Dans moins de sept ans, la population de l’Inde devrait dépasser celle de la Chine. Beaucoup plus tôt que prévu. Selon le nouveau rapport des Nations unies, « Perspectives de la population mondiale : révision 2015 », publié mercredi 29 juillet, la Chine et l’Inde aujourd’hui au coude-à-coude avec respectivement 1,38 milliard et 1,31 milliard d’habitants (soit 19 % et 18 % de la population mondiale) devraient l’une et l’autre compter avant 2022 1,4 milliard d’individus.

Mais, passé ce cap, la population chinoise devrait se stabiliser jusqu’en 2030 avant de se mettre doucement à décliner, pour retomber à 1 milliard à la fin du siècle, tandis que la population indienne continuera de croître, passant à 1,5 milliard en 2030 à 1,7 milliard en 2050 et à 1,65 milliard en 2100.
A la fin du siècle, la population planétaire franchira les 11 milliards. Elle devrait atteindre 11,2 milliards d’individus, soit 300 millions de plus que le projetaient en 2012 les démographes de l’ONU, qui ont une nouvelle fois été contraints de revoir à la hausse leurs prévisions.
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Cette réévaluation s’explique notamment par les progrès « significatifs »enregistrés sur l’espérance de vie au cours des dernières années, et ce, insistent les démographes, dans toutes les régions du monde. Les gains les plus importants ont été enregistrés en Afrique, où l’espérance de vie s’est accrue de six ans au cours de la dernière décennie.
« Les progrès réalisés dans la lutte contre le sida et en matière de réduction de la mortalité infantile expliquent cette progression », relève François Pelletier, responsable de la division population du département affaires économiques et sociales de l’ONU, qui a réalisé le rapport. « C’est un progrès en termes de mortalité. Face à cette évolution, un des défis va être d’ajuster les systèmes de santé, car les maladies non infectieuses [cancer, maladies cardio-vasculaires, diabète…] ne demandent pas les mêmes soins que les maladies infectieuses », souligne-t-il.
Une croissance ralentie au niveau mondial
Si la croissance de la population mondiale se poursuit, son rythme se ralentit, constatent néanmoins les démographes de l’ONU. De 1,84 % il y a dix ans, sa progression annuelle n’est plus « que » de 1,18 %, soit de 83 millions de personnes par an. De 7,3 milliards en 2015, elle devrait cependant encore gagner au cours des quinze prochaines années plus d’un milliard d’individus, pour atteindre 8,5 milliards en 2030, puis s’élever à 9,7 milliards en 2050 et à 11,2 milliards en 2100.
Le rythme de croissance de la population mondiale dépendra étroitement de l’évolution de la fécondité, soulignent les démographes de l’ONU, qui tablent sur une baisse de celle-ci, y compris en Afrique, constatant qu’elle a déjà reculé ces dernières années dans pratiquement toutes les régions du monde. De 4,7 enfants par femme aujourd’hui, le taux de fécondité sur le continent africain devrait tomber à 3,1 en 2050, et à 2,2 d’ici à la fin du siècle.

En dépit de ce recul attendu de la fécondité, plus de la moitié de la croissance de la population mondiale d’ici à 2050 devrait concerner l’Afrique. Au milieu du siècle, la population du Nigeria devrait dépasser celle des Etats-Unis (388,8 millions), avec 398,5 millions d’habitants, faisant de ce pays la troisième nation la plus peuplée de la planète. L’Angola, le Burundi, la République du Congo, le Malawi, le Mali, le Niger, la Somalie, l’Ouganda, la Tanzanie et la Zambie pourraient, eux, d’ici à 2100, voir leur population quintupler.
A l’opposé, l’Europe est la seule région de la planète qui connaîtra un recul – continu – de sa population. Aujourd’hui sous le seuil de renouvellement des générations (2,1 enfants par femme) dans bien des pays du continent, le taux de fécondité européen devrait se redresser, en passant de 1,6 enfant par femme en moyenne en 2015 à 1,8 enfant par femme en 2050, mais cela n’empêchera pas la baisse de sa population.
LE MONDE, 29.07.2015
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