lundi 20 octobre 2014

Des pauvres de plus en plus pauvres

En 2012, la pauvreté a reculé en France, selon l'Insee [1] : on est passé de 8,7 millions de pauvres à 8,5 millions (14 % de la population). Ce n'est cependant une bonne nouvelle qu'en apparence, car cette baisse s'explique par de mauvaises raisons.

La pauvreté se mesure en effet par rapport au revenu médian, celui qui partage la population en deux moitiés. En France comme dans les autres pays de l'Union européenne, le seuil de pauvreté est fixé à 60 % de ce revenu médian. Une personne proche de ce seuil entrera ou sortira de la pauvreté d'une année sur l'autre en fonction, non seulement de l'évolution de son propre niveau de vie, mais aussi de l'écart entre celui-ci et le revenu médian. Or, entre 2011 et 2012, ce revenu médian a baissé, passant de 1 662 euros par mois à 1 645 euros. Le seuil de pauvreté a du coup, lui aussi, diminué de 997 euros par mois en 2011 à 987 euros en 2012. C'est la raison pour laquelle, le nombre de personnes considérées comme pauvres a reculé.

Parallèlement, l'Insee relève cependant aussi une "intensification de la pauvreté", autrement dit, les pauvres sont devenus encore plus pauvres. En 2012, la moitié des personnes pauvres vivait avec moins de 784 euros par mois, contre 806 euros en 2011. Cette situation touche particulièrement les familles monoparentales. Elle s'explique par la dégradation du marché du travail mais aussi par le fait que les prestations sociales ont augmenté moins vite que l'inflation au cours de ces années.

Comme le relève l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale [2], ces dispositifs qui garantissent l'accès aux services et aux biens essentiels restent pourtant primordiaux. Même s'ils ne suffisent pas à écarter le risque d'irréversibilité de la pauvreté, qui constitue aujourd'hui la menace majeure de rupture du lien social.

Céline Mouzon
Alternatives Economiques n° 339 - octobre 2014
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