vendredi 5 décembre 2014

Quel régime de sécurité sociale étudiante choisir ?

Une foire d'empoigne. L'expression revient régulièrement pour qualifier la guerre que La mutuelle des étudiants (LMDE) et le réseau regroupant ses onze concurrentes régionales (Smerep en Ile-de-France, MEP en région PACA, Smeba en Bretagne…) se livrent sur les campus pendant leur campagne de recrutement. Chacune redouble d'arguments pour discréditer l'autre.

Au final, les jeunes ne s'y retrouvent plus. Selon une enquête en ligne menée en 2012 par l'association des consommateurs UFC-Que choisir auprès de 837 étudiants, seuls 39 % d'entre eux comprennent précisément le rôle des mutuelles étudiantes. Le Monde se propose donc de faire le point. Quel est le régime de sécurité sociale le plus efficace des deux ?

Régime obligatoire à partir de 20 ans

Il faut d'abord rappeler que les jeunes inscrits dans un établissement d'enseignement supérieur doivent obligatoirement (sauf rares exceptions) s'affilier au régime étudiant de la sécurité sociale à partir de 20 ans. Seuls deux organismes existent : la LMDE et le réseau emeVia, qui regroupe les onze mutuelles régionales. Vous êtes donc obligé de faire un choix entre les deux.
Mêmes tarifs

Leurs tarifs, fixés par l'Etat, sont exactement les mêmes. En 2014-2015, le montant de la cotisation pour adhérer à l'une ou l'autre est de 213 euros par an (les étudiants boursiers en sont exonérés). Elles appliquent également les mêmes taux de remboursement. A titre d'exemple, un étudiant qui se rend dans un laboratoire pour faire une prise de sang sera remboursé à 60 %, qu'il soit affilié à la LMDE ou à une mutuelle régionale.
Médiocre qualité des services

La différence se joue plutôt sur la qualité des services. Si l'on se fie aux rapports issus de la Cour des comptes, du Sénat et de l'UFC-Que choisir, ni l'une ni l'autre ne donnent satisfaction. Dans un document publié le 30 janvier, l'Union fédérale des consommateurs dénonce un système vétuste et affreusement lent.

A titre d'exemple, un tiers des étudiants attendraient encore leur carte vitale trois mois après en avoir fait la demande. L'association réclame la suppression des deux mutuelles, afin que les jeunes puissent s'affilier, comme toutes les autres catégories de la population, au régime général de sécurité sociale.
Les mutuelles régionales plus facilement joignables 


L'UFC-Que choisir reconnaît néanmoins avoir une légère préférence pour le réseau emeVia. Selon l'association, les agents des mutuelles régionales sont plus faciles à joindre. Ils répondent dans 80 % des cas alors que la LMDE ne traite que 45 % des appels. « Mais ces chiffres datent de 2012. Ils ont probablement changé depuis », prévient Mathieu Escot, responsable adjoint aux études. « La situation s'est améliorée entre-temps », confirme le directeur de développement de LMDE Frédéric Sauvage. « Nos agents décrochent au moins sept fois sur dix », assure-t-il. Un pourcentage encore faible. « Nous n'avons qu'un seul centre de contact en France et celui-ci connaît un important turn-over », admet M. Sauvage.

Crise financière de la LMDE

La LMDE traverse également une période financière difficile. Elle a été placée sous administration provisoire le 3 juillet. Lors de sa campagne de recrutement d'étudiants, les équipes de la Smerep en ont profité pour faire croire aux adhérents de la LMDE qu'ils risquaient de ne pas être remboursés.


« C'est absolument faux, prévient M. Sauvage. Il n'y a aucun risque de non remboursement », martèle-t-il. Mathieu Escot de l'UFC-Que choisir confirme : « Même si la LMDE faisait faillite, scénario d'ailleurs peu probable, l'Etat rembourserait de toute façon les étudiants, éventuellement avec un peu de retard. »
Plus grande visibilité de la LMDE

Seul bon point pour la LMDE : son statut d'organisme national lui confère une meilleure visibilité et simplifie les démarches. Autrement dit, un jeune affilié à la LMDE qui déménage n'est pas obligé d'en informer sa mutuelle. A l'inverse, l'étudiant affilié à emeVia qui habite Paris et décide de s'installer à Marseille, devra quitter la Smerep pour rejoindre la MEP. « Le transfert du dossier d'une agence à l'autre est très facile, il se fait presque de façon automatique », assure le président d'emeVia Ahmed Hegazy.
Des complémentaires facultatives

Quant aux complémentaires santé – facultatives – que proposent les deux mutuelles, elles sont difficiles à comparer. « Mais si vous avez le choix, restez sur celle de vos parents, les tarifs familles sont plus intéressants », conclut Mathieu Escot. Selon lui, cette solution permet de faire au moins 20 % d'économie. 

Le Monde.fr -  22/08/2014

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