jeudi 1 octobre 2015

Baisse des taux d’intérêt en Inde pour soutenir la croissance

C’est une décision que New Delhi attendait avec impatience. La Reserve Bank of India (RBI, banque centrale) a baissé, mardi 29 septembre, son taux d’intérêt directeur, pour la quatrième fois cette année. « Une reprise économique hésitante est en cours, qui est encore loin d’être robuste », a justifié le gouverneur de l’institution, Raghuram Rajan, dans sa déclaration de politique monétaire. L’institut monétaire justifie également sa décision par celle de la Réserve fédérale américaine (Fed), en septembre, de retarderla hausse de ses taux d’intérêt directeurs.

L’analyse des indicateurs sur les fronts de l’inflation, du niveau de précipitations lors de la mousson, et de la conjoncture économique internationale a conduit à cette baisse des taux, plus importante que prévue. En effet, la RBI a réduit le loyer de l’argent d’un demi point à 6,75 % quand les marchés tablaient plutôt sur une baisse d’un quart de point. Le principal argument de la banque centrale indienne est donc à chercher du côté des prix. L’inflation a été contenue au ­dessous du seuil jugé acceptable des 4 % en août, grâce notamment aux faibles cours du pétrole brut dont l’Inde est nette importatrice, et ne devrait pas dépasser les 6 % d’ici le mois de janvier.

Le risque de la valse des étiquettes écarté, la RBI disposait donc d’une marge de manœuvre importante pour abaisser son taux d’intérêt directeur et espérer doper encore un peu plus la croissance de l’économie Indienne, encore fragile, qui demeure tout de même la plus élevée parmi les pays émergents. Le produit intérieur brut (PIB) indien a fléchi au deuxième trimestre à 7 % contre 7,5 % le trimestre précédent. Soulagement du gouvernement Dans sa déclaration de politique monétaire, la banque centrale précise que « la croissance globale est plus modérée, particulièrement dans les économies de marché émergentes » et que « le commerce mondial s’est encore détérioré. »

L’Inde espère donc compenser la baisse de ses exportations par une hausse de la demande domestique, via la baisse des taux d’intérêt. « Nous devons recommencer à investir . Les investissements des entreprises ont été faibles », a souligné M. Rajan. L’annonce de la baisse des taux a été accueillie avec soulagement par le gouvernement Indien. « Elle va accélérer les investissements et la croissance », a déclaré le ministre des finances , Arun Jaitley. A la mi­ septembre, ce dernier avait exhorté le gouverneur de la banque centrale à baisser ses taux, au prétexte que « l’inflation était sous contrôle. » Il était même question que New Delhi mette en place un « comité monétaire », sous son autorité, pour superviser les activités de la banque centrale, menaçant par là même son indépendance, avant qu’il n’y renonce finalement.

Désormais le gouvernement et la RBI partagent le même objectif : la relance de la croissance, avant la lutte contre l’inflation. Siddharth Nath Singh, l’un des dirigeants du Bharatiya Janta Party, le parti au pouvoir , estime que la baisse des taux d’intérêt va « aider les rêves de beaucoup de devenir propriétaires de leurs maisons » et favoriser la relance du secteur de l’immobilier 

Les milieux d’affaire ont aussi salué cette décision et l’indice phare de la Bourse de Bombay, le Sensex, a terminé en hausse en fin de journée. La baisse des taux va enfin faciliter la tâche du premier ministre indien, Narendra Modi, qui tente de convaincre les grands groupes du pays d’augmenter leurs investissements, malgré leur niveau élevé d’endettement. Ce sont surtout les investissements étrangers qui ont augmenté en 2014, avec une hausse de près de 49 %.

Le Monde.fr le 30.09.2015

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