mercredi 6 août 2014

Pauvreté et inégalités augmentent depuis la crise

En 2011, 14,3 % des Français vivaient sous le seuil de pauvreté. La pauvreté progresse tout particulièrement chez les actifs.


Pauvreté et inégalités augmentent depuis la crise

Les inégalités sont, depuis la crise économique de 2008, au cœur du débat économique. Et, même si, en France, le problème n’est pas aussi criant qu’aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, une étude de l’Insee est venue rappeler hier que l’Hexagone ne peut s’exonérer de toute interrogation sur le phénomène. Car, indéniablement, la France connaît, comme la plupart de ses voisins, une hausse des inégalités de niveau de vie. Si le niveau de vie médian n’a pas bougé entre 2010 et 2011 (la dernière année disponible pour les statistiques), l’écart entre le niveau de vie des 10 % des ménages les plus riches et celui des 10 % des plus pauvres n’a cessé de s’accroître depuis 2008. En 2011, les 10 % les plus aisés ont vu leur niveau de vie grimper de 2,1 % tandis que les 10 % les plus pauvres ont vu le leur baisser de 0,8 %.

Le niveau de vie est un concept qui permet de comparer les revenus disponibles – salaires, retraites, prestations sociales et revenus du patrimoine moins impôts directs – des ménages de composition différente en estimant que des économies d’échelle peuvent être réalisées quand le ménage compte plusieurs personnes.

La hausse des inégalités est encore plus criante quand on s’intéresse au centile des plus riches de la population, la quasi-totalité de ces ménages touchant des revenus de leur patrimoine. « La masse des très hauts revenus progresse de 4,5 % en moyenne en 2011, après + 4,6 % en 2010. Près des deux tiers de cette hausse s’expliquent par celle des revenus du patrimoine », note l’Insee.
De plus en plus difficile de s’extraire de la pauvreté

Parallèlement, « l’augmentation de la pauvreté est continue depuis 2008 », malgré le système français de redistribution, pointe l’institut statistique. «  En 2011, 14,3 % de la population française étaient pauvres, ce qui correspond à 8,7 millions de personnes », souligne Jérôme Accardo, de l’Insee. Un ménage est considéré comme pauvre quand son revenu disponible (toujours modulé selon le nombre de personnes) représente moins de 60 % du niveau de vie médian (1.630 euros par mois pour un célibataire), soit 978 euros par mois pour un célibataire en 2011.

« La hausse de la pauvreté a été particulièrement marquée chez les personnes actives, chômeurs et personnes en emploi. Cette progression des pauvres chez les gens exerçant un emploi n’est pas une spécificité française, mais la hausse, comparativement aux autres pays européens, est marquée en France », affirme Jérôme Accardo. En 2011, 8 % des Français occupant un emploi étaient considérés comme pauvres, soit une hausse de 0,5 point en un an alors que la pauvreté a reculé chez les retraités.

Mais la pauvreté n’est pas un état stagnant. Heureusement, certaines personnes en sortent. Malheureusement, d’autres y entrent. Ainsi, « 18 % des Français ont connu la pauvreté en 2010 et 2011 », indique Simon Beck, de l’Insee. Mais, poursuit-il, « de moins en moins de personnes réussissent à sortir de la pauvreté ». Près d’un tiers des personnes qui tombent dans cette trappe à pauvreté y restent au moins trois ans et la difficulté de s’en extraire augmente avec le nombre d’années passées dans la pauvreté. « Passé trois années, les différences sociales s’estompent », affirme Simon Beck. En clair, si les cadres et les professions intermédiaires sortent en moyenne plus vite de la pauvreté que les ouvriers et les inactifs, après trois ans, la probabilité de s’en extraire est faible et est peu ou prou la même pour tout le monde. Dans la grande pauvreté, tout le monde est égal…


Les Echos, 2/07/14

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