mercredi 2 septembre 2015

Inde : la pression s'accentue sur Narendra Modi

Les résultats économiques ne sont pas à la hauteur des attentes. Le PIB au deuxième trimestre affiche + 7 %.

Les espoirs dont était porteur Narendra Modi lors de son accession au pouvoir il y a quinze mois s'estompent peu à peu. Le Premier ministre n'arrive pas à traduire dans les chiffres sa promesse d'une accélération de la croissance permettant la création de millions d'emplois dans l'industrie manufacturière. Et ce, malgré la modification apportée dans le calcul du PIB qui mécaniquement le réhausse de 1,5 point.

Avec + 7 % de croissance au deuxième trimestre, après + 7,5 % de janvier à mars, les chiffres publiés lundi par le bureau des statistiques traduisent un léger ralentissement de l'économie. Et déçoivent les analystes qui tablaient sur une performance presque équivalente d'un trimestre sur l'autre. « Les résultats publiés ne sont pas cohérents avec un certain nombre d'indicateurs », estime Shilan Shah, économiste de Capital Economics. « Un tel résultat montre qu'il n'y a pas d'accélération dans les secteurs clefs de l'économie », avance pour sa part Madan Sabnavis, économiste de Care Ratings, regrettant que « la hausse des dépenses publiques qui devait donner un coup d'accélérateur ne se retrouve pas dans les chiffres ».
Devant la Chine

L'Inde peut toujours se targuer d'être devant la Chine en termes de croissance. La troisième économie asiatique devrait en effet voir son PIB accélérer de 7,5 % cette année alors que la Chine devrait se contenter de 6,8 % selon le FMI. New Delhi devrait faire également mieux que les pays émergents (+ 4,2 %) ou bien sûr que les pays développés (+ 3,3 %). Mais les risques d'essoufflement sont réels si les réformes tardent à venir.

Les entreprises continuent de dénoncer des obstacles à leur croissance et l'entourage du Premier ministre aimerait voir la banque centrale accélérer le rythme des baisses de taux. Lors de sa réunion d'août, l'institut d'émission a refusé de bouger son taux de base toujours fixé à 7,25 %. Surtout, les réformes-clefs que Narendra Modi voulait faire adopter lors de la session d'été du Parlement ont été à nouveau recalées. Cette session « a été plutôt non productive », estime Pranjul Bhandari, économiste de HSBC Securities. Ainsi, le Premier ministre vient de faire marche arrière sur la réforme agraire sous la pression des lobbies agricoles. A l'origine de la grogne du monde paysan, celui-ci voulait faciliter les acquisitions de terres à des fins d'investissements. Gêné par des affaires de corruption qui le bloquent au Parlement, Narendra Modi voit à présent la pression s'accentuer sur lui, la population lui reprochant de plus en plus son immobilisme.

Cette situation intervient alors que de violentes manifestations viennent de se dérouler dans le Gujarat, l'Etat dont il est issu. Ces violences qui ont fait 9 morts et de nombreux dégâts sonnent comme un autre avertissement pour le pouvoir. Même si les causes sont différentes.

Les Echos, 1/09/2015

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