme de croissance de la population mondiale dépendra étroitement de l’évolution de la fécondité, soulignent les démographes de l’ONU, qui tablent sur une baisse de celle-ci, y compris en Afrique, constatant qu’elle a déjà reculé ces dernières années dans pratiquement toutes les régions du monde. De 4,7 enfants par femme aujourd’hui, le taux de fécondité sur le continent africain devrait tomber à 3,1 en 2050, et à 2,2 d’ici à la fin du siècle.


En dépit de ce recul attendu de la fécondité, plus de la moitié de la croissance de la population mondiale d’ici à 2050 devrait concerner l’Afrique. Au milieu du siècle, la population du Nigeria devrait dépasser celle des Etats-Unis (388,8 millions), avec 398,5 millions d’habitants, faisant de ce pays la troisième nation la plus peuplée de la planète. L’Angola, le Burundi, la République du Congo, le Malawi, le Mali, le Niger, la Somalie, l’Ouganda, la Tanzanie et la Zambie pourraient, eux, d’ici à 2100, voir leur population quintupler.

A l’opposé, l’Europe est la seule région de la planète qui connaîtra un recul – continu – de sa population. Aujourd’hui sous le seuil de renouvellement des générations (2,1 enfants par femme) dans bien des pays du continent, le taux de fécondité européen devrait se redresser, en passant de 1,6 enfant par femme en moyenne en 2015 à 1,8 enfant par femme en 2050, mais cela n’empêchera pas la baisse de sa population.

LE MONDE, 29.07.2015