lundi 31 août 2015

Après le trou d'air du printemps, une reprise modérée se dessine à nouveau

Le moral des chefs d'entreprise est au plus haut depuis quatre ans. De quoi rassurer Bercy après la croissance zéro du deuxième trimestre.



Les patrons retrouvent le moral.

Calculé par l'Insee, qui interroge chaque mois 10.000 chefs d'entreprise sur leur ressenti de la conjoncture économique, le climat des affaires se situe à 100 points en août, c'est-à-dire exactement à sa moyenne de long terme.
En clair, les patrons commencent à voir l'avenir un peu plus rose qu'avant. Certes, l'amélioration est faible - l'indice de l'Insee n'a progressé que de 1 point en un mois - et « la barre des 100 points n'est pas un chiffre magique, c'est un seuil statistique », souligne Benoît Heitz, économiste à la Société Générale. Mais la dynamique, elle, reste positive. Le climat des affaires a grimpé de 6 points depuis le début de l'année et atteint désormais son plus haut depuis l'été 2011.

Plus en détail, la confiance des industriels est désormais bien installée au-dessus de sa moyenne de long terme, à 103 points. La baisse du prix du pétrole et la reprise chez nos voisins européens expliquent cet optimisme. Les chefs d'entreprises industrielles voient que leurs carnets de commandes se remplissent et jugent que les perspectives de production sont désormais favorables. Dans le commerce de détail aussi, le moral est bon, tiré, là encore, par la progression du pouvoir d'achat des ménages. Même dans les services, les chefs d'entreprise ne dépriment plus. Seuls les patrons du bâtiment broient encore du noir.

« L'enquête de l'Insee conforte l'idée que la croissance nulle au deuxième trimestre n'était qu'un trou d'air », estime Jean-Baptiste Pethe, économiste chez Exane BNP Paribas. Selon une récente étude du Trésor, un niveau de 100 pour le climat des affaires correspond à une croissance du PIB de 0,35 % en moyenne par trimestre, soit un peu plus de 1 % en rythme annuel. D'ailleurs, le ministre des Finances, Michel Sapin, a vu dans ces enquêtes la preuve que « la reprise se diffuse dans l'économie ». Cet indicateur « conforte notre prévision de croissance de 1 % en 2015, avec des créations d'emplois qui redémarrent progressivement », estime-t-il.

Une amélioration fragile

Comment expliquer ce retour d'optimisme chez les chefs d'entreprise ? « La reprise s'affermit en zone euro, même si elle reste fragile », note Benoît Heitz. « Ensuite, la baisse du prix des matières premières en général, et du pétrole en particulier, est positive pour l'activité. Elle va redonner du pouvoir d'achat aux ménages et permettre aux entreprises de baisser leurs coûts. Enfin, la baisse des prélèvements sur les entreprises est aussi bénéfique. Les meilleures perspectives de demande et l'amélioration des conditions de l'offre permettent d'anticiper une reprise, qui restera toutefois modeste », poursuit-il.

L'ampleur de la reprise fait encore débat. Interrogés par l'Insee, les industriels ont indiqué avoir revu à la baisse leurs investissements. Ceux-ci devraient progresser de seulement 2 %, contre 7 % de hausse attendus en avril dernier. Or, l'investissement doit prendre le relais de la consommation pour tirer l'activité lors des prochains trimestres. C'est la preuve que l'amélioration de la conjoncture reste fragile.

Les Echos, 28/08/15

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