lundi 5 août 2013

Apéro, grève, capote… La France expliquée aux étudiants étrangers


Bizarrement, les mots les plus connus des étudiants étrangers qui choisissent la France ne figurent pas dans l'abécédaire que vient de sortir CampusFrance. Le petit guide de l'agence publique chargée de promouvoir l'enseignement supérieur français ne contient, en effet, ni le mot « circulaire » ni le mot « Guéant »...

« Cette circulaire a été abrogée, comme le ministre d'ailleurs... », plaisante-t-on à CampusFrance. Expulsée, donc, la « circulaire Guéant ». Mais l'« Abécédaire de la vie quotidienne et étudiante en France » contient bien d'autres mots. Pour la première fois, en effet, CampusFrance donne aux étudiants étrangers qui s'installent en France la définition - en français et en anglais - de ceux qu'ils entendront le plus souvent pendant leur séjour.

D'abord, il y a ceux qui feront partie intégrante de leurs études. On y trouve «Partiel.

Examen de fin de semestre d’une unité d'enseignement . End-of-semester examination in a given course » ou « Polys. Polycopies des cours magistraux. Course packs. Photocopied materials to accompany lecture courses. Assembled by the professor and sold as a study aid. » Grandes écoles ou notation. TD ou tronc commun.

Et puis, les étudiants seront frappés par l'exotisme français en découvrant le «volapuk Ednat », la langue de l'éducation nationale : ADM, PRES, QCM, SCUIO, DEUST, IUT, MESR, ATER, SMPPS (et SIUMPPS), APL, ALS...

Ils apprendront aussi à mettre un mot sur certains maux : facture, clope, bizutage, dépistage, découvert (bancaire), laverie, piston, dépassement d'honoraire, amende, sida, boui-boui, contrôle des billets de transport...

Surtout, l'abécédaire de CampusFrance est une modeste mais efficace introduction aux petites choses de la vie en France. Certains mots leur mettront l'eau à la bouche. En découvrant, par exemple, qu'ils peuvent prendre un croissant ou de labaguette beurrée à la terrasse d'un bistro. Ils découvriront qu'en France, on ne mâche pas ses mots. Ce qui pourrait bien les empêcher d'utiliser leur carte Imagin'Rpour rejoindre la fac pour peu que les syndicats de fonctionnaires n'appellent à lagrève, bloquent les services publics et le RER.

Mais ils apprendront qu'en France tout finit en chansons, qu'il s'agisse de la fête de la musique ou d'un festival. Et tout s'arrête pour une bonne RTT ou l'apéro au café- « un important lieu de vie sociale française avec certains connus dans le monde entier (Le Flore, le Dôme, Le café de la Paix...). Seul ou en groupe, tous les moments de la journée peuvent se prêter à y faire une pause. » Le café, surtout s'il estgermanopratin, est l'occasion de casser la croûte d'un jambon-beurre, garanti sans OGM, avec un peu de fromage et un verre de vin. On apprendra à cette occasion que « La France compte plus de 3000 vins différents, regroupés en 1 500 dénominations, chacune appartenant à l'une des 450 appellations et 800 domaines existants. Les cépages français ne sont plus des cépages ancestraux, suite à l’épidémie de phylloxera de 1880, ce sont les greffes des vignes américaines résistantes à la maladie, qui permirent de reconstituer le vignoble français dévasté ». En revanche, il n'est pas rappelé qu'il faut boire avec modération...

Quoi qu'il en soit, la terrasse d'un café est toujours préférable au périlleux détour par le resto'U, sauf à finir la journée au CHU plutôt que dans sa chambre de bonne.

Bien entendu, l'Abécédaire ne fait pas l'impasse sur la principale raison qui justifie le choix des étudiants étrangers : la France est le pays de l'amour. Et, le moment venu, ils ne seront pas surpris en entendant le mot capote dans la bouche de leur partenaire. Mais si le X trouve une place dans le guide de CampusFrance, c'est pour évoquer l'Ecole Polytechnique, bien sûr.

Benoît Floc'h
Source : Le grand Amphi
http://enseignementsup.blog.lemonde.fr/

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